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Cinquième jour

Koushi décrocha le téléphone avec appréhension. D'ailleurs, les premières minutes de l'appel se firent dans le silence. Koushi observait le lac gelé devant lui, mais son esprit était bien loin.

– Kou ?

– Je.. Salut papa.

– Tu es a Kyushu n'est-ce pas ?

– Hein mais quoi ? Non no-

– Le lac est toujours aussi beau ?

Koushi se calma, un petit sourire prit place sur ses lèvres.

– Ouais. Il est gelé, mais il brille toujours comme avant.

Il savait que c'était dur pour son père : il avait habité là durant plusieurs années, avec sa femme et leur unique enfant. Maintenant, il était loin de tout ça, et seul avec son fils.

– Ton professeur n'avait pas dit que c'était à Kyushu que vous étiez. Mais je sais qu'il n'y a pas trente-six milles endroits avec assez de neige pour vous obliger à rester sur place au moins une semaine.

– Donc en fait tu savais tout.

– A peu près ouais. Et tu comptais ne rien me dire ?

– Je... J'en sais rien. Peut-être que je t'aurais tout dit, mais quand je t'aurais eu en face. Enfin bref...

– Tu as revu Hiroko ?

– Ouais, il y a son mari et ses deux enfants.

– Mari et Yūri c'est ça ? Je me rappelle que son fils faisait du patin aussi.

– Il en fait toujours. Il est plutôt bien classé, et... son entraîneur est Victor.

Il y eut un nouveau silence au bout du fil, Koushi se demanda si c'était une bonne idée d'avoir dit ça. Il entendit finalement son père soupirer, il l'imaginait bien en train de se passer la main dans les cheveux, comme il le faisait quand il était gêné.

– Je vois... Il faut croire qu'il est toujours aussi bon.

– Il est encore meilleur que quand il était petit.

– Et toi ?

– Comment ça moi ? Je fais du volley, et ça me va très bien.

– Est-ce que tu es remonté sur des patins ?

– Non !

– Kou.

– Je... Oui. J'ai amené toute l'équipe à la patinoire.

– Tu sais, ce qui s'est passé est dur pour toi et pour moi, mais ce n'est pas pour ça que la Terre va s'arrêter de tourner. Je te l'ai déjà dit, n'oublies pas ce qui est arrivé, mais ne vis pas dans le passé.

– Tu m'avais dit ça quand je suis revenu à Miyagi.

– Quand tu as contré l'interdiction des médecins à propos du sport.

– Ouais bah j'aimerai bien retourner les voir, juste pour leur prouver que tout est possible.

– On ira ensemble, quand tu auras refait une compétition de patin.

– Papa ?

– Oui ?

– Pourquoi tu dis ça ?

– Écoute Koushi, je sais que tu veux refaire du patin, remonter sur la glace, glisser comme avant. Et malgré tout ce que les gens autour de nous ont dit, tu en es capable. Tu ne crois pas que j'avais pas vu tes larmes devant la diffusion du Grand Prix de l'année dernière ?

Koushi sourit en repensant à ces bons souvenirs. Ils s'étaient installés tous les deux, sur le canapé. Ils avaient mangé devant la télé, ce qui était assez rare pour des Sugawara. Mais bordel qu'ils avaient passé une bonne soirée !

– J'ai bien vu ton regard, et je sais ce que tu penses, je suis ton père quand même. Alors fais-toi plaisir, retourne sur la glace, patine une nouvelle fois, refais ton programme si tu t'en sens capable, ou créés-en un nouveau s'il le faut, mais ne te fait pas plus mal que ce que tu supportes déjà.

– Hum, merci papa.

Koushi avait les larmes aux yeux, il n'arriva plus à parler correctement. Il entendit son père rigoler de l'autre côté du téléphone, avant de raccrocher.

L'argenté se mit à courir en direction de la maison, entra en claquant la porte, pour se jeter au cou de son ancienne prof de patin.

– Merci.

CHEVEUX GRIS DE RUSSIE ; hq x yoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant