Chapitre 5
Cela fait à peine dix minutes que je suis là et cet idiot a déjà perdu l'usage de ses deux yeux et de ses deux membres inférieurs. S'il pensait qu'il pouvait s'introduire chez moi et espionner mon petit ange sans en payer les conséquences, il se trompait lourdement. Je suis hors de moi en ce moment, et je n'arrive plus à me retenir de lacérer son corps encore et encore. Je ne peux m'empêcher d'imaginer qu'il a pu voir Rive tout nu ou sous la douche et qu'il a peut-être pris des photos. Je veux qu'il m'avoue ce qu'il est venu faire exactement ici. Il ne peut pas être venu seulement pour voir Rive et repartir. Il doit y avoir une raison précise, un but caché.
Après plusieurs minutes de torture intensive, il confirme enfin l'une de mes hypothèses, et je plonge dans une colère noire face à ses aveux.
« S'il vous plaît, je vous ai dit tout ce que je savais, » me supplie-t-il. Je ne vois pas pourquoi je lui laisserais la vie sauve après l'affront qu'il vient de me faire. Ce serait prouver à son employeur qu'il y a des failles dans la surveillance de ma maison et que je suis un faible qui ne peut même pas régler son compte à un espion. Je ne voulais plus l'entendre parler. Il a osé s'introduire dans ma propriété et déjouer tous mes gardes pour ensuite implorer la pitié. Ma colère n'a fait qu'augmenter. J'avais perdu mon calme, je ne parlais plus, je hurlais maintenant.
« T'AS LE CULOT D'OUVRIR TA PUTAIN DE BOUCHE POUR ME DIRE QUE LE FILS DE PUTE QUI T'A ENVOYÉ VOULAIT JUSTE DES PHOTOS DE MON PETIT ANGE ET TU VEUX QUE J'AIE PITIÉ DE TOI ? » hurlai-je de rage. Que pouvait-il bien vouloir faire avec les photos de Rive, et comment connaissait-il son existence ? Je sors mon arme et lui tire une balle dans la tête. Il fallait que j'en finisse. J'ai finalement décidé d'abréger ses souffrances, il ne m'était plus d'aucune utilité. C'était la seule information qu'il avait et la seule qu'il pouvait me fournir.
« Débarrassez-vous du corps, » dis-je en sortant du sous-sol. C'était aux gardes de décider où ils allaient le jeter ou ce qu'ils allaient en faire. Trois choix se présentaient à eux : soit incinérer le corps dans le bois, soit le jeter à la mer, ou tout simplement l'enterrer dans la brousse qui était à quelques kilomètres de la propriété. Ma chemise autrefois blanche était maintenant couverte de taches de sang, j'avais besoin d'une douche.
Je monte dans ma chambre sans faire attention à Rive et entre directement dans la salle de bain. Je me déshabille et me mets sous le jet d'eau. Je laisse l'eau chaude couler sur mon corps... Je savais que c'était dangereux pour Rive, mais qui est cet homme dont il parlait ? Je ne connais personne avec ces initiales... putain de merde, ça me met hors de moi. Mais je dois me calmer, c'est le mieux à faire pour Rive. Des initiales ne sont pas vraiment des indices pour trouver quelqu'un. Plusieurs personnes ont les mêmes initiales, et personne dans le business n'utilise ces initiales comme appellation, sinon je le saurais.
Je sors de la douche, mets un peignoir, puis rejoins Rive. Il est assis sur le lit, le regard dans le vide. Je ne pense même pas qu'il ait remarqué mon entrée dans la chambre. Je commence à me demander s'il est comme ça depuis tout à l'heure. Peut-être que ce sont les effets secondaires de son changement de personnalité, mais je ne pense pas. Sinon, son père me l'aurait dit. Je pense plutôt que quelque chose ne va pas.
« Rive ? Que se passe-t-il ? » lui dis-je doucement. Je m'approche du lit sans le brusquer et m'assois sur le rebord, juste à côté de lui. Je le couvre d'un regard sombre pour l'inciter à me dire ce qui le tracassait.
« Tu sais, j'ai vu un film tout à l'heure, et il y avait plein d'enfants qui allaient dans un bâtiment qu'ils appellent école... » Il sourit puis continue. « Je n'y suis jamais allé. Je me demande comment c'est. Tu y es allé, toi ? » me demande-t-il, les étoiles plein les yeux. C'est vrai qu'il a vécu dix-huit années de sa vie enfermé dans une chambre de laboratoire. Je cogite dans ma tête, me disant que s'il a été attaqué dans une maison aussi protégée que la mienne, serais-je prêt à le laisser sortir d'ici au risque de me le faire enlever ou qu'il lui arrive quelque chose ? Je prends une profonde inspiration et réponds à la question de mon jeune protégé.
« Oui, je suis allé à l'école... » Je marque une pause puis reprends. « Tu veux y aller ? » C'est risqué ce que je suis en train de faire, mais je ne vais pas le priver de son bonheur à cause d'un minable qui ne peut même pas venir se présenter à moi et passe par des sous-fifres. Je n'aurai qu'à doubler la sécurité autour de lui et tout ira bien.
« Je peux ? » me demande-t-il, comme si ce que je lui proposais était irréel. Rive n'a pas eu une enfance normale, alors c'est normal qu'il veuille faire des découvertes et aller voir l'extérieur. Ce ne serait pas raisonnable de commettre la même erreur que son père et le garder enfermé dans ma maison.
Sa demande était pleine d'espoir. Je ne me voyais pas la lui refuser, surtout pas si c'était pour s'instruire.
« Oui, tu peux, chaton. Je t'ai déjà assez fait comprendre que tu peux me demander ce que tu veux. Maintenant, fais-moi un gros sourire. Demain, j'irai t'inscrire personnellement et tu pourras commencer après-demain, mardi. Ça te va ? » J'ai peut-être dit cela avec beaucoup d'assurance, mais la date limite des inscriptions était passée depuis un mois. J'espère vraiment réussir à l'inscrire dans l'école que j'ai en tête pour lui. C'est l'une des meilleures, donc celle qui convient le mieux à Rive.
« Oh oui, Haiden ! » Il me saute dessus et je l'allonge sur mon torse, lui caressant les cheveux. Cela me fait plaisir qu'il se montre ainsi tactile avec moi, mais je n'en profite évidemment pas.
« Dors maintenant, il se fait tard, petit cœur. » Il ne discute pas et se glisse sous la couette. Moi, je reste plongé dans mes pensées. Une peur naît en moi : et s'il rencontrait quelqu'un de son âge dont il tomberait amoureux ? Le simple fait d'y penser me brise le cœur, mais je me résigne à réaliser ma promesse. Le regard que Rive m'a offert valait bien plus que n'importe quel pincement au cœur.

VOUS LISEZ
Sweet Kitten
Romansaque se passe t'il lorsque Haiden Nabokov le mafieux le plus dangereux de Russie fait la rencontre de Rive un gentil et innocent garçon dans un laboratoire lors d'une décente *Qui ête vous monsieur ? Celui qui va te faire sortir d'ici chaton* #Diama...