Chapitre 7 - L'anniversaire de Marguerite

9 1 0
                                    

Nous arrivâmes vers la fin du cours d'arts plastiques. Le professeur ne nous fit aucune remarque, mais il regarda attentivement nos billets de retard, comme s'il cherchait à prouver leur authenticité. Mes amies me jetèrent un regard lourd de questions, mais je tâchai de ne pas trahir mon mal-être.

Lorsque ce fut l'intercours, Delphine se précipita vers moi la première :

-Qu'est-ce qui t'est arrivé Sophie ? Tu es toute pâle !

-J'ai...

Je m'arrêtai au milieu de la phrase. Je m'apprêtai à leur livrer un mensonge inventé de toute pièce pendant le cours, mais quelque chose m'en empêcha. Non, je ne voulais pas leur mentir. Je voulais leur dire la vérité, je voulais qu'elles me rassurent. Et j'avais besoin de leur parler de ma discussion avec mon oncle la veille, même si c'était impossible puisque ça avait un lien avec mon accident.

Alors je leur expliquai ce qui m'était arrivé, comment Andy m'avait aidée et je leur fis promettre de ne rien dire à personne. Anne me serra dans ses bras, Marguerite me sortit un bonbon de son sac et Delphine me dit en plaisantant, même si son regard trahissait de l'inquiétude : « En même temps quelle idée de se dépêcher pour être à l'heure en cours » !

Cela me fit sourire. Je n'avais, jusqu'alors, jamais ressenti cette sensation d'avoir du soutien auprès de plusieurs personnes. C'est à ce moment que je compris que ces trois filles étaient devenues de véritables amies pour moi. Et j'avais envie d'en être une pour elles aussi.


Le vendredi, Andy et moi devions présenter notre exposé sur Apollon. J'étais très stressée à l'idée de devoir parler devant toute notre classe. Et puis, Andy m'avait dit que c'était sa seule chance de faire remonter sa moyenne de latin qui était actuellement «post-apocalyptique », selon ses mots. Or, la note était commune au groupe, et si je ne réussissais pas, il serait pénalisé lui aussi. Moi qui avais l'habitude de récolter des notes catastrophiques à mes exposés, cette fois j'étais bien obligée de me donner à fond.

Nous arrivâmes en classe avec cinq minutes d'avance afin de préparer notre présentation. Je vis le professeur prendre note de cela dans son carnet et je me dis que ça nous ferait quelques bonus utiles si jamais je bafouillais trop.

-Tu es prête Sophie ? On va tout déchirer, j'en suis sûr.

-J'espère...j'ai trop peur de ne pas réussir à parler !

-Ne t'en fais pas, c'est comme le théâtre ! Il ne faut pas réfléchir, de toutes façons personne n'est là pour te juger. 

-Sauf le professeur, dis-je avec un demi-sourire.

-Euh...oui, mais ce n'est pas très important ! Et puis, je serai là, tu ne seras pas toute seule, me dit-il en me souriant.

-Oui...merci, dis-je en lui jetant un regard reconnaissant.

Les élèves s'installèrent et prirent de quoi prendre des notes. Delphine, Marguerite et Anne me firent des signes d'encouragement et j'entendis Baptiste demander à Marguerite si elle pourrait lui passer ses notes pour le contrôle après.

Andy commença l'exposé. Lorsque ce fut à mon tour de parler, je fis du mieux que je pus. Je pris le temps de prononcer chaque mot distinctement, je ne lus pas mes notes et je leur racontai seulement l'histoire du dieu Apollon qui, comme tous les fils bâtards de Zeus, avait dû subir les représailles d'Héra, la déesse du mariage, épouse de Zeus. Je parlai brièvement de sa sœur Artémis, et Andy présenta les attributs d'Apollon. Nous racontâmes ses exploits et ses erreurs, sa vie sur le mont Olympe.

Lorsque nous eûmes fini, le professeur nous félicita.

-C'était très bien Andy et Sophie. Alors ça vous fera un...dix-neuf.

Une année de printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant