Chapitre 9

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 Une femme mûre, faisant une cinquantaine d'années, marquée par la vie qu'elle a dû mener, avec une tenue manquant cruellement de tissus pour cacher certaines parties de son corps qui est aussi ridé que son visage. Ses yeux sont cernés, fatiguée de la vie, fatiguée de souffrir sûrement. Un homme croise son chemin, ce qui l'invite à s'approcher de lui sans savoir si cet inconnu ne lui veut pas de mal et au lieu de lui parler gentiment, de le saluer comme le ferait n'importe quelle personne, elle tire son bandeau, lui servant de haut, montrant ainsi ses seins à la vue de tout le monde. L'homme a regardé, curieux de voir d'autres seins que ceux de sa femme si il en possède vraiment une. La femme aux cheveux blonds décolorés emprunte l'un des mains de ce monsieur, lui déposant sur son sein droit, l'aidant à lui malaxer afin de lui procurer du plaisir. Il sourit, aimant visiblement cela mais passe son chemin malgré tout, sûrement parce qu'un rendez-vous allait lui passer sous le nez.

30 ans. Jeune femme possédant un visage avantageux même sans maquillage, habillée d'une jolie robe, mettant ses formes en valeur. À vue d'œil, elle paraît normale, ni vulgaire, ni provocante, simplement elle. Malheureusement, sa vie l'a trahi. Elle agrippe la cravate d'un homme, l'attirant contre un mur. Cet inconnu semble perdu, n'ayant aucune confiance en lui, jusqu'à n'avoir pratiquement aucune relation avec une quelconque personne. La jeune femme dépose l'une de ses mains sous sa robe, la plaçant au niveau de ses fesses afin qu'il puisse les pincer à sa guise. Son autre main s'attaque à ses seins, les pétrissant comme si c'était une pâte à pain. L'homme prend en charge la suite de l'opération, bien que maladroit et décide de déboutonner son pantalon afin de soulager les pulsions que lui procure la demoiselle en déplaçant sa main, qui était posé auparavant sur ses fesses, sur sa partie intime. La jolie jeune femme se laisse pénétrer devant tous les passants, ne trouvant cela absolument pas choquant.

Deux femmes. L'une doit approcher les 30 ans, des cheveux blonds foncés coupés au carré, un regard sexy et qu'une mini jupe trop petite et d'une paire de talons bien trop haute. La deuxième est bien plus jeune, ce qui est deux fois plus choquant. La fillette n'est pas majeure, elle doit avoir à peine 15 ans. Elle n'a pas l'air à l'aise dans sa tenue légère et ses chaussures de femme, comme si c'était la première fois qu'elle portait ce genre de vêtements. Est-ce une mère et sa fille ? Est-ce une jeune femme avec une petite fille ? Ignorance totale. Elles sont toutes les deux. La plus âgée a les seins à l'air, les montrant à tous les passants, n'hésitant pas à les coller contre certains hommes. Prenant la main de la fillette, elle l'approche d'un homme qui se dirige vers elles. La trentenaire demande à la petite fille de mettre sa main sur la partie intime de cet inconnu. Naïve, la jeune adolescente suit tous les conseils que lui donne visiblement son modèle, jusqu'à l'emmener dans une petite rue où aucun passant n'est présent. L'homme sourit, heureux se s'envoyer en l'air avec une jeunette, sous les yeux de la plus âgée afin de voir si elle fait correctement le travail.

Je suis écœurée en voyant toutes ses scènes sous mes yeux, ne sachant pas si je dois intervenir ou partir en courant. De nombreuses femmes sont là, provocant les passants, notamment les hommes. Certaines femmes acceptent mais c'est bien plus rare. Les femmes n'hésitent pas une seule seconde à retirer leurs vêtements devant tous les passants, offrant à qui le veulent leurs parties intimes pour le plus grand bonheur de quelques inconnus. Elles ne se rendent pas compte du danger. Quelques femmes ont en revanche habillé normalement, sans vulgarité, sans nudité, se mettant sur le côté afin de se différencier, attendant qu'un client s'approche d'elle de leur plein gré. Certains hommes viennent d'eux même, prêts à payer, d'autres avaient l'intention de rien faire mais en voyant les corps dénudés de ses femmes changent finalement d'avis. Il n'y a pas que des femmes mûres, il y en a aussi de très jeunes, trop jeunes pour être dehors. Elles seraient mieux à l'école, ailleurs mais pas ici. Ils s'accouplent devant tout le monde, poussant des gémissements à la portée de n'importe qui, se moquant des rares pervers qui les observent comme si ils souhaitaient partager ce moment sexuel avec eux. Certains vont dans des voitures sur un parking non loin de là ou dans une rue discrète, à l'abri des regards pendant que d'autres se dirigent à l'hôtel Derbul. Peu importe l'endroit du moment que le client paye sa performance. Certaines femmes osent choisir plusieurs clients à la fois, parfois même décident de diminuer le temps de leur prouesse afin d'avoir le plus de clients possibles. Elles ne veulent pas de romantisme, pas de confort et encore moins de tendresse et d'amour, elles souhaitent juste de l'argent. Je ne m'attendais pas à assister à ce genre de scènes même si en y réfléchissant d'un peu plus près, le nom de l'hôtel aurait dû m'interpeller sur les fréquentations de ce quartier. Derbul. Si les lettres étaient installées d'une manière différente, cela donnera Burdel, ce qui signifie en français, hôtel de passe. Cet hôtel n'est pas là pour le tourisme, pour des personnes qui cherchent à dormir. Il est là pour que des prostituées s'envoient en l'air avec leurs clients. Je ne suis pas stupide, je savais, comme tout le monde je pense, qu'il y avait encore des femmes qui vendaient leurs corps mais pas autant et surtout, je ne pensais pas voir ça un jour. C'est humiliant pour elles de se vendre ainsi. De donner autant son corps de la sorte. Elles méritent une vie meilleure, un avenir plus joyeux, persuadée qu'elles font ça uniquement pour l'argent, pour pouvoir vivre. Je ressens une boule au ventre en voyant ce spectacle. Mes yeux veulent se fermer, ne voulant pas observer d'avantage mais mon esprit souhaite en revanche regarder. Non pas que mes pensées sont perverses mais plutôt pour garder un contrôle de mon corps, afin de ne avoir de mauvaises surprises. Certaines hommes pensent que toutes les femmes présentes ici sont des prostituées, ce qui n'est pas le cas. Ma bouche est ouverte, sans vraiment m'en rendre compte, sûrement dû à l'effet de surprise face aux scènes proche de moi. Mon corps tout entier n'est pas comme d'habitude, c'est comme si il ressentait chaque femme, chaque sensation qu'elles possèdent. Il est à la fois compatissant envers ses femmes et dégoûté d'être témoin de la prostitution. Mon esprit essaie de me déconnecter de la réalité mais mes yeux sont lucides. Je comprends très bien ce que je vois mais surtout, je sais parfaitement le dégoût que je peux éprouver actuellement. Comment ne rien ressentir lorsque des femmes proposent leurs corps contre une somme d'argent ? Il est impossible d'être aussi ingrat, de ne rien éprouver hormis les personnes sans cœur, les personnes qui ne s'occupent uniquement de leurs problèmes, se moquant complètement de ce que peuvent endurer certains humains face à la vie. Impossible pour moi d'être indifférente envers ce problème parce que c'est un problème. Aucune femme ne devrait subir ça. Mon cœur se serre, comme si il se tordait dans tous les sens, ce qui me créé une petite douleur, éprouvant les mêmes sentiments de ses femmes. La boule au ventre se déplace afin de finalement se poser au niveau de ma gorge, me gênant énormément. Mes yeux plissés se remplissent de larmes et mon esprit me jouant des tours. Et si j'avais été à leur place ? Si je n'avais pas eu ma vie, comment aurais-je fait pour survivre ? Mes pensées m'imaginent dans une tenue ayant trop peu de tissus, aguichant tous les hommes qui croisent mon chemin. Je secoue ma tête, refusant de concevoir des telles images dans ma tête, aussi fausses soient-elles. C'est face à ce genre de scènes que je me rends compte que nous sommes petits dans ce monde, que tout peut changer du jour au lendemain. Ma respiration en prend un coup, parfois trop rapide, comme les jours où je décide de courir, parfois trop lent, comme si une corde s'était enroulée autour de mon cou pour me couper la respiration. Je me sens comme paralysée face toutes ses sensations, face à cette scène. Incapable de bouger ni même de réagir, comme si c'était trop surhumain pour moi. Mon corps prend du poids au fil des minutes qui passent, à croire qu'il souhaite obtenir tout le malheur qu'éprouve chacune de ses femmes. Je me sens lourde, mes jambes me portant à peine. Ma bouche finit par se fermer, se dessinant en direction du bas. Les passants semblent marcher plus lentement, comme si tout était au ralenti. Je me sens triste. Triste pour elles. Triste d'assister à ce tarif. Triste qu'il n'y a personne capable d'intervenir. Je le pourrais. Je pourrais crier sur cette place, déclarer mon mécontentement mais qui m'écoutera ? Qui prendra le temps d'écouter mes arguments ? Qui décidera d'arrêter ? Personne. Elles vont continuer, même si les policiers arrivent, même si une catastrophe naturelle se produit. Rien ne pourrait les arrêter sauf l'argent. Il n'y a que des billets qui pourrait leur faire changer de vie. Ou tomber amoureuse. Si l'amour vient à elles, elles pourraient modifier leur avenir avec l'élu de leur cœur. Un homme me bouscule, ne m'ayant visiblement pas vu, m'échappant totalement de mes pensées et des sentiments qui parcouraient mon corps, sans prendre le temps de s'excuser. A ce moment là, je décide de rentrer rapidement à la maison, ne voulant plus voir ce spectacle dégouttant.

Pardonne-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant