Pardonne-moi.

Chapitre 21

 Les jours passent mais l'état de Manon ne s'améliore pas. Ses crises d'angoisse sont toujours présentes et plus les minutes passent, plus elle sent son corps la lâcher. Elle se sent faible, incapable de réaliser la moindre tâche, même la plus petite qu'elle soit. Antoine s'inquiète énormément pour elle, de plus en plus. Sa joie de vivre légendaire et son énergie débordante laissent place à une grande fatigue et une tristesse à n'en plus finir. Pourtant, le jeune sportif fait des efforts, chaque jour, pour lui redonner goût à la vie mais rien ne fonctionne. La cuisine, les promenades, les jeux vidéos, les soirées télé. Toutes les activités simples qu'elle adorait avant ne plus donne plus envie et lorsqu'il insiste un peu, Manon s'énerve, partant au quart de tour comme si Antoine avait réellement fait quelque chose de mal. Il se sent perdu, se sachant réellement plus quoi faire ni quoi dire pour aider celle qu'il aime.

Le jeune footballeur termine son entraînement avec ses coéquipiers. Il le sait, il n'a pas été bon. Pourtant, il essaie de faire de son mieux mais aujourd'hui, c'était compliqué. Son esprit était ailleurs. Il pensait bien trop à Manon pour se concentrer sur le football. Il doit tout faire pour ne pas que cela se reproduise. Samuel, son coéquipier mais aussi ami, s'installe à côté de lui.

- Ça ne va pas mec ? Lui demande-t-il.

- Si, ça va.

- Ça fait 10 minutes que tu tripotes les lacets de tes baskets. Tu n'as même pas rigoler pendant l'entraînement.

Antoine baisse la tête. Il ne peut visiblement pas faire semblant. Samuel a raison. Habituellement, il sourit toujours à l'entraînement. Toujours heureux de jouer au football, en prenant énormément de plaisir à s'entraîner, à faire ce qu'il aime. Lorsqu'il n'est pas heureux, cela se voit. Beaucoup trop peut-être. Il se dit que c'est sûrement une chance qu'il a qu'un ami lui demande ce qu'il se passe dans sa tête. Samuel n'aura probablement pas les réponses à ses questions, il n'aura pas les conseils qu'il faut mais un avis extérieur peut lui faire du bien. Antoine ne voit sûrement pas tout. Il y a forcément des gestes, des signes qu'il n'observe pas correctement. Il se dit qu'avec l'avis de Samuel, il pourrait peut-être aider Manon d'une autre manière.

- C'est Manon, commence Antoine. Elle ne va vraiment pas bien.

- Elle est toujours triste ? Après, c'est normal. Le bébé et sa sœur jumelle. Ça ne doit pas être évident à gérer.

- C'est pire de jour en jour. Elle est fatiguée et un manque d'énergie énorme alors qu'elle ne fait plus rien. Elle est vraiment triste et parfois, elle s'énerve d'un coup. Des fois pour rien. Elle se dévalorise. Elle me fait énormément de peine à se rabaisser comme elle le fait. C'est comme si sans ce bébé et sans sa sœur, elle n'était plus rien. Tu la verrais, elle est mauvaise avec elle-même. Elle ne s'alimente presque plus et par conséquent, elle perd du poids et pas qu'un peu. Je t'avoue que je m'inquiète. Par moment, j'ai même peur qu'elle veuille en finir.

- En finir ? À ce point ?

- Tu verrais son regard. Il est rempli de tristesse mais surtout, tu l'entendrais parler. Elle ne s'aime pas. Ses propos sont cruels envers elle. J'ai vraiment peur.

- Elle pleure souvent ?

- Forcément.

- Non mais je veux dire, elle pleure sans raison ?

- Comment ça ?

- Est-ce que parfois, quand elle mange par exemple, elle se met à pleurer ? Ou quand elle parle ?

- Non, jamais. Elle pleure quand ça ne va pas. C'est souvent mais pas de manière comme ça. Elle m'en parle. Elle me parle du bébé, de Margot quand elle pleure. Enfin, elle essaie. Elle fait des crises d'angoisse aussi.