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Ma tête me fait atrocement mal. J'ai mal...très mal...C'est tellement douloureux...je n'arrive même plus à me concentrer sans qu'un insupportable martyre me traverse tout le crâne.

"Leandro, bon retour, mon chéri !

- Bonjour, mère."


Il ne paraît pas surpris de voir sa mère, chose qui m'étonne plus que quiconque.

"La mère - Hé, toi ! Où est la politesse ? Mon fils est de retour et tu ne prononces aucun mot ?

Moi - J-je suis désolée...Bonsoir...

Leandro - Bonsoir.

Moi - Je vais prendre votre veste...

Leandro - ça ne sera pas nécessaire. Je vais raccompagner ma mère à la maison.

La mère - Mais...

Leandro - Allons-y.


Il sors de suite. Sa mère me toise alors d'un mauvais œil et s'en va rapidement récupérer son manteau et son sac dans le salon, avant d'en revenir, un peu en rogne, et de quitter la maison, en claquant la porte, afin de me faire comprendre son irritation. Quand à moi, je reste là, plantée devant la porte d'entrée, sans dire mot.

Lorsque je suis finalement assurée qu'ils sont loin de la maison, je mets alors à pleurer et à crier de toutes mes forces. J'en ai marre, j'en ai marre, j'en ai marre. Je veux rentrer chez moi, je veux rentrer ! Je veux revoir ma famille, je veux être à nouveaux entourée de mes amis, et pouvoir faire ce que je veux sans que quelqu'un ne puisse m'en dissuader...je ne supporte plus cette torture...je ne supporte plus de devoir subir les attouchements de Leandro, de ne pas avoir de contact avec l'extérieur, et de désormais avoir à supporter les caprices de sa mère...

"Mamà...nngh...mamà..."


Moi qui me plaignais d'avoir trop de frères et sœurs, un père violent et une mère chiante, voilà que je cherche dorénavant à les revoir...J'aimerais sortir et partir d'ici, mais, même si j'en ai la possibilité, j'ai peur. Ils dépendent de moi. Leur survie n'est assurée que si je reste avec cet homme, et que j'obéisse à ses ordres, même les plus fous d'entre eux...Les fenêtres et la porte me sont toutes ouvertes, et pourtant, je ne bouge pas. Je le craint. Je craint cet homme...et je redoute mon futur et celui de ma famille.


"Je suis de retour.

- Bonsoir..."


Je me lève du canapé et bondit jusqu'à lui.

"Puis-je prendre votre veste ?

- Tiens. Le dîner est prêt ?"


...Aaaah ! Le dîner ! Le bain ! Je les ai complètement oubliés !! J'étais tellement préoccupée avec sa mère, ma blessure à la tête et mon désespoir que j'en ai pleinement oublié mon rôle de femme, qui est entre autres aussi mon "plan fatal pour conquérir le monstre qui me sers d'époux et en finir avec lui". Qu'est-ce que je vais faire ?!

"Je...je suis désolée...j'ai...j'ai oublié..."


Le stress me monte d'un cran et je sens mes jambes se raidir. Il ne faut surtout pas que je m'affole...

"Bon, et bien, nous nous débrouillerons."


Hein ? Nous ? Débrouiller ? Débrouiller à quoi ?

"Dépose ma veste dans la chambre et rejoins-moi dans la cuisine.

- P-pourquoi faire ?

- On va se préparer un truc vite fait, du genre...qu'est-ce que tu aimes ?"


Il me demande ça, à MOI ?! C'est nouveau ça ! Il me demande mon avis.

"Q-q-q-queso..."


Merde, je bafouille, et c'est le genre de chose qui l'énerve très facilement. Reprends-toi, mais reprends-toi, bon sang ! Tu vois bien qu'il ne va pas te faire de mal, il t'a juste posé une question, Sandra !!

"Ahahaha, on a le disque rayé, à ce que je vois !

- Pardon...

- Queso Relleno, c'est ça ?

- Oui...

- Je connais. Tu l'aimes comment ?

- ...en boules.

- En boules ?

- Oui...

- Je ne vois pas vraiment de quoi tu parles.

- Si vous voulez, on peut le faire ensemble ?

- C'était mon but."


Son but ? Il voulait qu'on cuisine ensemble ? Ah, c'est donc pour cette raison qu'il parlait de "nous". ça me trouble, tout de même. Depuis notre mariage, il n'a jamais pensé à m'aider en quoi que ce soit, et, honnêtement, c'est la première fois que je le vois aussi...détendu.

*

Entre nous deux quelqu'un doit souffrir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant