Chapitre 14

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 Quelques jours sont passés et Margot n'est pas revenue à la maison. Heureusement. J'ai déposé ses affaires à un endroit précis et elle devait aller les récupérer. Je ne souhaitais pas la voir, même pour les rendre ce qui lui appartient. Elle se débrouille toute seule dorénavant et peu importe si elle réussit ou non. Elle est parvenu jusqu'à présent à s'en sortir sans moi, je ne vois pas pourquoi elle échouerait maintenant. Antoine ne me pose aucune question sur son sujet et c'est mieux ainsi. Je ne sais pas réellement mentir, en me posant quelques questions seulement, il pourrait automatiquement deviner le terrible secret. J'ai décidé de préparer une petite surprise pour Antoine. Cela fait bien trop longtemps que nous nous sommes pas retrouvés dans un endroit romantique, à s'accorder du temps pour nous. Entre Margot et le bébé, nous nous sommes quelque peu laissé emporté, nous oubliant. Je lui ai préparé un repas avec tout ce qu'il aime mais il n'est pas question de dîner à la maison, devant la télévision ou juste dans le salon. Nous allons aller dans l'un des parcs de notre adolescence. C'est un endroit assez spécial pour nous. C'est à cet endroit précis où nous nous sommes embrassés pendant de longs mois.

Je l'attends donc dans ce paradis, seule. Personne n'est présent. C'est un coin paumé. Lorsque les passants viennent dans un jardin public, ils ne restent que sur les bancs ou dans l'herbe, ils ne cherchent pas plus loin, ils ne remarquent pas qu'il peut y avoir un endroit merveilleux, avec un petit court d'eau et de nombreux arbres qui nous cachent, rendant ce lieu un peu plus magique. La nappe posée sur le sol, le panier garni à mes côtés, je lève la tête, admirant les rayons du soleil masqués par le feuillage des arbres.

- Devine qui c'est.

Des mains se posent sur mes yeux, couvrant le paysage, ce qui me fait sourire. Il me le faisait tout le temps au début de notre relation.

- Je ne sais pas, dis-je en laissant le suspens s'installer. Sûrement le plus bel homme de la planète.

- T'exagères, rigole-t-il légèrement en s'installant à côté de moi.

- Non presque pas.

J'ouvre le panier et Antoine découvre tout. Il semble vraiment heureux de ce pique-nique de dernière minute. Je pense que ça va nous faire du bien cette soirée. Nous en avons besoin.

- Merci chérie, dit-il. C'est vraiment une bonne idée.

- J'ai toujours de bonnes idées.

- Ça va les chevilles.

- Parfaitement bien.

Il sourit et nous commençons à manger tout en discutant. Je me sens un peu plus sereine. Je sens tout l'amour d'Antoine. Pendant un instant, j'ai l'impression d'oublier Margot, d'oublier ce qu'elle a pu faire. Je crois à un oubli total, à un apaisement. Je ne dis pas que je vais lui pardonner. Il est évident que c'est impossible mais je pense avoir la force nécessaire pour passer à autre chose, laisser derrière moi ce vilain souvenir. Antoine ne voit rien. Je fais tous les efforts possibles afin qu'il ne se doute de rien et je crois que cela fonctionne. Il a un appétit monstre et dévore tout un à un. J'ai l'impression de revoir l'adolescent que j'ai connu autrefois. Il mangeait tellement qu'il finissait mon assiette la plupart du temps.

- Arrête de manger autant, tu en fous partout en plus, me moqué-je.

- Je gère. Regarde comme je suis distingué.

- Vachement distingué. Tu as fait des tâches sur ton tee-shirt.

Il baisse la tête et remarque qu'il y a effectivement deux tâches. Il essaie d'essuyer mais c'est peine perdu.

- Tu es irrécupérable, souris-je.

- Mais c'est pour ça que tu m'aimes.

- Moi ? T'aimer ? Non, tu as dû te tromper.

- Tu pourras dire ce que tu voudras, ton regard te trahira toute ta vie.

Il me sourit, s'approche de moi et m'embrasse. Ses lèvres ont un goût d'amour et de bonheur. Il a raison, je ne pourrais jamais mentir sur les sentiments que je lui porte. Même si je le voudrais, mes gestes, mon regard me tromperont. Je l'aime tellement fort. Il est vraiment l'homme de ma vie et je suppose que mes sentiments se voient.

Antoine se lève brutalement et enlève son tee-shirt. Il se met dans l'eau et m'invite à le rejoindre.

- Tu es complètement fou, reviens là, tu vas attraper froid !

- Viens !

Je lève les yeux au ciel mais après l'insistance d'Antoine, je finis par accepter. Nous nous retrouvons dans l'eau qui nous arrive à mi-hauteur, nous embrassant.

- C'est qu'il commence à prendre de la place, sourit Antoine en posant ses mains sur mon ventre.

- Tu ne diras plus ça quand il m'aurait fait prendre une dizaine de kilos.

- Ce bébé peut t'en faire prendre même cinquante, je t'aimerais toujours autant.

- Cinquante ? Non mais ça ne va pas ! Je refuse !

- Bah quoi, tu serais belle.

- En baleine ? Je ne suis pas sûre.

- Mais si tu as des jumeaux, il faut bien de la place.

- Des jumeaux ? Ah non ! Pas pour le premier. Ça va nous demander beaucoup de boulot tout ça.

- Ok, pas de jumeaux mais je veux d'autres enfants avec toi, m'annonce-t-il en approchant ses lèvres très proches des miennes.

- C'est intéressant. J'accepte.

- Même si j'en veux une dizaine.

- Une dizaine ? m'exclamé-je.

- Tu verrais ta tête ! Se moque Antoine.

- Ce n'est pas drôle ! C'est moi qui les porte quand même.

- J'en veux au moins trois.

- J'accepte monsieur Griezmann mais pour le moment, on va se contenter du premier.

Il porte ses lèvres sur les siennes et nous profitons de cette soirée rien que tous les deux.

Pardonne-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant