21 : Complicité

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J'ai l'impression que l'air me manque depuis que j'ai quitté le chevet d'Harry. Un savant mélange de solitude, de détresse et d'angoisse. Je n'ai pas beaucoup dormi, mon lit me paraît trop grand, vide et froid sans lui, alors qu'avant l'incident il était parfait. J'ai bien tenté de faire "comme avant" mais j'ai été obligé de lancer le sort des petites lucioles, parce que je me suis réveillé en panique et seul dans une chambre trop sombre aux ombres angoissantes dans un lit vide ... Cela m'a apaisé avant de me faire pleurer, Harry n'était plus là, c'est d'un pathétique ...

Plus Londres approche, plus l'angoisse me sert la gorge, j'ai serré ce pauvre rouleau de parchemin tout le long, écumant les couloirs. Mais quand je l'ai aperçu dans son Waggon avec ses amis je n'ai pas réussi, il avait l'air heureux et mon coeur s'est réchauffé avant de geler un peu plus, car je n'étais pas la raison de son sourire. Pansy m'a interdit de descendre du train sans lui avoir donné, alors j'ai épié la porte du compartiment et j'ai saisi l'occasion. Il semblait distrait par ses pensées, c'était le moment idéal. Je ne me suis pas retourné, je n'aurais pas supporté un quelconque rejet, je me trouve déjà bien courageux de lui avouer ce que je ressens même si je passe par le biais d'une lettre ...

En sortant j'aperçois ma mère légèrement en retrait, elle semble aller de mieux en mieux et cela me réconforte un peu. Je salue mes amis avant de me diriger vers elle. Son sourire quand elle m'aperçoit m'éblouit. Elle me prend dans ses bras et me sert fort,

- Drago, mon chéri, je suis heureuse de te retrouver !

Je lui souris à mon tour,

- Moi aussi, mère, vous m'avez manquez.

- Comment s'est passé le trajet ?

Je lui lance un coup d'oeil complice avant de répondre

- Très bien, venez, j'ai pleins de choses à vous raconter sur ce premier semestre.

Je sais que mère adore les histoires, c'est en même temps une des seules occupations des femmes de l'aristocratie. Et puis j'ai vraiment besoin de me confier. Après l'emprisonnement de Lucius, elle s'est révélée aimante, attentionnée et très ouverte d'esprit. Je pense que nous nous sommes tous les deux sentis revivre sans l'oppression patriarcale. Elle me lance un sourire plein de malice avant que nous ne transplanions au manoir.

Le domaine est couvert de neige et malgré le temps, j'ai l'impression qu'il s'est transformé depuis que la magie noire l'a quittée. L'interaction de cette dernière avec les objets et les individus est vraiment sans limite. Le manoir semble avoir fait peau neuve sans vraiment changer d'un point de vue physique. En même temps j'y ai grandi et je le connais par cœur, la nature semble revivre sous le givre, l'air s'est allégé, c'est un délice malgré la froideur de l'hiver. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'impression de rentrer chez moi en arrivant ici.

En passant la porte je remarque également que mère à continuer son projet de refaire toute la décoration des lieux, elle a également décoré pour les fêtes de fin d'années et c'est très agréable. La chaleur qui se dégage de la cheminée du salon principale me réchauffe et je me dirige vers le canapé où nous attends un service à thé qui dégage une délicieuse odeur de thé de Noël, base de thé noir, orange et épices, un véritable délice.

J'écoute ma mère me raconter les dernières nouvelles de la noblesse, l'avancée des travaux dans le manoir, ses idées pour relancer les réceptions mondaines d'ici le début du printemps. Elle semble passionnée et débordée par ses activités, ses yeux brillent d'une flamme que je n'avais pas vue depuis des lustres. Je déguste ma boisson chaude en rebondissant quand elle me demande mon avis, puis vient mon tour. Par où commencer ?

- Je ne me suis pas ennuyé non plus ces dernières semaines, il est encore arrivé quelque chose à Potter.

Sans suis une explication détaillée de toutes nos aventures, de mon rôle, de ce que j'ai ressentis, de ma découverte progressive de la joie de vivre, du bonheur et de l'amour. Je ne suis pas une Drama Queen pour rien, je sais que je surjoue un peu pour faire rire ma mère ou bien la voir trembler d'effroi. Je suis bon acteur, c'est certain. Mais elle sait aussi que je lui dévoile une partie de mon âme et que c'est ma manière à moi de rendre cela moins sérieux et donc moins angoissant.

- Et donc tu ne lui as pas parlé depuis qu'il a pris la potion ? Et tu ne lui as pas non plus donné la lettre en mains propres ? Drago ...

Je soupire et la regarde tristement

- Oui je sais, je suis un peureux ... Mais mère, c'est la première fois et je ne sais pas comment gérer tout ça ...

- C'est une première expérience, c'est toujours un peu angoissant. Il faut se dire qu'il y a pire qu'un échec, ce n'est qu'une étape. Et puis tant que n'as pas de réponse négative, ne perds pas espoir. Tu es un jeune homme extraordinaire Drago.

Je la regarde suspicieusement avant de lâcher d'un ton sceptique

- Vous dites ça parce que je suis votre fils ...

Elle glousse avant d'hocher la tête

- Certes, mais pas que. J'ai élevé un garçon adorable et sensible, mais tu as de grandes qualités mon chéri, notre passé nous forge et nos actes parlent pour nous. Tu es quelqu'un de bien et avec ce que tu m'as raconté tout à l'heure, Mr Potter doit être le plus au courant de tout cela. Tout va bien se passer.

Elle me sourit et devant mon silence elle reprend son bavardage sur les dernières tendances à Paris pour me changer les idées.

La soirée passe doucement devant le foyer de la cheminée qui crépite. Je suis content d'être rentré et d'avoir retrouvé mère, elle dissipe un peu mon cocktail de sentiments négatifs, c'est là le pouvoir des mères sans doute. Je la quitte aux alentours de minuit pour me rendre dans ma chambre. Mon espace à moi, même si j'ai une chambre privée à Poudlard, elle ne vaut pas ma chambre, c'est mon havre de paix. Je ne suis pas fatigué alors j'attrape un livre au hasard et m'installe sous la fenêtre pour pouvoir observer le parc en contrebas. La nuit est sombre mais quelques rayons lunaires illuminent parfois la neige qui recouvre le parc et les bois alentour.

Un mouvement attire mon regard et j'aperçois une petite chouette effraie qui se dirige vers le salon. Etrange, mère aurait-elle des correspondances avec un autre homme ? Il est vraiment tard pour envoyer une lettre, ce n'est pas une heure décente. Je secoue la tête et sourit, ma mère serait-elle redevenue une adolescente ? Grand bien lui fasse, si elle est heureuse c'est le principal. Je lui poserai la question demain tout de même.

***

Alors que je suis toujours dans le salon à planifier les prochaines réjouissances ainsi que mes différentes listes d'invités ou de fournitures, une chouette se pose sur le rebord de la fenêtre. Etrange je n'attends pourtant pas de courrier, ce serait pour Drago ? Je lui ouvre et elle se pose sur le perchoir proche de moi. Je récupère la missive et elle se cale sur le perchoir, attendant sûrement une réponse.

Je ne reconnais pas l'écriture pourtant la lettre m'est bien adressée. Après une vérification sur son contenu et le constat qu'elle n'est pas piégée, je l'ouvre et souris en découvrant son auteur. Alors comme ça Mr Potter à besoin de mon aide. C'est en effet une idée adorable. Je sais que Drago va tourner en rond pendant encore quelques jours mais j'adore la mise en scène.

Je m'en vais de ce pas expliquer la requête aux elfes qui acquiescent avec joie, trop heureux de pouvoir préparer une surprise à Drago. Il a toujours été gentil avec eux, moi aussi d'ailleurs, même si devant Lucius nous faisions comme lui ... Ces créatures sont vraiment adorables et généreuses, elles nous ont pardonnés. Alors que nous finalisons notre plan, je répond rapidement à Mr Potter pour lui expliquer les détails et modifie les enchantements qui protègent le domaine.

Je suis encore plus excitée par l'idée de cette surprise que par Noël en lui-même. J'ai tellement hâte, il sera enfin heureux, il le mérite tant après tout ce qu'il a vécu ... Un sourire béat étire mes lèvres alors que je regarde la petite chouette s'envoler dans la nuit. Mon fils aura finalement droit au bonheur et à l'amour avec quelqu'un de bien. C'est tout ce que pourrait souhaiter une mère pour Noël. 

Le placard sous l'escalierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant