Chapitre 1 - La rentrée

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Je pense que pour chacun de nous, il y a un moment où notre vie change complètement. Où on devient ce que nous serons pour le reste de notre vie. Cela peut arriver du jour au lendemain, ou petit à petit, sur plusieurs années. On ne cesse jamais d'évoluer tant qu'on grandit, mais pour chaque chemin à tracer il faut faire le premier pas. Pour moi, c'est arrivé pendant ma dernière année de collège. J'étais alors âgée de quatorze ans.

Tout commença devant une porte, d'où un vacarme infernal s'échappait. J'écoutai ce qui se passait derrière. J'entendis le professeur réclamer le silence en criant, faisant régner aussitôt un silence d'enterrement.

Je pris mon courage à deux mains et je frappai à la porte. J'entendis des bruits de pas. Je vis la poignée de la porte s'abaisser, au ralenti, me sembla-t-il. Après ce qui me parut une éternité, un homme de petite taille se présenta à moi.

-Bonjour. Que voulez-vous ? me demanda-t-il.

-Je... je suis... je suis la nouvelle élève, Sophie Ollaw. Ce sont bien les 3èmeB ?

-Non. Les 3èmeB sont dans la salle juste à côté.

Voilà qui commençait bien. Je rougis violemment et remerciai le professeur, non sans me sentir honteuse. J'avais l'impression de paraître ridicule. Je me dirigeai vers la salle suivante, qui était plus calme que la précédente. Cette fois, je frappai directement.

-Entrez ! me dit une voix féminine.

J'ouvris la porte en grand et je pénétrai dans la salle, toujours fâchée contre moi-même pour m'être trompée de salle juste avant. Celle dans laquelle j'entrai était grande et colorée, et je la trouvai agréable.

-Bonjour..., dis-je timidement.

Je m'arrêtai soudainement, sentant que tout le monde me regardait. Une jeune dame m'accueillit avec un sourire chaleureux.

-Bonjour ! Tu dois être la nouvelle élève, c'est ça ? Comment t'appelles-tu ? me demanda-t-elle en fermant la porte derrière moi.

-Sophie Ollaw.

-Alors bienvenue Sophie ! Je suis ton nouveau professeur d'anglais, madame Tosca. Assieds-toi...euh...installe-toi où tu veux !

Je ressentis une certaine gêne en l'entendant, mais j'essayai de ne pas y prêter attention. Je m'installai au fond de la salle pour ne pas avoir à sentir des regards sur ma nuque. Quelques élèves continuèrent de me fixer, mais la plupart se retournèrent vers le tableau.

-Alors Sophie, tu as pu voir sur ta liste de fournitures qu'il te fallait un cahier pour tes cours d'anglais ? Tu auras aussi un manuel qui te sera fourni par l'école. J'irai le chercher pour toi demain. La directrice t'a bien donné ton emploi du temps ?

-Oui, madame.

-Parfait. Si tu as des questions tu viendras me voir à la fin du cours, d'accord ? Allez, reprenons où nous en étions...

J'ouvris mon cahier et je suivis le cours avec mes nouveaux camarades de classe. Je tâchai de paraître calme et sûre de moi, mais la panique régnait au fond de moi. Je me posai plein de questions. Allais-je me faire des amis ? Est-ce que les gens seraient gentils avec moi ? Est-ce que j'arriverais à m'habituer à mon nouveau collège ?

Jusque-là, j'avais été dans le même collège que ma sœur, d'un an mon aînée, jusqu'à ce que celle-ci entre au lycée. Mais mes parents tenaient absolument à ce que nous soyons dans le même établissement, aussi nous avaient-ils inscrites dans un établissement regroupant collège et lycée. J'adorais ma sœur, et cela ne me dérangeait pas de changer d'école. Certes, tout le monde me connaissait dans mon ancien collège, j'étais dans un groupe de filles sympas, mais je ne m'y étais jamais vraiment sentie à ma place. Je n'étais pas réellement amie avec ces filles-là, car elles avaient toujours eu l'air d'éprouver de la gêne envers moi. Il n'était pas toujours agréable de sentir des regards de pitié, de fausse compassion ou d'observation braqués sur vous. Or, c'est ce que je vivais en permanence.

Une année de printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant