Cela fait une semaine que je vais à l'école. L'autre jour, au gymnase, quand je faisais mes étirements, les filles sont venues me demander si j'avais mal, tellement j'étais souple. Les garçons, quant à eux, ne faisaient que regarder mes fesses et se sont tous mis derrière moi. C'était gênant, mais je me suis dit qu'ils voulaient sûrement voir de quoi j'étais capable, étant nouveau. J'ai trouvé cela plutôt amusant mais aussi très distrayant. Il y avait beaucoup d'exercices à faire, mais ils étaient plutôt simples comparés à ceux de mon père.Avec Haiden, tout va bien. On s'embrasse dès qu'on en a l'occasion, et je veux qu'on aille plus loin. Mais non seulement je ne sais pas comment procéder, car je sais que dans une relation, il n'y a pas que des baisers, mais aussi je ne sais même pas ce que nous sommes. Je me pose beaucoup de questions sur nous, mais celle qui me taraude l'esprit est : est-ce qu'il m'aime ? Mon père m'a décrit ce sentiment comme étant le plus beau et le plus fort qu'un être humain puisse ressentir dans son existence. Il m'a dit que ce sentiment était unique. De mon côté, je sais que j'ai des sentiments pour lui et j'aimerais que ce soit réciproque, mais je ne sais pas comment m'y prendre. Cela fait longtemps que je n'ai pas vu mon père, et je suis certain que lui saurait me conseiller. Je ne peux pas dire que je suis amoureux de Haiden, mais si mon père m'a laissé partir avec lui, c'est sûrement pour de bonnes raisons.
Je me décide enfin à me lever pour m'apprêter. Je prends une douche et m'habille d'un pantalon kaki cargo ajusté à la taille et aux chevilles, avec des poches de travail. En haut, je porte une liquette du même style à manches longues, avec un top blanc en dessous et des tennis blanches.
Je sors, puis monte dans la voiture et dis à Karle qu'il peut démarrer. Vingt-cinq minutes plus tard, il se gare devant le lycée. Les garçons m'attendent déjà devant la grille. Karle m'ouvre la porte avec mes deux sacs et mon téléphone en main. Depuis une semaine, il m'emmène un panier repas, sûrement à la demande de Haiden ou peut-être par pitié en voyant que je déteste les repas de la cantine. Je n'ai pas pensé à demander, trop content de manger autre chose de bien plus délicieux que les plats de la cantine dont je ne connais pas la provenance.
« Hey les gars, qu'est-ce que vous faites là ? » demandai-je, un peu perplexe. C'est la première fois qu'ils viennent m'attendre ici.
« On t'attendait, Rive », me dit Charles. Je roule des yeux mentalement ; c'était assez évident.
« Ok, on peut aller en cours alors », dis-je déjà prêt à partir.
« Oui, allons-y », dit Michael en levant la tête de son téléphone.
Je sens une main sur mes fesses. Dans un geste rapide, je me retourne, attrape son bras et le lui tord, ce qui fait craquer ses os et le fait hurler de douleur.
« Ose encore une fois me toucher les fesses et je te brise les deux bras de sorte à ce que tu ne puisses plus jamais les utiliser, sale pervers », dis-je hors de moi. J'essaie de me contrôler au maximum pour ne pas mettre mes menaces à exécution.
Il hurle toujours, tout le monde nous regarde choqué, pendant que je continue d'appuyer sur son bras. J'ai du mal à m'arrêter. Pourtant, j'essaie.
« Monsieur, lâchez-le, je pense qu'il a compris », dit Karle, toujours de marbre. Je sais qu'il veut nous séparer, mais il sait aussi que ce n'est pas une bonne idée de s'approcher trop près. Je lutte déjà énormément pour ne pas blesser davantage le garçon. Il dit aux autres de ne pas s'approcher. Après environ trois minutes, je me calme un peu.
« Putain ! » Je lui donne un dernier coup de pied et lui casse le nez. Il fallait que je fasse quelque chose pour me sentir un peu mieux.
« Monsieur, votre langage », dit Karle avec son calme légendaire.
Je regarde le visage ensanglanté de mon agresseur, puis tourne les talons jusqu'à ma salle de cours. Je n'attends pas les autres parce que je ne veux parler à personne pour le moment. Je suis hors de moi, je déteste être dans cet état. Je suis vraiment violent, mais le fait d'avoir philosophie comme cours me réjouit un tant soit peu. J'espère que je n'aurai pas de problème avec Haiden à cause de cette histoire. Je prie intérieurement.
La prof nous a demandé d'écrire une métaphore qui détermine nos sentiments en ce moment et celle qui nous caractérise depuis qu'on a appris à philosopher. Personnellement, j'ai appris qu'il existe une matière de ce genre que depuis une semaine.
« Rive, viens lire ce que tu as écrit à tout le monde », dit la prof. C'est la première fois qu'elle m'adresse directement la parole.
Je me lève, traverse la classe et me mets devant le tableau, puis commence à parler en gardant la tête haute et en regardant droit devant moi.
« La vertu se meurt, l'espérance est morte. Et ceux qui souffrent n'ont qu'un refuge : le suicide. Être ou ne pas être, mais moi, je suis. »
J'exprime toute ma colère dans ces petites citations.
Tout le monde me regarde, pour ne pas changer. Ce que j'ai dit a jeté un froid dans la classe. Je remercie la cloche de sonner et je sors de la classe, entre dans la cafétéria puis m'assois à une table. Karle arrive une minute après moi puis déballe mon panier repas. Je vois du coin de l'œil les garçons prendre leurs plateaux et se diriger vers moi. Je ne pensais pas qu'ils continueraient à me fréquenter après tout ce qui s'est passé dehors. Ils auraient dû me fuir comme la peste.
« Tu nous as même pas attendu. En plus, je suis déprimé de voir ce que tu manges par rapport à moi », dit Bryan en boudant. Il passe son temps à bouder ; je dirais que c'est le pessimiste du groupe.
« Viens manger avec moi alors », dis-je pour essayer de me faire pardonner.
« Ce n'est pas de refus », dit-il avec un grand sourire. Je le comprends un peu quand je vois ce qu'ils ont à manger aujourd'hui.
Il vient se mettre à côté de moi et on commence à manger calmement. Les autres garçons prennent place autour de nous, et malgré l'incident de ce matin, l'atmosphère semble se détendre petit à petit. Je me rends compte que, même si j'ai encore beaucoup de questions et d'incertitudes, je ne suis pas seul. J'ai des amis, des alliés, et peut-être même un amour naissant.

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Sweet Kitten
Romanceque se passe t'il lorsque Haiden Nabokov le mafieux le plus dangereux de Russie fait la rencontre de Rive un gentil et innocent garçon dans un laboratoire lors d'une décente *Qui ête vous monsieur ? Celui qui va te faire sortir d'ici chaton* #Diama...