Chapitre 21

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Tout était gris aujourd'hui. Le temps, la nuit, la vie, les bruits, les heures, les gens et même le ciel. Et peut-être que les esprits de chaque personnes présentent dans cette ville grise étaient de cette couleur eux aussi. Alors, ce n'était pas une si bonne journée. Parce que quand tout est gris, c'est compliqué de se dire si c'est bien ou pas. Parce que dans la tête des gens, tout est blanc ou noir. Pas gris. Alors il est problématique ce gris. Il embête le monde. 

Il est différent. 

Et peut-être qu'en réalité, le blanc et le noir représentent les gens gentils et méchants. Et le gris représente le garçon aux cheveux vert. Parce qu'il ne se sent pas à sa place dans cette société. Il se sent comme une bête dans une cage. Comme un pion qu'on maitrise. Et il déteste ça. Il déteste le fait d'être dirigé. De devoir respecter les lois. De devoir respecter les règles. De ne pas décider ce qui est bon pour lui ou pas. Et même s'il fait les mauvais choix, il apprendra mieux par lui-même. En se trompant. Alors, est-ce qu'on peut laisser une chance à cet adolescent ? Une chance d'être lui. Sans jugements. Sans cris. Sans mots blessants. 

Être simplement lui, avec ses choix, ses convictions, ses délires, ses chansons, sa propre vie. 

Parce que le monde moderne tourne dans le mauvais sens. Parce qu'il est à contre sens. Parce que Minho tourne de l'autre côté. 

Mais quel est le bon sens ? 

Personne ne le sait. Parce que tout le monde s'en fiche. Parce qu'on est tous des pions. Comme Minho au fond. Et que même si nous voulons sortir des normes. Nous ne le pouvons pas complétement. 

Triste réalité. Hmm. 

Et comme le ciel est gris, et les gens aussi. Minho se dirige au mauvais endroit. Mais disons que la vie est vache avec lui. Alors, il est dans l'obligation d'aller chez son père. C'est comme ça. Il ne pouvait pas éternellement le fuir. Parce que Minho n'était pas encore majeur. Alors, parfois il avait juste besoin de son papa. Indirectement, et contre sa volonté, bien évidemment. 

Nous étions lundi soir et il était en quelques sortes dix-huit heure. Le ciel était déjà noir parce que l'hiver approchait. Alors, c'est sous les lampadaires et avec la capuche de son sweat rose sur la tête que Minho allait dans la maison de son enfance. Il avait les mains dans les poches, par dessus son pull, une veste en cuir noir. Un bas troué de la même couleur que sa veste. Ses chaussures habituelles accompagnés de chaussettes roses. Puis les mêmes bijoux que tous les jours. Le même sac et le même casque. Et il traversait les rues, sous la pluie. Parce qu'il avait loupé son bus. Et surtout pour faire durer le temps de trajet. 

Parce qu'au fond, Minho était terrifié. Pas de son père. Mais de la situation. Imaginons que Hyunjin le retrouvait à moitié mort ? Comment allait-il réagir ? Il ne le savait même pas lui-même. Et au fond, Minho détestait ses professeurs. Parce que c'était de leurs fautes s'il devait retourner voir son géniteur. Et pour ça, il avait la haine. 

Alors, il écoutait de la musique Minho. Et c'était le même chanteur que d'habitude. Son chanteur préféré de tous les temps. Mais pas le même album cette fois. Non, c'était une chanson. Toujours la même. Qu'il mettait en boucle encore et encore. Parce qu'elle lui parlait. Parce qu'elle lui donnait de l'espoir. Parce que quand il écoutait cette chanson, avec cette voix, avec ces paroles, avec cette mélodie, avec ce message caché. Il avait de nouveau foi en l'humanité. Il avait de nouveau espoir. Un espoir immense qui remplissait son cœur d'un amour gigantesque. 

L'espoir d'être sauvé. 

Parce qu'il y a de l'espoir pour la jeunesse d'aujourd'hui. 

Et ça rend les choses magnifiques. 

Devant la porte, les cheveux et les chaussettes trempés, Minho est entré. Il prend son courage à deux mains et traverse le petit couloir qui le mène au salon. Ce qu'il voit le dégoutte. Il y a un bazar monstrueux un peu partout. Des cannettes, bouteilles en verre de toutes sortes d'alcool trainent un peu partout dans le salon. Des cigarettes sont écrasés au sol, sur la table et même sur différents meubles. Dans la cuisine, la vaisselle n'est pas faites depuis trop longtemps. Et des cartons de pizza se trouvent sur le plan de travail. Et il y a tellement de chose partout que Minho ne regarde pas tout. Alors, il remarque que son père n'est pas là. Et il soupire fort. 

Un chat errantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant