Chapitre 10

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 Quelques jours ont passé. Antoine fait un effort surhumain. Il ne dit rien mais je sais qu'il prend sur lui par rapport à Margot. Il aurait sûrement préféré qu'elle retourne à l'hôtel, qu'elle dorme n'importe où mais pas ici. Il a simplement accepté pour moi, pour me faire plaisir et même si il me dit le contraire. Je le connais pas cœur, comme si je l'avais fait comme disait souvent ma grand-mère. Il ne lui fait toujours pas confiance et cela se voit. Heureusement, Margot ne remarque rien, pensant qu'Antoine comme moi, soulagé et rassuré de tout mais ce n'est vraiment pas le cas. Il est plus distant avec elle, moins drôle mais étant donné que Margot ne le connaît pas réellement, elle n'y voit que du feu. J'apprécie l'effort qu'il fait pour moi. C'est une belle preuve d'amour de sa part, prenant sur lui, acceptant la venue d'une personne en qui il n'a visiblement pas confiance. Il sait qu'au fond, je ferais exactement la même chose pour lui.

Nous sommes tous les deux dans la salle de bain, se préparant. Margot est sur le point de sortir, comme à son habitude. Elle sort plus souvent que moi, il est vrai mais je ne lui demande jamais où elle part. Je dois lui faire confiance et étant donné qu'elle n'a plus de travail, je suppose qu'elle est en train d'effectuer des recherches intensives, accumulant les entretiens d'embauche. Des entretiens qui peuvent être stressant, qui peuvent rendre malade certaines personnes, je ne voudrais pas en rajouter une couche en lui demandant où elle va. De plus, cela ne me regarde pas. Margot est adulte, elle va où bon lui semble et même si elle rentre tard le soir, elle n'a jamais fait de bruit à son retour, ne nous dérangeant pas une seule seconde. La porte grande ouverte, elle s'arrête en nous voyant devant le miroir. Nous sommes bien évidemment entièrement habillés.

- Vous êtes trop mignons tous les deux, dit-elle en nous regardant.

Je vois du coin de l'œil Antoine lever les yeux, comme si il était agacé des paroles de Margot. Heureusement, elle ne le voit pas puisque je suis devant lui, le cachant de ma sœur.

- Je peux t'empreinter une paire de chaussures ? Me demande-t-elle.

- Évidemment. Prends celles qui te plaisent.

Je tourne la tête, observant bien Margot partir afin de ne pas parler d'elle lorsqu'elle est là. Je n'aime pas parler dans le dos des autres, encore moins quand il s'agit de ma sœur mais je dois le faire avec Antoine, voulant vraiment savoir ce qu'il lui reproche. Elle n'a jamais été aussi sincère que lorsqu'elle est revenue à la maison. Je l'ai ressenti au plus profond de moi.

- Tu vas arrêter de te méfier d'elle comme ça, chuchoté-je.

- Je fais des efforts, répond Antoine.

- Ce n'est pas faux mais moi, je vois que tu ne lui fais toujours pas confiance.

- Je suis désolé mais je n'y arrive pas. Il y a quelque chose en elle que je ne sens pas, je ne peux l'expliquer.

- Tu te fais des films. Tu sais, les jumeaux ont un lien spécial et je sens justement plus ou moins ce qu'elle peut ressentir. Et quand elle est revenue, j'ai ressenti sa sincérité.

- Je n'ai pas dit qu'elle n'avait pas été sincère la dernière fois. Elle a vraiment pu l'être. Sur ce point là, je ne dis rien mais elle ne nous dit pas tout.

- Elle n'est pas obligée de tout nous dire non plus Antoine. Elle a sa vie. On n'est pas ses parents, si il y a des choses qu'elle veut garder.

- Il y a un sujet auquel nous ne sommes pas revenus mais qui est important.

- Lequel ?

Il ne répond pas, me laissant dans un silence sans fin. Il recule, regardant dans le couloir, comme pour voir si Margot était loin de nous afin de pouvoir continuer cette conversation. Du bruit retentit au loin, confirmant qu'elle était toujours dans cette maison mais éloignée de nous, rassurant Antoine.

Pardonne-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant