Chapitre 17 - Renaissance

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Le soir, lorsque je rentrai chez moi, mes parents virent tout de suite qu'il m'était arrivé quelque chose à mon visage chamboulé. Je les rassurai et leur expliquai seulement que je devais leur parler, à eux et à Amélie. Ma mère commença à paniquer, persuadée que quelque chose n'allait pas, et elle envoya mon père dire aux voisins qu'ils étaient obligés d'annuler le dîner malgré mes protestations. Lorsque ma mère et ma sœur eurent débarrassé la table et que mon père fut de retour, ils s'assirent chacun sur une chaise et me fixèrent d'un œil inquiet.

Je leur racontai tout. Dans les moindres détails, je relatai ma discussion avec Andy, ainsi que mon accident d'il y a cinq ans. Je voyais bien que ma mère était plus pâle que d'habitude, que ma sœur m'écoutait avec appréhension, et que mon père serrait les poings avec inquiétude.

Je terminai mon récit en leur avouant que, après m'avoir embrassé, Andy m'avait demandé de sortir avec lui et que j'avais accepté. Je vis un grand sourire éclairer le visage de ma sœur en entendant ça, et elle me regarda avec ce qui me sembla être de la fierté.

Mes parents, eux, ne réagirent pas tout de suite à ce point-là. Ils semblaient plutôt inquiets à l'idée de rencontrer les parents d'Andy.

-Quand tu as eu ton accident il y a cinq ans, on n'a vu que brièvement les parents d'Anthony, dit mon père en échangeant un regard avec ma mère. Je les croisais parfois quand ils emmenaient leur fils au vélodrome, mais je ne leur avais jamais beaucoup parlé. Nous sommes allés à l'enterrement d'Anthony, mais nous n'avons pas osé aller les voir.

-Mais nous le ferons, promit ma mère. Je sais que c'est important pour toi, et pour nous aussi d'ailleurs. Peut-être que ça nous fera du bien ?

-Moi, ça m'a fait du bien d'en parler à Andy, dis-je. Pour la première fois depuis mon accident, je me sens...en paix. J'ai l'impression que c'est fini, que je n'ai plus à attendre avant de recommencer à vivre. Je peux à nouveau avancer.

Je me rendis compte que je souriais en disant cela. Quand je pensais à Anthony, maintenant, je n'avais plus envie de pleurer. J'avais envie de sourire. Repenser à lui me redonnait une bouffée d'espoir pour l'avenir. Je savais que je devais vivre pour lui, mais aussi pour ma famille, Andy, ses parents, son frère, sa sœur, et pour mes amis. Il était temps pour moi de faire tout ce que je n'osais plus faire depuis des années. Et je savais exactement par quoi j'allais commencer : le théâtre. Je relevai la tête, et je m'aperçus que mes parents me regardaient avec les yeux remplis de larmes. Mais ils n'avaient pas l'air  tristes, au contraire. Ils avaient l'air heureux pour moi.

-En fait, repris-je avec détachement, mon spectacle de théâtre aura lieu le 28 juin, le samedi après le brevet. Vous allez venir me voir ?

-Bien sûr, répondit mon père en souriant. J'immortaliserai cette scène avec mon appareil photo !

-Je pense qu'on devrait immortaliser cette scène-là aussi, dit Amélie d'un ton joyeux. Demain sera un nouveau jour pour notre famille ! Je pense que nous sommes tous prêts à avancer maintenant. Papa, tu devrais recommencer à courir maintenant. Maman, on devrait aller faire de la natation toutes les deux ! Et moi, j'aimerais commencer de la gymnastique l'an prochain. J'ai toujours aimé ça !

J'étais étonnée que ma sœur, d'habitude si obéissante et sage, prenne soudain ce genre de décisions. Mais j'étais heureuse qu'elle ait compris que c'était le moment pour nous de changer d'air. Ma mère sembla un moment prise de court en l'entendant, mais elle finit par hocher lentement la tête avant d'articuler doucement :

-Tu as raison. Mercredi, nous irons à la piscine ensemble. Mais ne me brusquez pas, s'il vous plaît. Je pense que c'est moi qui ai le plus du mal à avancer... Il me faudra un moment...et je voudrais déjà rencontrer les parents d'Andy et d'Anthony.

Une année de printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant