Chapitre 18 - Une rencontre décisive

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Deux jours plus tard, alors que j'étais avec Anne et Marguerite en train de réviser au CDI, Éloïse vint me trouver pour me parler. Elle me prit à part, et me dit directement :

-Je suis désolée si ma réaction t'a blessée l'autre jour. Andy est revenu me parler, et j'ai compris que tu n'y étais pour rien. Je te l'avoue, pendant un moment, je t'en ai voulu. Mais si Andy ne t'en veut pas, alors moi non plus. J'aimais vraiment Anthony, et je lui faisais confiance. Je sais qu'il ne t'a pas sauvé la vie sans raison. Il tenait à toi, et c'était son choix, alors je le respecte.

Elle me tendit la main maladroitement. Je mis un moment à comprendre qu'elle voulait que je la serre en signe de paix.

-J'espère qu'on pourra rester amies comme avant malgré ça, dis-je.

-Amies ? s'étonna Éloïse. Euh...oui, si tu veux.

Je lui adressai un sourire, et elle me le rendit. Je comprenais mieux ce que m'avait dit Andy. Éloïse s'était refermée sur elle-même dans sa peine, et contrairement à Andy et moi, elle n'avait pas réussi à avancer.

-Tu sais, lui dis-je alors, si Andy et moi avons réussi à passer à autre chose, tu devrais en être capable toi aussi. Je suis sûre qu'il y a des tonnes de gens qui aimeraient te connaître.

-Peut-être, me répondit Éloïse. Ça va sûrement me prendre du temps. J'ai toujours du mal à oublier Anthony. Il est toujours dans mes pensées, et son absence me fait tellement mal...je ne m'y habitue toujours pas.

Elle avait les larmes aux yeux. Je ne l'avais jamais vu pleurer avant, ce qui me déconcerta un instant. Je me repris, et je lui répondis :

-Les deux premières années après mon accident, je ne parlais à personne. Sauf aux gens de ma famille. J'avais toujours envie de lui parler, de le voir... Mais je savais qu'il ne me répondrait pas. Alors, j'ai commencé à lui écrire, pour lui dire tout ce que je voulais lui dire. Il ne me répondait pas, mais je me sentais mieux quand même, parce que j'extériorisais mes pensées. Je les écrivais, et après je les ressassais moins. Tu devrais essayer, ça t'aiderait peut-être !

-Je ne sais pas, dit Éloïse en haussant les épaules. J'ai déjà essayé beaucoup de choses, mais je suis trop réaliste. Je ne vois que les faits. Mais je vais essayer, merci du conseil.

Sur ces mots, elle me dit au revoir puis repartit en cours. Je me doutais qu'elle n'essayerait pas vraiment d'appliquer mon conseil, et qu'elle n'y croyait pas, mais j'avais bon espoir qu'elle aille mieux un jour. Je sentais que je ne pouvais rien faire de plus pour l'aider. Je lui avais donné tout ce que je pouvais, et le reste était entre ses mains.

Parfois, il n'y a que le temps qui guérisse les blessures.

Je retournai auprès de Marguerite et d'Anne, qui travaillaient toujours la physique-chimie. C'était la matière où Marguerite avait le plus de difficultés, et je la comprenais : j'avais l'impression qu'on nous parlait de façon compliquée de choses simples et logiques. Après avoir raconté brièvement ma conversation avec Éloïse aux filles, je repris mon travail.

Le midi, Andy et Baptiste vinrent manger avec nous au self. Delphine semblait un peu préoccupée et elle ne parlait pas beaucoup, ce qui rendait le repas un peu gênant, puisqu'Anne ne parlait jamais à Baptiste et à Marguerite lorsqu'ils étaient ensemble. J'étais un peu inquiète pour Delphine, qui s'était isolée volontairement toute la matinée, ce qui était loin d'être dans ses habitudes.

Lors de la récréation de l'après-midi, après notre cours d'histoire, nous étions tous regroupés autour d'un banc, à part Baptiste et Marguerite qui étaient allés chercher un livre au CDI pour leur exposé en latin.

Une année de printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant