Pardonne-moi.

Chapitre 18

 Le commandant Zoido est ravi ce matin. Il a retrouvé la trace de cet homme mystérieux qui semble être le mac de Margot. Il ne lui a pas fallu longtemps pour venir le voir, lui ordonnant de venir au commissariat pour une enquête. Manon n'avait pas tort : il a un air méchant. Son visage ne lui revient pas. C'est comme si que cet homme avait écrit sur son visage qu'il était tout, sauf quelque de bien. Malheureusement, le commandant sait parfaitement qu'il faut être prudent parce qu'il est possible qu'il se trompe. Il doit rester neutre dans n'importe quelle situation, même lorsque la sœur de la victime est en panique et qu'il faut trouver rapidement le coupable avant qu'elle ne craque totalement.

Depuis la découverte du corps, le commandant a appris que la jeune femme avait été tué sur le coup au niveau de la nuque. Le bulbe rachidien s'est brisé, lui donnant une mort immédiatement, n'ayant pas eu le temps de ressentir la moindre douleur. Ce n'est pas un suicide et ça change tout. Au départ, le commandant pensait qu'elle s'était donnée la mort. Pas de situation amoureuse, plutôt en froid avec sa famille, dispute avec sa sœur. Elle n'avait pas l'air d'avoir une vie de rêve en vendant son corps. Elle connaissait quelques filles qui étaient également prostituées mais pouvait-on parler de copines ? D'amies même ? Il est difficile de juger. Ce genre de tarif est sombre, il cache énormément de choses et parfois, certaines femmes pensent avoir des alliées, des personnes sur elles peuvent compter mais en réalité, cela se passe différemment. Le lien qui les unit est simplement le travail en commun qu'elles font. Il est également compliqué de partir de ce milieu, notamment lorsque le mac décide d'augmenter ses finances. Margot pouvait en avoir marre. Elle aurait pu mettre fin à ses jours, ne pouvant plus continuer cette vie mais la façon dont elle est décédée efface cette hypothèse. Un mac est prêt à tout pour garder une prostituée à ses côtés et lorsqu'il n'y a plus d'issu possible, parfois, la meilleure solution pour eux reste le meurtre. C'est extrêmement fréquent et ils font tout pour masquer le moindre indice à leur sujet, parfois mettant un corps ailleurs, d'autres fois en achetant un coupable. Ce genre d'enquête est complexe à cause de l'argent, à cause des preuves dissipées et malheureusement, cela peut prendre plusieurs mois pour la résoudre, laissant la famille, les proches dans un état de panique, de tristesse, ne pouvant faire le deuil de l'être perdu correctement mais le commandant ne compte pas se ménager, refusant de se laisser distraire par d'autres enquêtes. Celle-ci reste sa priorité.

Une salle petite avec seulement une table de premier prix ainsi que deux chaises l'une en face de l'autre, c'est à cet endroit précis où l'interrogatoire va se dérouler, avec la collègue du commandant, Madame Nina Molina : 10 ans de carrière dans la police mais cette enquête est la première ici, ayant été affecté il y a à peine trois jours. La jeune trentenaire s'installe sur l'une des chaises, juste en face du premier suspect tandis que le commandant reste à l'écart, debout afin de pouvoir observer attentivement les moindres faits et gestes de cet homme. Il sait à quel point le plus petit geste peut compter sur ce genre d'individu. Un homme riche, un homme aussi important dans un milieu sale est protégé, respecté et même si il paraît sûr de lui, les gestes ne mentent pas et encore moins le regard. La moindre déstabilisation peut lui être fatale, raison de plus pour être doublement attentif.

- Monsieur Alonso Machado, commence Nina, où étiez-vous le 28 mars aux alentours de 16h ?

- J'aimerais savoir de quoi on m'accuse, répond-t-il.

Alonso est le genre d'homme à énerver le commandant. Sûr de lui, répondant par une autre question ou répondant à côté afin de faire perdre du temps. Les deux hommes ne s'aiment pas sans vraiment se connaître mais le commandant a l'habitude, il sait qu'il doit garder son calme si il souhaite obtenir les réponses.

- Répondez à la question, ordonne la jeune femme.

- Je ne répondrais qu'en présence de mon avocat.