Chapitre 18

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Le mois de mai arrivait doucement mais sûrement. Le réchauffement des températures l'accompagnait fidèlement. C'était donc vêtue d'une jolie robe à motif floral et d'une veste que Kilari se rendait dans la brasserie où elle travaillait depuis quelques mois maintenant. En entrant, elle salua le patron qui était en train de préparer la salle qui lui son sourire avant de rejoindre les vestiaires pour déposer sa veste et se changer pour enfiler sa tenue de travail qui l'attendait sagement dans son casier. 

Depuis les mois qui avaient passé, Kilari avait acquis une bonne maîtrise du français, même si elle avait du mal encore, mais c'était amplement suffisant pour comprendre son entourage et qu'elle puisse s'exprimer oralement ou par écrit. Elle rejoignit rapidement le patron qui était en train de discuter avec un serveur qui avait commencé peu de temps après elle. 

- Bonjour Paul, je ne savais pas que tu étais arrivé. 
- Salut Kilari. Je suis arrivé quelques minutes avant toi, j'étais en train de me changer aussi, lui sourit-il. 

Oui, parce que l'une des choses auxquelles la jeune femme avait dû s'habituer en arrivant en France, c'était que dans ce pays, on appelait les gens par leur prénom, pas par leur nom de famille. Si ça lui avait fait un peu bizarre au début, elle s'était vite habituée. Surtout que finalement, tout le monde l'appelait par son prénom au Japon, puisqu'elle était une artiste, mais depuis qu'elle était revenue à une vie plus ou moins normal, c'était plus rare. 

- On ouvre dans combien de temps ? 
- Bientôt. Quelques minutes. 
- Tu as besoin que je fasse quelque chose en particulier ? 
- Non, ne t'inquiète pas. 

Le patron était un peu une figure paternelle depuis qu'elle l'avait rencontré. Kilari savait que si elle avait besoin d'aide elle pouvait l'appeler. Bien sûr, elle était toujours en contact avec sa première amie en France, mais si elles essayaient de se voir une fois par semaine, ça restait parfois compliqué. 

- Tu veux t'asseoir cinq minutes avec nous ? 
- Pourquoi pas ? 
- Je donnais un peu de nouvelles de ma famille. Je t'avais dit que ma soeur est partie en Angleterre il y a deux mois, elle a rencontré quelqu'un là-bas, j'ai hâte de le rencontrer. 

La jeune femme sourit doucement à son ami. Il est vrai qu'autant lui que celui qui gérait cet endroit lui avait parlé de leurs familles respectives. Elle ne l'avait jamais fait. Ils ne connaissaient pas grand chose d'elle si ce n'est son nom. 

- D'ailleurs, tu as de la famille quelque part, toi ? 
- Oui, sourit-elle, nostalgique. Mon père vit au Japon encore, mon frère et ma mère en Amérique. Je ne me souviens pas exactement de là où vit ma mère, mais mon frère vivait à New-York la dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles. 
- Tu n'es plus en contact avec eux ? 
- Non... J'ai fui le Japon, je ne voulais pas prendre le risque qu'on me retrouve. J'ai coupé mon ancien téléphone et j'en utilise un nouveau, mais je ne leur ai pas donné mon nouveau numéro. 
- Ils ne te manquent pas ? Parce que quand même... Tu travailles ici depuis... sept ou huit mois, mais je suppose que tu es arrivée en France avant et tu n'as eu aucune nouvelle ? 
- Bien sûr qu'ils me manquent, mais j'ai causé assez de problèmes comme ça. Que ce soit pour eux ou pour moi, j'avais besoin de partir et au moins, ils n'auront plus à se préoccuper de moi. C'est mieux ainsi. Mais oui, ils me manquent... Et pas seulement eux, mes amis aussi. Et aussi un peu la famille de l'un en particulier... 

En se souvenant des Kazama, elle se sentit une nouvelle fois coupable de ne pas avoir donné de nouvelles et surtout de ne pas avoir dit à Nagumo qu'elle ne pourrait pas le voir. 

- Au fait ! J'ai vu qu'un nouveau film allait sortir dimanche, je crois. On pourrait y aller tous les trois ? 
- Je serais là, ça nous fera du bien de nous voir en dehors du cadre professionnel. 
- Et toi, Kilari ? 
- D'accord. Je viendrais. 

[Kilari] RévolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant