chapitre 2

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Haiden le regardait sans se lasser. Cela faisait plus de quinze minutes qu'il le berçait, qu'il lui caressait les cheveux, mais il savait au fond de lui qu'il ne pourrait pas se détacher de lui aussi facilement. Il ignorait ce qui lui arrivait ni pourquoi ce jeune garçon à la peau blanche et laiteuse comme de la porcelaine, aux jambes fines et élancées, aux cheveux blancs et soyeux, aux hanches pleines et aux fesses rondes et galbées l'attirait tant. Le jeune garçon était d'une beauté à couper le souffle. Sans perdre plus de temps, Haiden sortit de la pièce, non sans regretter de devoir se séparer de la chaleur du corps de ce jeune homme pour le laisser dormir, cette fois-ci accroché à son gros lapin en peluche.

« Alors, j'attends des explications à son sujet et ne t'inquiète pas, je ne lui ferai rien. » dit-il, légèrement radouci par cette nouvelle découverte. Si ce garçon était ordinaire, son père ne l'aurait jamais gardé enfermé près de lui jusqu'à cet âge. Étant baigné dans un univers sombre, il aurait agi comme tout parent censé et l'aurait éloigné de lui et de sa vie. Mais il ne l'avait pas fait, et Haiden comptait bien découvrir pourquoi. Cela facilitait sa tâche, car le scientifique, conscient de son état de faiblesse, avait décidé de faire profil bas. Rendre les armes était la meilleure alternative pour lui, il n'était pas en position de force.

« Monsieur, Rive est un fœtus qui a été formé sans mère. Ma femme était enceinte effectivement, mais le bébé qu'elle devait avoir était trisomique et devait mourir deux ans après la naissance. Alors, j'ai fait avorter ma femme et j'ai fait des expériences sur le fœtus. Quand il a commencé à se former, ses yeux n'avaient pas de pupilles mais il pouvait voir. Tout allait bien jusqu'à ce qu'à l'âge de dix ans, on comprenne qu'il vivrait mais qu'il aurait une forme efféminée, qu'il serait hermaphrodite, qu'il aurait les cheveux blancs, et qu'il détesterait la douleur en rapport avec les blessures. Il devient incontrôlable à ces moments-là, un vrai petit démon. Il détecte le danger, son cerveau mémorise tout à une vitesse incroyable. Il sait déjà parler quinze langues et a assimilé plusieurs techniques de combat différentes. Mais il ne connaît pas les choses intimes, il a une innocence sans pareille. Il continue d'utiliser des jouets pour enfants et des peluches. C'est mon petit bébé. Il ne sait même pas ce que c'est qu'un baiser ou ce que signifie coucher avec quelqu'un. Donc, en conclusion, c'est une arme de combat quand il y a un danger, une femme à quelques détails près, et un enfant de cinq ans dans la tête alors qu'il en a dix-huit. » termina-t-il avec un mélange d'amour, de douleur, de tristesse et d'autres émotions que Haiden ne saurait décrire. Soudain, comme un éclair de lucidité, une idée lui vint en tête. Grâce à cela, tous les deux seraient gagnants : lui aurait son bébé près de lui et le père serait rassuré de la sécurité garantie de son fils à ses côtés.

« Tu sais, on peut avoir un terrain d'entente, toi et moi. Je pourrais oublier ce que tu as fait, mais à une condition. » commença Haiden, tout en gardant le suspense de sa prochaine demande. Il ne voulait pas les informer trop tôt. Mais ce n'était pas la seule raison, il prenait aussi le temps de reformuler plusieurs fois sa phrase avant de trouver la bonne combinaison de mots pour leur annoncer en douceur qu'il voulait partir avec Rive.

« Laquelle ? » demanda le père, quelque peu douteux face aux allégations du chef de la mafia, mais aussi un peu heureux de voir l'espoir renaître en lui d'une solution qui pourrait sauver lui et son fils, chose inespérée pour lui.

« Que je reparte avec lui. » finit par dire Haiden. Un silence de plomb retomba dans la pièce suite à cette demande. Tous le scrutaient attentivement à la recherche d'un quelconque signe de moquerie ou de plaisanterie, mais le visage de Haiden restait neutre et sérieux, impossible de savoir ce qu'il pensait vraiment.

« Non monsieur, c'est mon seul enfant. » refusa catégoriquement le scientifique, voyant qu'il était prêt à perdre le jeune Rive avant même de l'avoir connu. Cela le fit réagir au quart de tour et imposer son désir au pauvre père.

« Ce n'est pas discutable, je le veux et je suis déjà assez généreux de ne pas te tuer. Mais tu auras une punition comme il se doit. » dit-il en haussant légèrement la voix. La colère montait en lui, il ne voulait pas que cet homme fasse figure de barrière entre lui et Rive.

Sans un mot de plus, il se dirigea vers lui, prit sa main et la déposa sur le bureau. Avant que le scientifique ne puisse réagir, Haiden avait déjà sorti sa dague et lui avait coupé le petit doigt. Le silence fut tranché par le cri sanglant du scientifique. Même s'il prenait son fils avec lui, il ne pouvait pas laisser passer sa trahison, c'était le prix à payer pour son affront, la sentence la plus douce qu'il pouvait lui infliger par pitié de son état après le départ de son fils.

« À chaque fois que tu verras ta main, cela te dissuadera d'essayer de me rouler à nouveau. Et nettoie-moi ça, c'est dégueulasse. » dit-il avec dégoût en voyant le morceau de doigt sur le bureau avec un peu de sang autour. Puis, s'adressant à son garde : « Karle, vide la chambre, prends tous les jouets et les peluches. Je m'occupe du petit. » Le timbre de sa voix semblait s'être radouci à l'annonce de son nouveau protégé. Il l'aurait enfin à ses côtés. Il avait hâte de voir à quoi ressemblerait sa vie désormais, mais il se devait de patienter encore quelques minutes avant de profiter pleinement de sa nouvelle acquisition.

Il prit le jeune garçon dans ses bras. Rive était léger, il pesait à peine son poids. Il en venait à se demander comment on pouvait avoir un corps aussi divin et voluptueux sans pourtant peser lourd. Il ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise idée de le ramener chez lui. Il savait tout ce qui l'attendait et tout ce que cela signifiait. Haiden allait faire de lui sa faiblesse, et un chef de la mafia ne devrait normalement pas se le permettre. Avoir une faiblesse signifiait ouvrir une porte à ses ennemis pour qu'ils l'atteignent. Mais il suivait son instinct. Une chose était certaine : sa vie à ses côtés ne serait plus jamais la même.

Sweet KittenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant