23- Biana

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-Donc, je disais, repris-je, je sais que mon père nous l'a à peu près interdit, mais apparemment c'est que les humains font pour sociabiliser, alors une petite fête... Sophie tu m'écoutes?

Je soupirai.

-Si, si, me répondit-elle tout en regardant un point dans mon dos.

Je fis volte-face et regardai Hari qui marmonnait toute seule dans sa barbe en prenant ses affaires dans son casier. Elle dit bonjour a Fitz, Keefe et Tam.

Comme toujours, elle était habillée de noir et blanc, mais cela lui allait très bien. Une jupe patineuse noire sur un haut blanc avec de la dentelle rendait vraiment chic sur elle.

Elle engagea la conversation avec les garçons, et je ressentis malgré-moi comme une pointe de jalousie.

Je détournai aussitôt le regard. En ce moment je ne savais pas ce qui me prenait, tout était trop dépaysant.

Toutes ces technologies, ces coutumes nouvelles.

J'avais remarqué que c'était quasiment chacun pour soi. Personne ne souciait de ce que tu allais faire a ta place, et il y avait tellement de choix!

J'étais contente de ne pas avoir à décider entre infirmière et paysagiste, architecte et professeure, des "métiers" dont je ne savais même pas en quoi cela consistait.

Et cette Hari commençait à me taper sur le système, avec ses petits airs innocents et sympathiques.

Je pris une grande inspiration pour me calmer et m'élançai à grand pas dans le couloir.

J'allais la faire cette fête, hors de question de rester terrés dans notre trou dans rien faire.

Comme d'habitude, des yeux me suivirent du regard lorsque je passai.

Ça non plus je ne comprenais pas. Oui j'étais, belle, mais et?

J'haussai les sourcils et entrai dans les toilettes, lasse.

Au moins cet endroit ne m'était pas inconnu, les elfes et les humains faisaient leurs besoins de la même façon.

J'entrai dans un box et m'adossai à la porte. Il fallait que je trouve une idée.

Hari nous mettait tous en danger. Si elle découvrait notre secret, nos origines, s'en était fini de nous.

Cela faisait bientôt 10 jours que nous étions arrivés à San Diego, et elle traînait avec tout le monde sauf Sophie et moi depuis quasiment la rentrée.

Je ne savais pas ce que pensait Sophie. J'avais l'impression qu'elle s'emmurait elle même dans ses réflexions qui lui prenaient tout son temps.

Elle était bizarre en ce moment. Son esprit semblait s'en aller ailleurs. Je me demandai si elle n'avait pas en quelque sorte peur de revivre sa vie d'avant.

Elle ne nous en avait jamais vraiment parlé, mais nous savions qu'elle avait été harcelée de part son avance scolaire et sa particularité.

Tout me glissait entre les doigts, il fallait que je me recentre.

Cette Hari... Elle ne me disait rien qui vaille. Arrêter les Invisibles devait rester notre priorité. Pour l'instant nous avions fait chou blanc, mais avec de la persévérance, on trouverait cette maison.

Il était primordial que je l'éloigne, sans pour autant qu'on puisse deviner que ça soit moi.

Et cette relation avec Tam... J'ai toujours eu un béguin pour lui, je le sais, mais le voir parler à bâtons rompus avec cette fille qu'il ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam faisait ressortir mon mauvais côté.

Elle était trop curieuse. Oui c'était ça, j'allais faire quelque chose pour ne pas que l'on soit démasqués.

Au bout de cinq minutes je ressortis et me lavai les mains au lavabo.

Je croisai mon regard dans le miroir et soupirai.

Oui, j'allais le faire, car c'était indispensable.

Les cours reprirent à une lenteur accablante. C'était encore plus ennuyeux car d'une simplicité à en faire bailler les cornemuses, ces drôles d'instruments humains bizarres.

J'avais envie de disparaître et de me glisser discrètement dans l'entrebâillement de la porte.

Heureusement, l'après midi fila en un éclair avec le sport, et, à la sortie, je lançai aux autres:

-J'ai un truc à finir pour les cours, je vous rejoint tout à l'heure!

Ils partirent sans poser de question en s'esclaffant, tandis que Linh et Marella se dirigeaient vers le terrain de football.

Je me cachai dans un renfoncement et tournai la tête à droite et à gauche pour vérifier que je n'étais pas observée.

Je retirai le collier et le glissai dans mon sac, et soudain, comme à chaque fois que je l'enlevais, mes sensations d'éclipseuse revinrent.

Je fermai les yeux, profitant du piquotement de la lumière sur mon corps. Je me sentais complète.

Je fis un pas, puis disparu.

Je parcouru les couloirs pour finir par me diriger vers le terrain. Ils étaient déjà tous en place et s'entraînaient.

Par mesure de précaution au cas où je réaparaitrais brusquement, je me dissimulai sous les gradins, et m'accordai un petite pose.

Une fois sûre que tout le monde était bien occupé, je filai vers les vestiaires.

Je tournai la poignée avec délicatesse, mais elle était verrouillée.

Je grimaçai, et eu une pointe de remord. J'étais vraiment en train de faire ça?

Je fermai les paupières et m'adossai au mur.

Ma conscience considérait que j'étais inconsciente, tandis que mon coeur me dictait d'ouvrir cette porte.

Je regardai le match pendant un petit moment, en me concentrant pour ne pas perdre mon invisibilité.

Au loin, j'aperçu alors Tam qui s'installait et levait le pouce à sa sœur.

Comme à chaque fois que je le voyait, mon cœur fit un bond dans ma poitrine.

Je contemplai Hari et rivai aussitôt mes yeux sur la serrure.

C'était une serrure humaine, qui s'ouvrait donc avec une clé.

Il y avait par conséquent un mécanisme que je pouvais enclencher a l'aide de ma télékinésie.

Je me penchai et commençai à œuvrer. Comment faisait Sophie?

La détermination poussée à son niveau maximum avec en bonus un petit peu de frénésie, je me démenai pendant un bon quart d'heure angoissant. Cette maudite serrure ne voulait pas s'enclencher!

Les minutes s'écoulaient, et mes chances de réussir aussi. Je luttais également contre la lumière, ce qui me déconcentrait encore plus.

A un moment, je songeai à réapparaitre. Avec un peu de chance, je serais cachée par l'ombre de l'angle du mur, mais me ravisai. Maintenant ou jamais.

L'entraînement touchait presque à sa fin.

Shit.

La serrure finit par céder et je me glissai discrètos dans les vestiaires.

-Ouf...

Sur les bancs étaient alignés une dizaine de sacs. Je trouvai facilement celui d'Hari: il y avait son nom dessus.

Il me restait 5 minutes avant la fin de l'entrainement. Je fouillai précipitamment dans ses affaires sans arrières pensées. J'avais juste besoin d'un truc gros, un truc compromettant.

Cette fille je ne la sentais pas, et mon instinct ne me trompais ainsi pour dire rarement.

*****

Oui, ça fait un bail...

Sorry?

La Team GDCP dans les Cités InterditesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant