Chapitre quinze :

692 67 7
                                    

Eren n'aurait su dire combien de temps il resta étendu sur les draps, épuisé. La respiration de Livaï s'apaisait contre sa nuque, son poids devenait plus lourd. Il s'imprégna de cette sensation inédite jusqu'à ce que la nécessité de respirer l'oblige à réagir. Il poussa d'un geste alangui l'épaule solide du noiraud. Son état de faiblesse aurait dû faire naître en lui un sentiment de panique mais il n'en était rien. Ce dernier se détacha de lui, et il se mordit la lèvre pour réprimer un cri. Il aurait mal partout, mais cela lui était égal.

Il aimait l'idée de garder un souvenir de cette nuit. Le matelas se souleva quand l'ex-militaire se leva pour passer dans la salle de bains, lui offrant une vision de ses fesses. Impossible de rester stoïque, cet homme était formé de la tête aux pieds. L'air glissa sur sa peau moite et il frissonna. Il aurait pu se rhabiller mais il n'avait pas la force de bouger. Il ne ressentait pas non plus ce besoin viscéral de se laver et de filer comme une flèche comme à la fin d'une passe. Il sursauta en sentant un linge mouillé atterrir sur son ventre. Livaï sourit avant de sortir.

Sans doute pour éteindre la lumière dans la salle de séjour. À moins que ce soit une façon subtile de lui demander de partir ? L'inquiétude le fit redescendre brutalement de son petit nuage. Ils n'avaient pas eu une relation tarifée mais cela ne signifiait pas pour autant que Livaï avait des attentes différentes de celle de ses clients habituels. Il se dirigea vers la salle de bains. Au moins il lui aurait laissé le temps de se laver. La plupart des clients ne lui accordaient même pas cette faveur. Il avait regagné la chambre et ramassait son jean pour se rhabiller quand la silhouette du noiraud se dessina sur le seuil. Sa gorge se serra, et un voile noir passa devant ses yeux. Heureusement il avait appris depuis longtemps à ne pas laisser paraître ses émotions.

« Oï. »

Impossible de déchiffrer ce que Livaï attendait de lui à travers cette syllabe hésitante. Cela pouvait bien vouloir dire... je fais quoi ? Plutôt que... comment lui faire comprendre que je veux qu'il dégage ? Il prit une respiration, leva les yeux et serra son jean entre ses mains. Ackerman apportait un plateau sur lequel il avait disposé un verre de lait et une assiette de biscuits.

« Tu te casses ? »

Sous la dureté de la voix perçait une fragilité qui lui fit lâcher ses vêtements. Une joie sauvage l'envahit, absurde, totalement disproportionnée, mais tant pis. Il se recoucha avec un large sourire.

« Pas si tu as l'intention de me partager ça. »

L'odeur des tuiles en chocolat flotta jusqu'à lui, réveillant le souvenir lointain d'après-midi douillets et tendres. Sa mère avait coutume de dire que les biscuits guérissaient tous les maux. Elle n'avait pas tort. Il empila des coussins contre la tête de lit et tapota la place vide à côté de lui.

« Allez, viens. »

« Minute, j'apprécie la vue. » dit Livaï.

« Tu verras encore mieux d'ici. »

Le noir s'agenouilla sur le lit.

« Qui te dit qu'ils sont pour toi ? »

Eren lâcha un éclat de rire. Ce fut presque trop facile d'attraper les bourses de Livaï, vulnérables et offertes, à la hauteur de ses yeux. Il gronda mais ne recula pas, et ne lui donna pas les biscuits.

« Je commence à croire que tu m'as attiré ici sous un mauvais prétexte en me faisant miroiter des tuiles maison au chocolat. »

« Tch, dit Livaï, j'croyais sincèrement que c'était moi que tu désirais en réalité, morveux. »

Sous ton emprise... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant