Chapitre 6 - La Fosse

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Lorsque je repris mes esprits, j'étais allongée dans le noir, et je sentais un sol froid et métallique sous moi. La bouche horriblement pâteuse, je déglutis et tentai avec peine de me relever. Je compris alors que j'avais reçu la violente décharge énergétique d'un tranquillisateur. Ils m'avaient sonnée pour ne pas courir le risque que je ne me débatte trop vivement lorsqu'ils me jetteraient à l'intérieur du container.

Je fus soudain saisie d'une irrépressible angoisse, et je tâtonnai dans l'obscurité comme une aveugle à laquelle on aurait brutalement enlevé tous ses repères.

Ce fut plus fort que moi, je me mis à pleurer.

— Sortez-moi de là ! hurlai-je, en proie à une terrible crise de panique. Sortez-moi delà tout de suite ! Ils ont besoin de moi, aux galeries ! Angelo à besoin de moi !

Je n'eus hélas pour seule réponse que le triste écho de ma propre voix. Effondrée et tremblante, je me recroquevillai dans un coin de mon abominable prison de métal, et je me mis à sangloter silencieusement. J'allais mourir. Désormais, j'en avais la certitude.

Soudain, je relevai la tête, remarquant que le sol tremblait sous mes pieds. J'eus alors l'impression que le container s'était mis à bouger, et je me sentis atrocement mal à l'aise. Le monde semblait tournoyer à toute vitesse autour de moi, à tel point que je dus me faire violence pour ne pas vomir. Pâle et nauséeuse, je crus m'évanouir lorsque le caisson de confinement s'ouvrit et que je me sentis éjectée brutalement hors de celui-ci, comme si je n'étais qu'un morceau de nourriture pourrie que l'on aurait brusquement recraché. Mon arrière-train heurta douloureusement un sol dur et humide, et je laissai échapper une terrible bordée de jurons, les larmes aux yeux.

Tandis que je me relevai péniblement, je vis le container dans lequel on m'avait enfermée s ' élever au-dessus de moi dans un bruit assourdissant, treuillé vers le haut par un système de câbles assez vétuste. Il disparut par-delà le puits gigantesque et incroyablement profond dans lequel je me trouvais désormais. Un endroit sinistre et obscur, qui ressemblait à un vieux réseau de galeries que l'on aurait condamné. Derrière moi, des ombres blafardes se mirent à bouger, m'arrachant un cri de frayeur. Certains de ces êtres fantomatiques et décharnés me regardaient avec un soupçon de curiosité, mais la plupart ne semblaient en fait même pas me voir. Ce n'étaient pas des fantômes, non. Ils étaient encore vivants. C'étaient des hommes et des femmes maigres et affreusement pâles, vêtus de guenilles noires de crasse.Ces gens étaient tous des prisonniers. Ceux qui erraient au fond decet horrible trou que l'on appelait la Fosse.

— Ash !

Une voix familière m'interpella d'un ton anxieux.

C'était Max. Il avait dû être déposé au fond du puits juste avant moi. Il semblait épuisé eteffrayé.

— Où est Cassandra ? lui demandai-je, inquiète de ne pas voir la Matriarche.

Max prit une expression tendue.

— J'en sais rien, répondit-il. J'ai l'impression... Qu'ils l'ont emmenée ailleurs.

Mon cœur se serra. Je craignais le pire pour notre vieille amie qui, malgré sa grande vivacité d'esprit, n'avait plus la force de ses vingt ans. Nul ne pouvait savoir ce que Rex et le Conseil avaient décidé de lui faire subir...

Je sentis une pression sur mon bras, et vis avec horreur une main décharnée m'agripper solidement. L'homme avait un visage épouvantablement sale et émacié, ses cheveux gris formant de longs fils crasseux qui retombaient jusqu'à ses épaules.

— Morte..., articula t-il de sa voix rauque. Elle sera bientôt morte... Le Conseil a puni tous les Frères et Sœurs.

Ses yeux aveugles étaient fixés sur moi comme deux globes opaques, vides de toute étincelle de vie, et je faillis hurler de terreur.

Ash Donovan et les Porteurs de Lumière - Tome 1 - Les Rampants et les ErrantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant