Chapitre 17

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Il avait tant de choses à lui dire. Tant de choses à lui écrire. Tant de chansons à lui chanter. Et c'est ce qu'il faisait. Il chantait la nuit, dansait sans bruit. Il rêvait d'elle et pleurait parfois. Et surtout, il s'imaginait comment sa vie serait avec elle. Si elle avait été là. Si elle avait survécu à son accouchement. Est-ce que son père serait aussi violent avec elle ? Est-ce qu'ils formeraient une véritable famille ? Est-ce qu'ils seraient heureux ? Est-ce que son papa l'aimerait ? 

Minho avait tant de questions. Mais jamais de réponses. Et il cogitait la nuit, même le jour. Souvent, il parlait à sa maman. Lui demandant des conseils. Lui demandant comment est l'autre monde.  Et, il avait besoin de sa maman. Parce qu'on en a tous besoin d'une. Il avait besoin de cette personne qui jouait ce rôle. Mais il ne l'avait pas. Et souvent, il se demandait ce qu'il avait fait de mal dans son autre vie pour avoir celle-ci maintenant. 

Mais, il avait cet espoir, cet espoir de vivre pour de vrai. Mais il ne savait pas comment réussir. Parce que tout était déjà mort en lui. Tout. Parce qu'il perdait tout. Tout. Et il ne voulait pas perdre encore plus. 

Et c'est peut-être pour cette raison qu'il était encore là, en cours. Alors que midi avait sonné. Lui, il était toujours assis dans sa classe et n'avait pas bougé. Il était seul et ça lui plaisait. Minho griffonné des mots sur du papier. Et il appréciait. Se libérait. 

C'était comme une mélodie qui se baladait dans sa tête. Et des mots qui se formaient seuls. Il entendait du piano alors que personne n'en jouait. 

Je veux que tu sache une chose. S'il te plait, écoute-moi et ne met pas en pose. Et tous les mots se répètent. C'est comme une mélodie qui résonne dans ma tête. Et je suis désolé si cela ne veut rien dire pour vous. Et je suis désolé de te décevoir chaque jour.

Et le monde s'arrêtait. C'était lui avec ses écrits. Lui et sa musique. Il n'y avait plus rien autour. Juste un garçon et sa chanson. 

Mais pour une fois, crois-moi. Je sais que tu ne dois pas être fière de moi. Et je fais mon possible pour m'en sortir sans toi. L'un de nous deux est parti. Et j'aurais préféré ne pas être en vie. Plutôt que tu hante mon esprit.

Et, il avait les yeux qui brillaient. Mais aucunes larmes ne coulaient. Elles étaient comme figées dans ses pupilles. Comme pour dire "tu es plus fort que ça." 

Pas le temps pour des adieux. Je n'ai même pas ouvert les yeux. Tu m'as donné ton souffle. Et aujourd'hui, c'est moi qui souffre.

Si je pouvais revenir en arrière. Si tu pouvais partir la dernière. Alors peut-être que j'irai mieux. Peut-être que nous serons heureux.

Jours silencieux, jours malheureux. Peux-tu s'il te plaît, me parler rien qu'une fois ? Et moi, je crois en toi. Je sais que je peux te voir à travers mes yeux. Et je suis désolé pour tout.

Chaque mots noircissaient les pages blanches de son cahier, et c'était comme dans les trucs qu'on voit à la télé. Ce garçon discret qui cache un secret. 

Il y a des conversations dans ma tête. Je sais que tu m'entends et c'est bête. Je ne voulais pas te prendre la vie. Je ne voulais pas te détruire mais tout s'est passé si vite.

Qu'est-ce que je devrais faire ? J'ai tué ma mère. Je voudrais écrire un mot dans le ciel. Je voudrais remplir ce gris d'étincelles. Et remplacer ce vide par "je t'aime". Tu es ma douleur et c'est pour ça que je l'aime.

Il était dans sa bulle et il écrivait encore. Ne sachant que faire d'autre. Parfois, elle lui manquait plus que d'habitude. Même s'il ne l'avait jamais réellement connu. Elle reste sa maman. Sa confidente, son pansement.  

Pas le temps pour des adieux. Je n'ai même pas ouvert les yeux. Tu m'as donné ton souffle. Et aujourd'hui, c'est moi qui souffre.

Si je pouvais revenir en arrière. Si tu pouvais partir la dernière. Alors peut-être que j'irai mieux. Peut-être que nous serons heureux. 

Si seulement tu pouvais savoir que je ne voulais pas te voler ta vie. Si seulement tu pouvais entendre mes cries. J'aimerai que tu me pardonnes. Que tu restes debout et que tu m'atteignes.

Il voulait lui prendre la main. La serrer et lui dire à quel point il était désolé. Mais malheureusement, il devait vivre avec ce regret, tout sa vie. Celui d'avoir tué sa mère. 

Et il y avait une chance sur un million. Si seulement j'avais su réparer ton cœur. Si seulement j'avais su faire taire ta douleur. Je voulais te donner ma maison.

Echangeons les rôles. Je veux t'offrir ma maison. Mes paroles sont peut-être un peu folles. Mais j'ai besoin de te retrouver pour de bon. 

J'ai besoin de te retrouver pour de bon. Alors, rentrons à la maison. 

Cette fois, il ne pouvait contrôler ses larmes. Et il s'effondra. Ici là. Au milieu de la salle de cours. Il était si seul et si triste en même temps. Mais Minho ne pouvait rien faire d'autre que pleurer. Parce qu'il accumulait trop depuis trop de temps. Alors, pour une fois il s'autorisait à lâcher prise. Même si c'était dans un endroit comme celui-là, où tout le monde pourrait le juger. 

Mais qui sont-ils pour le faire ? 

Ont-ils le droit de le critiquer parce qu'il est triste ? Sont-ils au courant de la raison de ses pleures ? Non, bien-sûr que non. Alors, personne n'est en mesure de dire quoi que se soit. Parce qu'on a tous nos douleurs, qu'elles soient douces ou atroces. Elles font mal quand même. Et aucun être vivant peut se permettre de faire une remarque. Qu'elle soit gentille ou méchante. Douce ou tranchante. Il faut juste se taire et passer son chemin. 

Ou alors, peut-être faire comme ce garçon qui passait par-là. Peut-être qu'il chercher le vert. Ou peut-être qu'il se promenait simplement. Peu importe. Il était simplement là, au bon moment. 

Le blond était rentré dans la salle et s'était dirigé vers Minho. Sans un mot, il avait entouré, de ses bras musclés, le corps trop maigre de ce jeune adolescent pas content. 

Et peut-être que Minho avait remercié silencieusement Chan d'avoir été là alors qu'il voulait simplement faire taire les mots dans sa tête. 

Et les maux dans son âme aussi. 

 

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Un chat errantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant