Pretty Young & Rich

XLVI

-Je.. Je t aime aussi! Je t'aime ! Je suis fou amoureux de toi!

Ces deux mots que j'attendais depuis toujours.. Il les avait enfin prononcés. Il s'était ouvert a moi, sans aucune pudeur ni retenu, et en se désarmant de cette carapace qui l'avait empêché jusqu'a maintenant de libérer ses émotions, apparemment prisonnières depuis bien trop longtemps. C'était le vrai Clément que j'avais en face de moi : émotif, sincère et empli de doutes. Le Clément que j'avais connu jusqu'a maintenant n'était qu'une armure derrière laquelle il se dissimulait pour affronter la dureté de son quotidien avec panache. Mais il avait fini par la rompre, et cessé de renier devant moi ses faiblesses, ses sentiments. Il l avait dit.. "Je t'aime". Ces mots résonnèrent dans ma tête tel un gong qu'on aurait frappé trop fort. C'etait donc ca qu'il projetait de me déclarer, lorsqu'il avait tenté de me joindre peu de temps avant.. Mais je lui avais cruellement raccroché au nez, pensant qu'il allait me sortir son baratin habituel et m'endormir avec ses belles paroles. Je culpabilisa affreusement. J'aurais du le laissé parler et l'écouter, au lieu de couper ce fichu téléphone! Pourquoi fallait il que je prenne toujours les mauvaises décisions, au mauvais moment? Ma déesse intérieure s'arrachait les cheveux en tapant du pied, folle de rage et inconsolable. Merde, merde, merde..
Abasourdie et foudroyée, j'entre-ouvris ma bouche en écarquillant mes yeux et resta plantée devant lui, totalement immobile et muette. Il se rapprocha encore un peu plus de moi, craintif et dans l'attente d'une quelconque réponse, en intensifiant son regard dans le mien.

- Dis moi quelque chose. N'importe quoi. me murmura t'il en me fixant d'un air suppliant.

- Tu.. Tu m'aimes?! lui demandais je, affichant une mine choquée et peu convaincue.

- Tu veux que je te le dise encore une fois? Oui, je t'aime. Voila, c'est sorti. Et putain, ça fait du bien! J'ai jamais rencontré une fille comme toi. Il se passe quelque chose d'inexplicable entre toi et moi.. Je suis sure que tu le sens aussi. Tu.. Tu me possèdes, totalement. Je n'arrives plus a faire quoi que ce soit sans penser a toi. J'aurais du te le dire bien avant, mais j'étais trop con et égoïste pour me l'avouer.. Mais maintenant, les choses ont changées. J'ai compris..J'ai compris, bébé..me susurra t'il en saisissant mon visage entres ses larges paumes douces et froides.

Il blottit son front sur le mien et le laissa doucement glisser sur le côté de ma tête pour enfouir son nez dans mes cheveux et les humer. J'étais complètement paralysée.. Que devais je faire face a cet étalage flagrant d'amour et de sincérité? La passion qui animait mon cœur allait-elle piétiner la raison qui, elle, m'ordonnait de ne pas oublier les erreurs qu'il avait commises? Il ferma ses yeux et colla son corps bouillonnant contre le mien en respirant mon parfum avec exaltation et soulagement. Son souffle chaud sur ma peau, cette dangereuse proximité, me firent perdre pied.. Ses mains se posèrent sur mes hanches et remontèrent lentement dans mon dos pour me plaquer contre son torse et m'enlacer tendrement. Je m'égara progressivement dans ses bras et m'abandonna sans pouvoir lutter contre ma conscience contrariée.. Je m'y sentais si bien, dans ses bras. Sa chaleur, son odeur, sa voix.. Comment étais je censée résister?

- Dis le moi bébé.. J'ai besoin de l'entendre aussi...murmura t'il fiévreusement au creux de mon oreille.

Lui le dire? Dans quel but? Je ne voulais pas l'encourager dans sa démarche, il était hors de question que je m'abaisse une fois de plus a sa volonté. C'était tellement facile pour lui et injuste pour moi.. Il m'avait mentît, et surtout, pris du bon temps avec cette pimbêche de Louise tandis que nous nous fréquentions déjà. C'est ainsi que j'avais l'intention de lui faire regretter ses dérapages? Il existait des châtiments bien plus contrariants et efficaces que lui déclarer mon amour.. Et Ezio! Je l'avais presque oublié. Comment allais je pouvoir expliquer a Clément sa présence chez moi? Il allait sûrement être fou de rage en le découvrant ici, si il le découvrait. Et qu'allais je dire a Ezio, suite a notre bref baiser et les aveux de Clément ? Ces questions se heurtèrent dans ma matiere grise et me donnèrent le tournis. Je secoua vivement ma tête de gauche a droite comme pour me désenvoûter de Clément, et le repoussa doucement.