Un Soutien Mutuel

6.

La nuit était tombée depuis quelques heures et le bureau de l'amiral en chef était plongé dans le silence. Il ne restait à présent que lui et Neri allongée sur le canapé, Garp était déjà parti depuis un moment. Neri dormait à poings fermés mais les traits de son visage étaient tirés, comme si elle faisait un mauvais rêve. L'amiral toujours derrière son bureau, soupira en se demandant qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire d'elle ? Il avait rassuré sa subordonnée plus tôt mais en réalité ses idées n'en menaient pas large. Il avait d'abord songé à la placer dans un foyer mais cet solution lui avait fait vite déchanter, cherchant à l'aider de la meilleure des manières. Il fut tellement désolé pour elle, l'ordre d'exterminer la population de Flevance n'avait pas été de lui mais venait d'encore plus haut.

Il pensa alors à la déposer dans les camps d'entraînement de la Marine afin de la former en tant que future soldate durant les prochaines années, une branche spécialisée pour les enfants avait été créé il n'y a pas longtemps de cela en plus de ça, il trouva donc que c'était un bon point... mais non, car après son traumatisme il douta fortement qu'elle veuille les rejoindre. Il poussa encore un long soupir, finalement il n'y avait pas d'autres choix. Il commença alors à rassembler ses affaires pour quitter son bureau puis il se dirigea vers la petite fille qui semblait souffrir le martyr pendant son sommeil. Il entreprit de la réveiller et la secoua doucement en chuchotant son prénom, elle se réveilla instantanément en reprenant une grande bouffée d'air qui manquait à ses poumons et croisa le regard perçant de l'amiral.

- Viens avec moi.

Il lui tendit sa main. Son esprit encore embrumé, elle la lui agrippa et ils se dirigèrent vers la sortie après avoir refermer la porte à clé derrière lui. En sortant de l'immense QG de la Marine, ils descendirent dans la ville un peu plus bas, c'était là qu'il résidait ainsi que quelques familles des soldats. Ils marchèrent quelques rues et tournèrent dans plusieurs ruelles, avant d'arriver enfin devant le portail de sa bâtisse.

- Où sommes-nous ? Demanda faiblement Neri en observant les alentours.

- C'est ici que je vis. Répondit-il simplement. Et c'est aussi ici que tu vas rester pendant quelques temps.

Elle fixa son dos qui s'éloignait devant elle, ahurie avant de trottiner à sa suite. Ils traversèrent le chemin de pierre et se postèrent devant la porte d'entrée, c'était une assez grande maison. L'amiral sortit ses clés, tourna la serrure puis l'ouvrit pour entrer, Neri sur ses talons. Il appuya sur l'interrupteur afin d'éclairer le salon et dans la clarté de la pièce, il écarquilla les yeux avant de s'écrier joyeusement.

- Fiston ! Tu es finalement rentré !

Un jeune homme complètement avachi sur le canapé se réveilla en sursaut puis se redressa au garde à vous, manquant de trébucher. La petite fille toujours derrière les longues jambes de l'amiral, tendit sa tête sur le côté en voulant voir à qui il s'adressait. Elle vit en face d'eux un jeune homme blond, très grand de taille aux allures un peu bizarre puisqu'il portait des vêtements assez colorés en plus de sa drôle de posture.

Qui était cet homme ?

**********

Le jeune homme se releva en souriant et s'approcha de son père qui tendait les bras dans sa direction.

- Je ne pensais pas que tu allais rentrer de sitôt ! Tout s'est bien passé là-bas ?

- Je suis encore en infiltration mais je voulais passer ici pour te voir un petit temps. Lui répondit le blond tout en l'enlaçant.

L'amiral tapota joyeusement le dos de son fils en riant. Bien qu'elle ne comprenait rien à leur discussion, Neri observa la scène en voyant bien l'amour qui les unissait. Le jeune homme distingua tout à coup une silhouette derrière son père en baissant les yeux, il croisa le regard de la fillette et s'étonna.

- C'est qui ça ? Demanda-t-il en quittant les bras de son père et en s'approchant d'elle.

Neri se réfugia derrière les jambes de l'amiral puis le regarda d'un air méfiant.

- Oh, cette gamine ? Dit le père comme s'il venait de se rappeler de sa présence. Cette enfant est une rescapée de la ville Blanche, elle a été ramenée au QG de la Marine tout à l'heure et puisque je ne pouvais pas la laisser seule là-bas, j'ai choisi de l'emmener ici pour quelques jours le temps de lui trouver un foyer.

Le jeune homme surpris regarda la gamine dans les yeux. La ville blanche ? Il en avait entendu parler dans les journaux il y a quelques jours et était au courant du triste sort de cette belle ville. En pensant qu'elle devait être la seule à avoir survécu, il se mit à compatir pour elle. Un voile de tristesse passa dans les yeux de la brune en évoquant le nom de sa ville natale ce qu'il remarqua aussitôt, une pointe lui transperça le cœur.

Cette tragédie il l'avait déjà vécu, mais elle n'y était pour rien. Pensant qu'elle ne méritait pas ça, il se sentit mal à l'idée de voir un autre enfant souffrir comme lui avait pu souffrir dans sa jeunesse. Il souhaita alors la voir pétillante de joie et souriante comme toutes les petites filles de son âge sont habituellement. Il prit donc la décision de faire en sorte qu'elle puisse sourire dans cette maison aussi longtemps qu'elle restera ici, c'en était une promesse.

Il s'approcha d'avantage d'elle et commença à lui sourire avec une expression idiote ce qui le rendit plus effrayant qu'autre chose. Cette action rendit Neri craintive car elle se cacha encore plus derrière les jambes de l'amiral.

- C'est quoi ton nom petite fleur ? Demanda-t-il.

Elle mit du temps avant de répondre prudemment.

- Inami D Neri...

Comme son père un peu plus tôt dans la journée, son sourire s'effaça immédiatement. Le D... Il sembla vouloir lui dire quelque chose mais se ravisa en se disant bien que ce n'était qu'une gamine qui ne comprendrait sûrement pas. Ainsi, il continua à faire le pitre devant elle.

- Oh Neri~... Mais quelle jolie prénom pour une si jolie fleur !

Il avança ses bras dans le but de lui faire un câlin mais au lieu de ça, il tomba sur le sol dans un bruit sourd. Elle le regarda sous le choc et l'amiral mit fin à cette scène ridicule.

- Bon ce n'est pas tout mais elle n'a rien avalé à part des biscuits depuis ce matin, Rossinante tu peux préparer le dîner le temps que j'arrive ? Je règle une affaire et je reviens.

- Okay ! Fit le blond en levant son pouce en l'air et dédiant un clin d'œil à la brune.

Le plus vieux s'en alla de la demeure. Le fameux Rossinante déposa Neri sur le canapé puis partit se mettre aux fourneaux en sifflant gaiement. Depuis la cuisine, Neri pouvait l'entendre s'affairer et constata quelques bruits d'ustensiles qui tombaient au sol assez fréquemment, un point en plus pour prouver qu'il était quelqu'un de très maladroit déjà avec sa chute. Néanmoins, au bout de quelques minutes la pièce s'engloba dans une odeur particulièrement alléchante ce qui n'était pas pour dire, elle huma la délicieuse odeur en sentant son estomac s'affamer. Une grande cheminée lui faisait face et elle se mit à observer le grand salon en fond et en large pour détailler son logement temporaire.

C'était donc ici qu'elle allait vivre pendant quelques jours.