Chapitre 9 (bis)

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Le père d'Andy, Albert Durac était un homme à la carrure imposante qui riait presque tout le temps. Il faisait toujours tout pour cacher ses émotions, et il avait, semblait-il, passé ce trait de caractère à son fils. Chacun de ses enfants avait hérité de ses yeux bleus, mais seul Andy avait la même couleur de cheveux que lui. Ils étaient particulièrement proches tous les deux, et il était vrai que le garçon avait dû mentionner Sophie dans plusieurs conversations, même à table, puisqu'elle faisait partie de son entourage. Cependant, Albert était sûr que son fils ne lui avait jamais montré une photo de la jeune fille, sinon il s'en souviendrait. Il continuait de se demander où il avait bien pu voir cette jeune fille, mais il n'osait pas aborder le sujet avec sa femme, qui semblait épuisée par sa journée de travail. Il prépara le dîner, cria une ou deux fois aux deux petits de faire moins de bruit car leur mère était fatiguée, et passa le balai en fouillant dans ses souvenirs.

Après avoir pris sa douche, Albert se glissa dans son lit à côté de sa femme, et commença à lire son roman policier qu'il avait commencé la veille. Mais il n'avait pas la tête à cela, car le nom de Sophie et son visage continuait de flotter dans son esprit. Pourquoi cela le perturbait autant ?

-Tout va bien Albert ? demanda sa femme Hélène en le regardant d'un air soucieux. Tu as l'air préoccupé.

-Oui, ça va. Je réfléchis juste à... quelque chose.

-Quoi donc ? C'est à propos du travail ? Des enfants ?

-Non, pas du travail... mais un peu des enfants. On a croisé une amie d'Andy au centre commercial. Sophie. Il en avait déjà parlé à table ?

-Je ne crois pas, non. Attends, si je me souviens ! s'écria-t-elle soudainement. Il avait parlé d'elle une fois. Quand il a obtenu le rôle principal de la pièce, il m'avait dit que c'était grâce à elle, et comme je ne savais pas qui c'était, il m'a raconté qu'elle était nouvelle cette année. Je ne me souviens plus trop du reste.

-Il t'a dit qu'elle était en fauteuil roulant ?

Hélène ouvrit de grands yeux étonnés.

-Non. Je ne savais pas. Andy ne nous parle pas beaucoup du collège, sauf parfois de Baptiste, mais il est certain qu'il a d'autres amis. Je crois d'ailleurs qu'ils prévoient quelque chose pour le nouvel an.

-C'est une bonne chose. Je suis content qu'Andy ait rencontré Baptiste. C'est un garçon bien. Au départ, je m'inquiétais de son état, je me suis dit qu'on aurait dû déménager, mais tout s'est bien passé finalement.

-Et donc cette Sophie, comment est-elle ? lui demanda Hélène avec curiosité.

-Elle a des cheveux châtains, et les yeux bleus-gris... sa tête me rappelle vraiment quelque chose, mais je n'arrive pas à me rappeler quoi. Elle semble calme et timide.

-J'aimerais bien la rencontrer moi aussi. On devrait proposer à Andy d'inviter tous ses amis, je voudrais tous les connaître ! C'est important pour nous de savoir dans quel monde vit notre fils, non ?

-Oui... mais bon, tu sais comme moi qu'il est très secret. Il ne se livre jamais aux autres.

-Un peu comme toi, non ? Vous cachez toujours vos émotions, fit remarquer Hélène en haussant un sourcil.

Albert hocha la tête avec un sourire coupable.

-N'empêche, ça m'embête, je suis sûr d'avoir déjà vu cette fille avant. Même son nom me dit quelque chose !

-C'est donc ça qui te perturbait ? Quel est son nom ?

-Sophie Ollaw.

Hélène ne répondit rien. Étonné, son mari se tourna vers elle et vit dans ses yeux horrifiés quel était donc ce souvenir auquel était liée cette fille.

Sophie Ollaw.

Une année de printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant