Chapitre 5

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Sirius -sous sa forme canine- déambulait dans la ville, il ne savait pas où il allait. Cela faisait trois jours qu'il avait claqué la porte au nez de Remus. L'air abattu, sa fourrure était sale, emmêlée, les gens qui passait à côté de lui se décalaient, les parents éloignaient leurs enfants du grand chien noir qui rappelait tant à un sinistros. Au final, chien ou humain, ça revenait au même... Il faisait fuir les gens, personne ne s'approcherait plus d'un criminel recherché que du symbole du malheur.

Il s'arrêta au milieu de la rue bordée de magasins en tout genre et leva la tête. Il soupira. Pourquoi fallait-il qu'il soit revenu ici ? Devant lui se dressait un magasin de confiseries, les enfants s'extasiaient devant la vitrine et certains comptaient les quelques pièces qu'ils tenaient dans leurs petites mains. Le chien noir regarda un peu plus attentivement autour de lui, il connaissait bien cet endroit non loin du 12, Square Grimmauld. Il était souvent venu dans cette boutique avec son petit frère, avant qu'il ne parte de cette maison qui ressemblait plus à une prison dans ses souvenirs.

Sirius détourna les yeux de la confiserie et continua sa route. Il ne voulait pas se souvenir de ces moments passés avec Regulus... ce dernier était mort de toute façon, à quoi bon essayer de recoller les liens familiaux ? Un idiot de mangemort, c'était ce que son frère était devenu avant de mourir bêtement, remarque, ce n'était pas plus mal. Une personne à haïr en moins. Car à part son oncle décédé, Androméda, Ted et leur fille, ce qui était sa "famille" n'était constitué que de tarés avec l'idéologie du sang-pur enfoncée dans le crâne.

D'ailleurs il se demandait comment ils allaient, les Tonks... Ça devait être dur pour Androméda, d'avoir son cousin qui est devenu un -présumé- assassin évadé et recherché par le Ministère, ça fait un sentiment de trahison. C'est ce qu'il avait ressentit quand il avait appris que Reg avait rejoint ce cher Voldy... Et Nymphadora devait avoir grandit, ça devait lui faire 19... non, 20 ans... Elle est sûrement devenue Auror, quand elle était petite, elle répétait à longueur de journée que c'était génial et qu'elle voudrait faire comme « cousin Siri » plus tard et se battre contre les méchants... Avec ses cheveux qui devenait rouge flamboyant quand on l'appelait Nymphadora et pas Dora, espérons qu'elle ait fini par accepter son prénom quand même... Sirius avait toujours trouvé ça trop mignon ses cheveux qui changent de couleurs... et extrêmement casse-pieds aussi car quand bien même elle n'avait que six ou sept ans, le petite Tonks avait toujours été à vouloir embêter tout le monde -surtout Sirius- et jouer tout le temps à tout et n'importe quoi, par exemple à « celui qui arrive à grimper au plafond le plus vite a gagné ! ». Ça partait d'une bonne intention, mais ce que ça pouvait être fatiguant à certains moments... Elle aurait fait une parfaite petite Maraudeur. La seule personne avec qui Dora était sage était Remus et quand Sirius avait demandé à la petite fille pourquoi, elle lui avait répondu dans le plus grand des calmes « Rem', il a toujours l'air triste et fatigué, alors je l'embête pas... et puis il est gentil et il me lit des livres... et, et .... » et au lieu de finir sa phrase, elle avait fait un grand sourire avec des cheveux roses vifs.

Rem', Remus, Moony... peut importe comment il l'appelait, Sirius se retournait toujours vers lui. Après tout, le loup avait toujours été là pour lui... même quand ils s'étaient séparés après la « blague », Remus avait toujours été là. Pour Sirius ou pour son intérêt personnel, ça, l'animagus s'en fichait. L'important c'était qu'ils ne s'étaient jamais perdus de vue. En tout cas avant que la guerre ne les séparent.

Remus... Sûrement il n'aimait plus Sirius... Après tout quand ce dernier lui avait dit qu'il était désolé de l'avoir laissé seul, Remus avait répondu que Padfoot avait laissé le loup seul et pas Remus -l'humain- . « Le loup était seul pas Remus... » pensa Sirius, « Donc il doit bien avoir quelqu'un dans sa vie... ». Et, pourtant, même en pensant cela, Sirius n'arrêtait pas de se dire que le loup et l'homme ne faisait qu'un. Que certes Remus et Moony étaient différents mais ils étaient aussi la même personne. Ce qui fait la caractéristique d'un loup-garou. Donc que si Moony était seul, alors Remus également.

Tandis que Sirius était perdu dans ses pensées, il était arrivé à seulement quelques pas du Square Grimmauld. Qu'est ce qu'il détestait cet endroit qu'il avait quitté il y a déjà si longtemps... Il s'arrêta en face de la maison et la contempla longuement, il ne savait pas pourquoi il restait planté là, à regarder son ancienne maison... Sirius haïssait ce lieu alors pourquoi il le fixait sans bouger ? Il n'avait lui-même pas la réponse...

Après un long moment il reprit sa route, ne savant pas où il allait, déambulant, la tête baissée, le regard vide. Ses jambes avançaient toutes seules, il aurait pu s'effondrer sur le sol et se laisser mourir, mais pourtant il avançait.

Soudain, il eu envie d'aller quelque part, il n'y avait jamais pensé avant. Et là il était seul, le soir tombait, les rues se vidaient, il n'y avait quasiment plus personne dehors. Il devait aller là-bas, absolument, alors il alla dans une petite ruelle étroite à l'abri des regards, reprit sa forme humaine et transplana.

Quand Sirius arriva à sa destination, il tomba lourdement sur le sol avant de se retransformer le plus vite possible.

Godric's Hollow.

Transplaner après douze ans sans l'avoir fait avait engourdit encore plus tout ses membres qui l'étaient déjà. Sa tête tournait, il avait envie de vomir et la faim lui formait une douleur horrible au ventre.

Et pourtant Sirius se fichait de sa souffrance actuelle.

Il se trouvait au début de la rue de là où avait habité James, Lily et leur petit Harry. Il sentit les larmes lui monter aux yeux et son museau trembler. Il chancela en essayant de s'approcher de la maison des Potters. Le chien noir arriva devant cette maison qui avait été si illuminée autrefois avec toutes les difficultés possibles.

Quand il vit la demeure détruite, le grand chien noir ne pu s'empêcher d' hurler à la mort. Son cri était déchirant, il retranscrivait toute la douleur qu'il avait vécu. Les années passées à Azkaban, la mort de James, de Lily, la trahison de Peter, la guerre, les doutes, la méfiance au quotidien, la séparation avec Remus, les morts de l'Ordre, la mort de Regulus, la trahison de son propre frère, les coups subit par sa famille, la torture, la douleur, la haine, la destruction du bonheur, la perte de ses amis, de ses proches... Lily, James, Marlène, Frank, Alice... toute cette souffrance accumulée au cours des années le brisait, ça le rongeait de l'intérieur, ça le poussait de plus en plus au bord du gouffre... à moins qu'il soit déjà au fond...

Sirius se traîna faiblement jusqu'au cimetière, derrière l'église. Arrivé en face de la tombe de marbre blanc, il lut lentement l'inscription qui était gravé dans le marbre.

« James Potter 1960-1981 Lily Potter 1960-1981

Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort »

Allongé en face du monument qui montrait la vérité accablante, la tête posée sur ses pattes croisées, Sirius relisait encore et encore la phrase dans sa tête. « Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort... » il aimait bien cette phrase, ça montrait que James et Lily n'avaient jamais eu peur de la mort...

Le grand chien noir s'endormit sur cette pensée et plongea dans ses souvenirs qu'il ne s'était pas remémorer depuis des années à cause des détraqueurs, bien que ce n'était pas forcément des passages heureux de sa vie.   

Time will never separate us {Abandonnée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant