Mercredi 16 décembre 1998
Depuis que je me suis réveillé ce matin, je n'ai pas lâché Harry du regard. Enfin c'est pas comme si j'avais vraiment dormi non plus cette nuit. J'ai l'impression que depuis la découverte de ce qu'il s'est vraiment passé, le temps est passé bien plus vite qu'à son habitude ... Il n'a pas fallu plus d'une dizaine de jours pour la préparation de la potion qui rendra à Harry son corps et sa mémoire et j'angoisse tellement...
Lui aussi semble anxieux, on pourrait le comparer à un pot de glue d'ailleurs, ce qui m'arrange beaucoup je dois l'avouer. Il ne veut plus me lâcher, il passe le plus de temps possible dans mes bras d'ailleurs. Il m'a dit qu'il avait peur de redevenir comme avant, qu'il était heureux comme ça avec moi et même si ça m'a fait plaisir au point d'accrocher un sourire béat plus d'une journée sur mon visage, j'ai tenté de le rassurer un maximum.
L'infirmière à décider d'opérer ce soir, la transformation devrait prendre quelques heures et sera plus douloureuse que dans le sens inverse car il faut faire repousser les os d'Harry. Il va donc passer la nuit à l'infirmerie. Il est bien entendu hors de question que je le laisse seul même s'il sera assommé par les potions calmantes. McGonagall avait prévu le coup de toute façon et Mme Pomfresh n'a pas voix au chapitre.
Il n'empêche qu'aujourd'hui est une journée difficile à supporter car je sais que je perd mais pas ce qu'il va se passer par la suite. La boule d'angoisse n'a cessé de croître au fil des jours et ce matin je profite pour imprimer l'image du petit ange endormi contre moi. Je pense d'ailleurs avoir été de plus en plus démonstratif avec lui depuis que je sais qu'il va bientôt redevenir lui-même, profitant du petit garçon plus avide d'affection que jamais.
Je le sens frémir et le regarde s'éveiller doucement, s'accrochant tout de suite à moi.
- Bonjour Harry.
- 'jour ...
Il soupire et me fait une tête de chien battu, tentant à nouveau de négocier pour rester un enfant un peu plus longtemps. Je le rapproche de moi et embrasse sa tête.
- Ne me fais pas ces yeux là s'il te plaît, tu sais que nous n'avons pas le choix Harry.
- Mais je veux rester avec toi ...
Je réfléchis à la façon de lui dire ça, je sais que l'adolescent s'en souviendra, mais le retour sera déjà difficile à gérer alors je ne veux pas provoquer de stress supplémentaire...
- Tu sais ... Tu pourras revenir quand tu seras grand si tu le souhaite.
Il m'observe longuement, les yeux emplis d'espoir
- C'est vrai ?
- Bien-sûr, tu seras toujours mon petit ange, à six ans comme à dix-huit. Je veillerais toujours sur toi, je serais toujours là si tu le souhaites.
- Je pourrais dormir avec toi aussi ? Je ne veux plus dormir tout seul ...
Le tact légendaire et sa candeur me donnent envie de rire et de pleurer en même temps, si seulement tu savais à quel point j'en ai envie également... Je chasse mes pensées étranges et lui sourit pour le rassurer
- Tu connais le mot de passe, tu n'as pas besoin de demander pour venir si tu le veux Harry, tu seras toujours le bienvenue.
Son sourire éclatant me transperce, si seulement cela pouvait arriver ...
La journée est passée beaucoup trop vite à nouveau et c'est légèrement tremblant que je me dirige vers l'infirmerie, Harry dans mes bras. J'ai presque l'impression d'aller à l'échafaud, l'angoisse me tord les tripes. Mais je dois être fort pour lui, dont les yeux sont déjà embués ... Mme Pomfresh nous attends prêt d'un lit, au fond de la pièce. Elle nous laisse le temps pour qu'Harry soit dans le lit vêtu d'une blouse médicale bien trop grande pour lui, pour ne pas avoir de problème avec la taille des vêtements lors de sa croissance accélérée.
Je ne fais pas attention à son corps alors que je le borde, restant près de lui, assis sur le bord du lit. Je caresse ses cheveux tendrement, je lui sourit et me fait le plus serein possible pour le rassurer avant qu'il ne prenne la potion.
C'est finalement le moment tant redouté. L'infirmière tend un verre au petit garçon et se place en retrait, attendant qu'il ait ingéré la potion pour s'en aller. Harry fixe la potion d'un bleu pervenche tristement puis relève les yeux vers moi
- Tu m'aimeras toujours quand je serais grand ?
J'ai l'impression que mon coeur va exploser, entre la tristesse de sa voix et l'espoir dans ces yeux, j'ai la sensation de jouer ma vie dans cette simple réponse
- Je t'aimerais toujours Harry, quoi qu'il se passe.
Il hésite puis boit la potion en grimaçant avant de se jeter dans mes bras en pleurant.
- Ne pleure pas mon ange, je reste avec toi, tout va bien se passer.
- Merci Drago, je t'aime, me laisse pas s'il te plaît !!
Je répète les mêmes mots pendant les minutes qui suivent, attendant que les effets de la potion de sommeil fassent leur œuvre. Quand enfin sa respiration se fait profonde, je le replace correctement dans le lit, m'allongeant à ses côtés. Je ne le laisserai que lorsque je serais certain que la transformation est terminée et que tout va bien.
Jeudi 17 décembre 1998
La nuit a été longue et difficile, je n'ai pas dormi et Harry semblait tellement souffrir par moment que j'aurais tout fait pour prendre sa douleur. J'ai profité de la solitude pour laisser couler mes larmes, mes doutes m'assaillants dans le secret de cette nuit froide de décembre. Mon cœur déjà malmené est en miettes, saignant à grand flot la perte imminente d'Harry. J'ai peu d'espoir d'obtenir une quelconque relation avec lui aussi fusionnelle que celle que j'ai eu avec ce petit garçon adorable. Il sera sûrement choqué dans un premier temps, puis il se sentira redevable envers moi, jamais je ne pourrais espérer la sincérité des sentiments que j'ai vu dans le regard vert naïf du jeune Harry. Dans le meilleur des cas nous serons amis...
Mais le pire scénario me briserait définitivement, s'il se retournait contre moi, dégoûté d'avoir été si proche d'un être tel que moi ... ? D'avoir été collé à moi toutes ces semaines, d'avoir dormi avec moi, de s'être laissé aimer et dorloter par un mangemort ...
Je sais qu'Harry n'est pas comme ça, mais mon anxiété n'en prend pas compte, la part de moi, faible et fragile, que je ne laisse personne apercevoir, celle de l'enfant brisé par son père, en quête d'affection et de protection, est terrorisée à l'idée de perdre sa lumière.
Alors que le soleil se lève, je sors de ma torpeur quand l'infirmière passe faire son check-up complet.
- Mr Potter s'est parfaitement rétabli, la potion a fini son œuvre. Il va encore avoir besoin de repos, vous devriez également aller dormir Mr Malefoy. Vous avez veillé toute la nuit, je vous dispense de cours pour aujourd'hui ne vous en faites pas.
Son sourire est plein de sollicitude, elle me tend une fiole de ce que je soupçonne être une potion de sommeil sans rêve. Je la remercie et lui suis vraiment reconnaissant de ne pas faire de remarque sur mon état physique. Elle se retire et je dirige mon regard inlassablement vers Harry, dont le corps est redevenu celui qu'il était avant cet incident. Je caresse son visage aux traits marqués, la mâchoire carrée. La douceur de l'enfance s'est un peu effacée mais je peux toujours voir la candeur du petit garçon.
Harry est réellement magnifique et ce constat agite mon coeur. Comment n'ai-je pas pu me rendre compte plus tôt de ce que je ressentais pour l'adonis allongé sous mes yeux ? Je me lève et m'étire avant de déposer un léger baiser sur sa joue, profitant de ces derniers instants de calme avec lui. C'est sur un dernier regard empli d'amour que je me retourne et quitte l'infirmerie, l'âme en vrac. La potion de sommeil fait rapidement effet et je sombre enfin dans les limbes .
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Le placard sous l'escalier
FanfictionEn faisant ma ronde de préfet, un sanglot éttouffé me parvient. Ce n'est presque pas audible mais avec le silence d'une nuit à Poudlard, tout est décuplé. Je me dirige au son, des petits reniflements, des couinements. Mais enfin qu'est-ce que c'est...