L'éclat du miroir (7)

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Lisa essaya de percer l'horizon, les dernières fissures encore toutes jeunettes des rayons du soleil disparaissaient progressivement. Et les rideaux de l'obscurité ouvraient tendrement ses bras pour accoucher l'obscurité. C'était une tombée de nuit resplendissante et spectaculaire. Elle s'étira pour se dégourdir, ses muscles firent un bruit inattendu  et craquaient, l'instant d'après, elle se sentait incapable de bouger et eutt du mal à marcher rapidement. Les épisodes entre elle et Richard lui revinrent soudain en mémoire et Lisa décontenancée, se rassit pour pouvoir mieux y réfléchir.

Les miroirs de l'enfance se défilaient à vive allure devant elle,  ce qui immortalisaient ce moment par des souvenirs enfouis dans les ruines du passé. Son enfance se mouvait devant elle telle l'odeur des fleurs qui s'évaporaient en pleine gestation. Et de là, certains côtés obscures de son passé ressurgissaient comme par megarde. Cette évasion dans les prunelles du temps va doucement inoculer en elle des plaisirs qu'elle avait presque oubliés.

Étant môme, elle se rappellait que Richard lui jouait de vilains tours. Leur désertion dans le petit lac, leur jeu sur les toboggans entre potes, leur ruée sous la pluie entre les branchages touffues, Richard, le cadet des Peynes et Luisa aimaient batifoler ça et là dans les flaques boueuses. Il fut un temps où le soleil luisait fructueusement sur sa vie. À ce moment là, ses parents vivaient encore.

Les Sadraques étaient une famille hautement considérée à Noncourt. Leur renommée en disait long sur leur parcours. Lisa, fille unique de la famille, à cette époque, jouissait d'une grande célébrité auprès de ses proches.Elle faisait écouler son temps entre les voyages et les escapades en boite de nuit entre potes.

Même si son damné de faux frère lui était attaché comme une épine dans le pied. Il ne ratait jamais un moment de la matyriser. Lisa faisait un effort surhumain pour le supporter à cause de son ton acariâtre. Elle s'en rappelait encore comme si c'était hier. Richard devait être sur le point de rappliquer, il lui fallait donc se dépêcher si elle voulait rentrer avant l'orage. Vue en compagnie du plus jeune des Peynes pourrait lui causer bien des soucis.

Pourtant sitôt arrivée à la villa, Elle tomba sur son pire cauchemar qui le contraint à avoir une discussion dont elle ne voulait pas. Celui-ci était tellement convaincant qu'elle s'arrêta un moment pour l'écouter. Avec Richard, On n'était jamais sûr de rien. Il avait ce côté enfantin qui suscitait chez les gens de l'empathie.

Elle se leva pour pouvoir rentrer car il commençait à marteler au sol de grosses gouttes de pluie. Depuis que Richard était parti sous les feuillages, ses pensées ne cessait de retourner en boucle l'épisode qu'ils ont vécus.

Longtemps encore, elle acceptait ses promesses peu compréhensibles, montées de toutes pièces quand un claquement de porte la fit sursauter. L'euphorie du moment fut interrompue par ce brusque changement de circonstances. À cet instant précis, elle réalisa que c'était Maryse qui accomplissait ses dernières tâches. Celle-ci était complètement perdue dans ses pensées. Elle portait une chemise de nuit très fine et légère. Quand elle la remarqua, elle sortit sur la véranda.

- Qu'est ce que vous faites au dehors par un temps pareil Lisa?

- Je faisais une visite des lieux.

- La météo a annoncé de fortes pluies ce soir. Rentre-donc te changer pour que tu ne rattrapes pas froid.

- Je ne vais pas tarder à rentrer Maryse. Merci de t'être inquiétée pour moi.

Elle était un peu fâchée. Cette météo annonce à  maintes reprises des choses invraisemblables mais qui n'arrivent pas toujours. Quand elle eut franchi l'entrée, la famille la dévisagea et elle comprit tout de suite que  Madame Peynes alla ajouter son grain de sel.

- Mince qu'est ce qu'elle fait encore debout à cette heure celle-là. Elle la regarda un long moment.

- Je ne comprends pas cette rancoeur que vous avez envers moi Madame. Pourquoi certaines autres personnes sont autorisées à marcher comme elles le veulent dans ce domaine ? et que pour moi c'est différent.

- Vous l'autorisez à nous parler comme ça père? dit Peter fou de rage.

- Vous n'y êtes pas allés de mains mortes vous non plus ? Elle a raison. N'oubliez pas que ses parents détiennent une pourcentage de &40 dans nos entreprises. Et non plus, elle n'est pas une boniche.

- ah bon! Vous la défendez. Parfois je me demande si vous ne ......

-Quoi ! Comment vous pouvez insinuer une telle horreur dit Mr Roger? Parfois je me demande si vous n'êtes pas fou..

- Je m'en vais dit-elle sur un ton depité .

Elle ne supportait pas d'être l'objet de cette discussion. Celle-ci passa la tête baissée devant Mr Roger qui lui tapota l'épaule de manière affectueuse.

Ce jour-là, elle réalisa malgré toute la fortune de son père qu'elle ne pouvait vivre à son aise. Elle a appris en ce moment même que la fortune et le pouvoir ne conféraient pas un respect absolu. Il y a une hiérarchie en richesses , il y a des gros bonnets de la bourse à qui obéissent même les chiens, et d'autres au contraire qui n'ont que de petits moyens financiers pour survivre et pourtant il se considère riche également. Où pourrait-on la catégoriser? Franchement, elle n'en avait que faire de ces insinuations.

Cette femme n'allait pas lui foutre la paix. Elle n'a jamais imaginé qu'on pût être poursuivi  à ce point par quelqu'un. On dirait une ombre qui lui collait à la chair.

L'île aux Mors...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant