Ce n'est que vers dix-neuf heures que Kilari cessa ses recherches d'appartement et de travail. Elle était épuisée. Elle configura son téléphone de façon à ce que la langue utilisée soit le japonais pour qu'elle comprenne un minimum ce qu'elle lisait. Quand elle regarda l'heure sur son nouveau téléphone, elle fit le calcul avec l'heure du Japon, elle se rendit compte que chez elle, il était déjà deux heures. Enfin... Chez elle... Elle eut une baisse de moral en se souvenant que dorénavant, chez elle, ce serait en France. Elle se rappela du morceau de papier que lui avait donné la femme qu'elle avait rencontrée dans la matinée. Elle attrapa sa veste, chercha la feuille et entra le numéro dans son téléphone. Elle ne savait pas bien comment fonctionnait les opérateurs en France, mais ça ne devait pas être si compliqué que ça.
Elle cliqua sur l'icone du message sur la fiche contact et tapa un message puis elle se demanda si la jeune femme saurait lire en japonais puisqu'il y a une différence entre savoir parler et lire cette langue.
Malgré son hésitation, la jeune femme écrivit son message et l'envoya avant de partir se changer et de s'allonger. Elle était épuisée. Le décalage horaire se faisait sentir. Elle s'endormit sans même avoir le temps de regarder si elle avait reçu une réponse de la part de Lucie.
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Lorsqu'elle se réveilla le lendemain, il était encore tôt. Elle avait dormi un peu plus tard que la veille, mais huit heures, ça restait tôt.
Elle avait remarqué un message sur son téléphone en regardant l'heure mais ne l'avait pas lu, encore à moitié endormie. Elle se leva et alla prendre une douche pour se réveiller.
En sortant de la salle de bain, elle ouvrit les volets de sa chambre et fut surprise de la luminosité déjà présente au dehors. Elle contempla un moment la rue de l'hôtel, les gens qui se pressaient sans doute pour ne pas être en retard et finalement, elle referma sa fenêtre et se retourna pour observer un peu sa chambre, soudainement motivée. Elle ouvrit le message qu'elle avait reçu et vit que la jeune femme qu'elle avait rencontré lui proposait qu'elles se voient le samedi qui arrivait autour d'un café et qu'elle lui fasse visiter un peu le quartier.
Kilari accepta et ralluma son ordinateur sans attendre. Elle chercha un professeur de français et en contacta quelques uns pour savoir s'ils seraient disponibles rapidement et régulièrement pour que la blonde réussisse à maîtriser la langue rapidement, ce qui l'aiderait probablement à trouver un travail.
Oui, parce que même si l'ancien travail de la jeune femme lui avait permis d'acquérir une somme qui ne lui servirait même sans doute pas entièrement dans sa vie, qu'est-ce qu'une vie si nous n'en faisons rien ? Elle avait besoin de reprendre une vie comme qui dirait "normale", loin du monde du spectacle.
Aux alentours de quatorze heures, elle reçut une réponse d'un homme qui lui disait être disponible dès la semaine prochaine. Ils discutèrent du prix et du nombre d'heures par semaines et parvinrent à un accord. Elle aurait son premier cours le lundi à dix heures.
Kilari trouva un appartement qui ne lui semblait pas trop cher au loyer à louer. Elle contacta l'agence qui lui proposa une visite le lendemain en fin d'après-midi.
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- Donc tu me dis que tu as déjà trouvé un appartement et un prof de français ? C'est génial ! Tu avances super vite !
- Je n'ai que ça à faire de mes journées, tu sais...
- Et pour le travail ? Tu as une idée du domaine dans lequel tu souhaites travailler ?
- Hm... Non, pas vraiment... J'essaye de réfléchir, mais je n'en ai aucune idée...
- Tu travaillais dans quoi lorsque tu vivais au Japon ?
- Hm...Le jeune femme réfléchit un moment, elle ne voulait pas dire la vérité. Plus elle parlerait de sa vie, plus il y aurait de chances qu'un jour Lucie découvre qui elle est.
- J'étais serveuse. Dans un café.
Elle ne devait pas donner trop de détails, c'est ce qu'on avait tendance à faire quand on mentait, elle l'avait remarqué dans le monde du spectacle. Pour que ce soit crédible, elle devait dire le strict nécessaire, ni plus ni moins.
- Oh ! C'est l'un des premiers jobs que j'ai fait !
- Ah oui ? Tu en as fait plusieurs ?
- Oui...La jeune femme lui parla d'un grand nombre de boulot qu'elle avait fait avant d'arriver à celui qu'elle faisait actuellement. Kilari l'écoutait attentivement. Après plusieurs sujets abordés, la jeune femme demanda à la française si elle avait un coiffeur à lui conseiller. Elle voulait changer de tête.
- Je t'accompagnerais chez un que je connais bien, si tu veux ? Au fait, pourquoi est-ce que tu déménages en France, je viens d'y penser.
- J'avais besoin de changer d'air... Je n'ai pas vraiment envie d'en parler, excuse-moi.
- Ne t'excuse pas, je peux être intrusive, désolée. Au fait, j'invite quelques amis la semaine prochaine, si ça te dit de te joindre à nous, pourquoi pas ?
- J'aurais aimé accepter, mais je ne parle pas un mot de français si ce n'est "bonjour" et je comprends le strict minimum...
- Mais tu m'as dit que tu aurais des cours à partir de lundi ? Et puis, tu pourras toujours parler en anglais, j'ai vu que tu ne te débrouillais pas si mal que ça, même si nous avons surtout parlé en japonais, sourit la jeune femme.Kilari lui demanda si elle pourrait répondre en fin de journée, ce à quoi Lucie répondit qu'elle pourrait même donner sa réponse la veille au soir par message si besoin.
Finalement, les deux jeunes femmes partirent visiter la ville, Lucie amena l'ancienne artiste chez le coiffeur et resta avec elle tout le reste de la journée. Elles finirent même la soirée chez la française à rire et danser ensemble sans se soucier de rien. Kilari découvrait les musiques françaises et anglaises du moment, bien qu'elle en connaissait quelques unes qui passaient aussi au Japon.
Lorsqu'elle partit, Kilari remercia plusieurs fois Lucie qui lui souriait sincèrement et lui assurait que c'était normal. Elle lui proposa qu'elles se revoient avant le vendredi soir où elle recevait ses amis, ce que Kilari accepta volontiers.
En arrivant chez elle, enfin, dans sa chambre d'hôtel, Kilari alla immédiatement dans la salle de bain. Elle s'observa dans le miroir. Elle avait son téléphone à la main et elle se regardait. Elle vit les larmes monter à ses yeux. Elle vit ses yeux et ses joues rougir. Elle regarda ses larmes dévaler ses joues, ses épaules être secouées par les sanglots. Cela ne faisait que deux jours qu'elle était en France et sa famille, ses amis lui manquaient déjà. Elle se demandait si de leur côté, elle leur manquait autant, s'ils s'étaient inquiétés. S'ils avaient tenté de la chercher.
Elle regarda ses cheveux nouvellement noirs, coupés au carré.
Elle approcha doucement sa main du miroir et frôla la glace du bout des doigts avant d'appuyer sa paume et de poser sa tête dessus, toujours en pleurant.
Elle ne voyait plus rien de Kilari si ce n'était les traits de son visage et ses yeux.
Elle n'était plus elle. Elle repartait de zéro. Une nouvelle vie à reconstruire.
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[Kilari] Révolution
FanfictionKilari Tsukishima, 20 ans, a arrêté sa carrière artistique pendant ses études de manager pour quitter l'agence Muranishi et rejoindre l'agence adverse, l'agence Higashiyama. Mais qu'en est-il des Ships ? De son ancienne agence ? Ont-ils quelque chos...