11 : Les gens normaux

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Dimanche 8 novembre 1998

La nuit m'a semblé interminable, Harry n'a presque pas bougé et n'a toujours pas ouvert les yeux. Je n'ai cessé de me réveiller, les sens aux aguets, vérifiant les alentours de l'infirmerie, resserrant mon étreinte sur le patient endormi à chaque craquement du vieux château.

Je dois faire peur à voir, la fatigue habite le moindre recoin de mon corps et pourtant mon cerveau tourne à plein régime. Pomfresh est passé il y a peu de temps, pour vérifier si Harry s'était réveillé. Elle a bien tenté de me faire quitter l'infirmerie mais elle a bien vite abandonné, comprenant la raison de mon entêtement. Elle m'a demandé de la prévenir si quelque chose changeait pendant son absence, c'est en effet l'heure du petit déjeuner à Poudlard.

Alors que je me demande s'il serait possible d'appeler un elfe de maison pour avoir un truc à grignoter, parce que je commence quand même à avoir un peu faim, la petite masse dans mes bras se mets à gigoter, s'accrochant à ma chemise et fourrant son nez dans mon cou avant de soupirer d'aise

- Drago ...

Il semble encore endormi et il pense à moi, si je n'avais pas déjà craqué, Merlin m'en est témoin, une flèche rose à paillettes aurait traversé mon cœur à cet instant. Je n'ai pas d'autre mot pour décrire cette scène, tout bonnement adorable. Les cheveux noirs, plus en bataille que jamais, tombent légèrement sur ses yeux. Les quelques rayons de soleil qui percent les hautes fenêtres illuminent son visage à la peau légèrement dorée, sa petite bouche qui faisait une moue contrariée s'étire un léger sourire. Presque entièrement caché sous les draps et dans mon cou, il n'y a que cela qui dépasse, on dirait un chaton qui se pelotonne dans les couvertures. Je souris en caresse doucement sa joue pour le réveiller

- Je suis là Harry, tout va bien.

Ses yeux papillonnent un instant alors qu'il baille au corneille en frottant son œil de sa petite main. Mon cœur s'anime un peu plus lorsque ses deux billes vertes s'ancrent aux miennes, il va bien, il est en vie. Je le sert en enfonçant mon nez dans la chevelure, le soulagement se répand dans tous mes muscles, mon corps se fond contre le sien, j'ai l'impression de respirer à nouveau alors même que je n'étais pas en apnée.

- Tu m'as fais tellement peur Harry, c'était admirable, mais s'il te plaît, ne te mets pas en danger, c'est à moi de te protéger. Je suis désolé, pardonne moi...

- Je voulais pas qu'il te fasse du mal, il te frappait et je pouvais pas attendre, je veux pas qu'on te fasse du mal... Je veux pas que tu me laisses...

Mes larmes coulent s'en que je n'en ai conscience, trop obnubilés par les siennes qui mouillent le haut de ma chemise et surtout par ses mots. Je caresse son dos doucement, en murmurant que je ne partirais pas, que je vais bien jusqu'à ce que les sanglots cessent. Je me l'écarte délicatement pour l'observer, essuyant avec le drap ses joues. Je l'embrasse sur le front le serrant encore un peu contre moi, le temps d'apaiser mon cœur et le sien. L'infirmière entre à nouveau dans la pièce, faisant léviter devant elle un plateau débordant de nourriture pour, je suppose notre petit déjeuner.

Je n'ai pas le temps de dire un mot qu'elle se précipite, me chassant presque du lit pour qu'elle puisse examiner Harry sous tous les angles, lui demandant comment il se sent, s'il a mal quelque part. Après s'être assuré que tout va bien, elle le réprimande pour son acte, certes héroïque, mais très dangereux, arguant, que je peux très bien me défendre tout seul et que c'est une tête de bois qui lui donne du fil à retordre depuis sa première année. L'infirmière est plus inquiète qu'agacée, mais réussit à lui faire promettre de ne pas recommencer. Harry n'a cessé de rougir tout le long de son sermon, tout penaud et balbutie un "oui madame" à peine audible qu'elle accepte derechef.

Le placard sous l'escalierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant