Chapitre 10

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Voie 93/4

1er Septembre 1993

Remus se sentit euphorique quand il posa un pied sur la voie 93/4. Un sourire d'enfant illuminait son visage. Le Poudlard Express se dressait devant lui, une légère fumée grise s'échappait de la cheminée du train. Le quai était quasiment vide. Il était tôt, le train ne partirait pas avant bien trois-quart d'heure. Il resta pendant longtemps debout, à détailler le train et le quai, à s'émerveiller devant cet endroit qui lui rappelait la première fois qu'il était venu ici, puis le premier septembre des six années qui avaient suivi.

Il monta dans le premier wagon, en entrant Remus remarqua à quel point rien avait changé. La même odeur spécifique au train flottait dans l'air, une légère odeur de rouille, de charbon et de bonheur. Les cloisons du couloir du train avait la même couleur pourpre légèrement foncée et les portes des compartiments émettaient un petit crissement lorsqu'on les ouvraient.

Le nouveau professeur s'assit sur une des banquettes du dernier compartiment du train et appuya sa tête contre la vitre du wagon. Remus passa le bout de son index sur le petit coin en bas à droite de la vitre. Il y sentit que quelque chose avait été gravé dans le verre. Il se recula pour pouvoir mieux admirer le petit M inscrit dans la surface.

M comme Maraudeurs. Les quatres amis avaient eu l'idée de graver cette petite lettre la dernière fois qu'ils avaient pris le Poudlard Express. Bien que Lily fut réticente en trouvant cette idée « de la plus grande idiotie qui soit », elle ne put empêcher James de graver le petit M.

« -Pour les que les prochains qui passeront ici aient tout nos encouragements pour prendre notre relève ! S'était-il écrié.

-Mouais, 'fin cha rechte nous les meilleurs ! Avait répliqué Sirius, la bouche pleine de dragées surprise pour avoir perdu un pari.

-Ah bah, bonjour la modestie. Ironisa Remus.

-C'est clair, peu être qu'un jour d'autres seront meilleurs que vous. Dit Lily.

-Par contre c'est pas un peu petit comme encouragement ? Demanda Peter.

-Ouais, c'est vrai. Acquiesça Remus. Faudrait mettre un truc un peu plus explicite.

-Remus ! Intervint Lily.

- Enfin quoi, c'est vrai, on comprend pas vraiment ce que ça veut dire M tout seul. Se défendit le loup.

-Chuis d'accord avec 'Mus. Dit Sirius.

-Donc on rajoute quoi ? Demanda James.

-Un truc du style « Messrs Moony, Wormtail, Padfoot et Prongs... Commença Peter.

-...vous donnent tout leurs encouragements... continua Remus.

-...pour semer le trouble...dit Sirius après avoir avaler ses dragées.

-...et prendre la relève des Marauders...continua James.

-...à l'école de sorcellerie Poudlard ! » Finirent les quatres amis à l'unisson.

Et James grava la petite phrase dans la paroi du wagon en dessous de l'accoudoir du siège, en dessous de petit M.

Et, en effet, la phrase que James avait inscrite des années plus tôt dans le métal était restée à sa place, toujours lisible.

Remus ne sait pas combien de temps il passa à relire et à admirer encore et encore la petite phrase. Un véritable sourire illuminait son visage, bien qu'il soit doté d'une pointe de tristesse.

Après quelques minutes, Lupin se rassit au fond du siège et appuya de nouveau sa tête contre le verre de la vitre. Il était fatigué, la pleine lune datait d'il y a deux jours et il n'avait pas encore totalement récupéré. Bien qu'après le départ précipité de Sirius il avait essayer de reprendre des forces, puisqu'il allait être professeur, le son de la porte qui claque était resté gravé dans ses oreilles et les remords le rongeaient.

Il s'en voulait d'avoir agi de la sorte. Ses propres mots qu'il avait lui-même craché à la figure de Sirius résonnait dans sa tête : « ALORS POURQUOI T'ES REVENU ?! », « T'aurais pu t'échapper avant et pas patienter tout ce temps. C'était si agréable que ça, Azkaban ? ». Pourquoi il s'était énervé comme ça ? Pourquoi il avait agi comme ça ? « Remus Lupin t'es le pire imbécile qui soit. » pensa t-il.

Remus avait les réponses à toutes les questions qu'il avait posées à Sirius. Si l'animagus était resté si longtemps en prison, c'est qu'il se croyait lui-même coupable de la mort de James et Lily. Si il était revenu, c'est tout simplement par ce qu'il était seul, parce que personne ne pouvait l'aider, le monde entier le croyait criminel et la seule personne en qui Sirius pouvait voir une lueur d'espoir était Remus.

Mais ce dernier l'avait rejeté de la plus horrible façon qui soit...et s'en voulait. C'était tellement pathétique...

Le pire dans tout cela ce n'était pas que Remus s'en voulait ou que Sirius était sûrement en train de combattre la mort dehors.

Le pire c'était que Remus doutait.

Au fond de lui quelque chose lui susurrait à l'oreille que tout cela n'était qu'un rêve, que Sirius n'était jamais passer chez lui, ou alors que si il était vraiment venu, il ne lui avait pas dit la vérité. Après tout, Sirius était un Black, il venait d'une famille de sang-purs qui approuvaient les idées de Voldemort, son frère avait été un mangemort, sa cousine était la plus redoutable partisane du mage noir...

« Stop. Stop. Tais-toi. »se répéta Remus. Mais la petite voix continuait : franchement, le petit Peter, un mangemort ? Impossible ! Il était ton ami, Wormtail, un Maraudeur ! Il est devenu un animagus pour toi.

« Tais-toi. Tais-toi. Tais-toi. »

Peter était tellement gentil. Il n'aurait jamais pu tuer Lily et James. Il n'aurait jamais pu laisser un orphelin derrière lui. Il n'aurait jamais pu tuer douze mol...

« Fermes la. Tais-toi. La ferme. Arrête ça. »

Mais la la voix sifflante continuait. Le petit Wormtail, toujours derrière James et Sirius, assassin ? Sottises ! Sirius est beaucoup mieux qualifié pour ce rôle, tu ne crois pas ? Sirius Black ! Grand partisan de Lord Voldemort ! Expert en magie noire ! Ça sonne bien, non ?

« Tais-toi. Sirius aussi est devenu un animagus pour moi. Sirius et James étaient comme jumeaux. Sirius haïssait sa famille. Sirius m'a aimé et je l'ai aimé aussi. Je l'ai déjà vu pleurer. Il a été effondré après qu'il ait failli tuer Snape. »

Black se fichait bien de la vie de Snivellus, il aurait pu le tuer de sang froid sans aucun remords.

« On parle de Sirius là ! Oui, il se fichait sûrement de la vie de Snape. Mais il n'aurait jamais pu le tuer, car il savait que ni James ni moi ne l'aurions pardonné pour un tel acte. Quand il s'est fait renier par sa famille, Sirius a pleuré. Bien qu'il les détestait au plus haut point, Sirius n'avait que seize ans à l'époque ! Il était bien trop jeune pour subir tout cela ! Il s'en ait voulu pendant des semaines d'avoir laissé son petit frère derrière lui ! Alors, tais-toi ! Tu ne l'as pas connu ! Tu n'es rien, tu n'existes pas ! »

La petite voix sifflante et glaciale se tut, laissant place au silence qui habitait le compartiment.

Ce compartiment avait été rempli de rires, de bonheur, de joie autrefois, il avait été un endroit où l'on oubliait l'existence du Mal, de Voldemort, des meurtres, du danger qui régnait en dehors de Poudlard, où l'on se construisait des rêves, des projets d'avenir.

Et aujourd'hui il ne restait plus qu'un Maraudeur, seul, dans le petit espace.

Remus releva légèrement sa cape sur son visage, de façon à dissimuler un peu ses cicatrices, et s'endormit, épuisé par la pleine lune et son combat mental.

Time will never separate us {Abandonnée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant