L'éclat du miroir (10)

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Je regarde au loin le sol sablonneux qui s'étend à perte de vue. Le bruitage des appareils, et la poussière qui s'y dégagèrent, causèrent un énorme assourdissement. Comme le bar était à proximité, Richard s'y installa furtivement pour s'échapper de la cacophonie des moteurs. Il somnolait au point que ses yeux papillotaient.

Les employés équipés de leur badge s'affairaient et ne le remarquèrent même pas. Certains s'occupaient à faire le tri, d'autres les acheminaient vers la grande salle pour le décompression finale. De temps à autres, les ouvriers engagent la conversation, se démarquent au ralenti puis retourne à leur besogne avec un sourire sarcastique aux lèvres.

Au fil des siècles, la villa avait vu défiler toute une serie d'entrepreneurs de réputation internationale. Beaucoup d'entre eux ont servi leur pays à leur manière. Ils investissent les champs régulièrement. Ils y viennent surtout pour vérifier la récolte. Bennedict Peynes, les accompagna certaines fois en faisant l'éloge de leurs entreprises.

Plus tard, les tâches étant accomplies, Bennedict l'invita à rejoindre le convoi qui ira faire la livraison. Son estomac criait famine mais elle n'osait la défier par crainte d'être l'objet de conversations. D'une mine désabusée, Lisa s'introduit dans la superbe limousine.
Cependant , quand elle eut monté dans la voiture,elle se ravisa et descendit aussitôt. Toute la famille Peynes s'y était confortablement installée. Bennedict la dissuada de faire demi-tour. À ses mots, elle pâlit et son cœur défaillit. Un drôle de frisson lui parcourut toute entière. Elle comprit alors que le parcours s'annonçait difficile.

- Bennedict : Mettez-vous sur le siège arrière près de Richard.

- Lisa: je me suis déjà trouvée une place déclara-t-elle.

- Bennedict : Ne me contrariez pas jeune fille, Tu vas t'asseoir entre Richard et moi.

- Lisa: D'accord Mademoiselle Peynes dit-elle dans un souffle.

L'instant d'après, elle était bien assise et examina la verdure qui défilait ça et là au démarrage de la voiture. Elle était un peu perplexe. La conversation allait bon train et de grands éclats de rire détendaient l'atmosphère.

Elle était silencieuse pendant tout le trajet et Richard se comportait en un parfait étranger. Il ne lui a même pas adressé un regard. Et pour couronner le tout, Bennedict la triturait sans relâche. Comment ose t-elle lui faire une telle chose? C'était sa sœur d'enfance, sa confidente, la personne en qui elle avait confiance.

C'est peut-être cela qui caractérise la vie : se battre ou être battu. Elle demeura l'unique alternative qui lui reste pour se frayer un chemin vers le sommet.

L'île aux Mors...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant