Chapitre vingt-huit :

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Eren leva la tête en entendant taper à la porte d'entrée. Il travaillait depuis des heures sur les photos qu'il devait envoyer à la galerie. Sa nuque était douloureuse, et sa main l'élançait douloureusement, les petits mouvements avec la souris avaient réveillé sa blessure. Il remua les épaules pour détendre ses muscles et descendit l'escalier. Ymir venait peut-être lui annoncer que Keith avait changé d'avis au sujet de sa retraite anticipée. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre.

Son estomac se noua. Il envisagea de ne pas ouvrir mais il était déjà trop tard, Livaï le fixait du regard à travers la fenêtre, le visage sombre. Impossible de se défiler. Il avait à peine pris le temps de se doucher, il devait avoir l'air affreux.

« Oï. »

La voix grave du noiraud s'insinua en lui, réveillant ses souvenirs et sa culpabilité. Il voulut enfouir ses mains dans ses poches mais elles glissèrent sur le tissu de son pantalon. Il n'avait pas de poches.

« Salut. » répondit-il en croisant les bras.

« Je peux entrer ? »

Le brun plissa les yeux dans la lumière du soleil. Il n'était pas certain que ce soit une bonne idée
mais il ne pouvait pas éviter cette discussion. Les yeux baissés, il s'effaça. Quand le plus âgé passa devant lui, son parfum flotta vers lui, et une vague de désir et de regrets s'abattit sur lui. Il mourait d'envie de tendre la main et de le toucher mais il garda ses bras crispés sur sa poitrine. Il le suivit dans la salle de séjour, notant que pour la première fois il n'avait pas pris la peine de se déchausser. Sans doute parce qu'il n'avait pas l'intention de rester. La pièce était dans l'ombre, les volets et les rideaux fermés pour faire barrage au soleil. Eren hésita, les excuses qu'il lui devait coincées au fond de sa gorge. Comment pouvait-on être aussi nul ?
Livaï embrassa le désordre d'un seul coup d'œil.

Les assiettes sales sur la table basse, la pile de lettres non ouvertes sur le comptoir de la cuisine, le mur écaillé et les morceaux de son téléphone portable éparpillés. Il croisa les mains avant de se décider à le regarder. Ils se dévisagèrent un long moment. Le brun n'aurait su dire si cela dura une minute ou une heure mais il voulait mémoriser chaque détail de son visage pour le cas où ce serait la dernière fois. Il était si beau. Un homme rude en apparence mais incroyablement doux et tendre quand on le connaissait un peu mieux.

« On n'en a pas terminé, toi et moi. »

« Je te demande pardon. » dit-il tout bas.

Livaï ne cilla pas.

« Pardon de quoi ? »

Eren s'humecta les lèvres et se perdit dans l'immense liste de ses regrets.

« D'être une telle merde. »

Il secoua la tête.

« Tu as toutes les raisons de me haïr. »

Le chagrin lui brûla la gorge comme de l'acide. Il sentit des larmes lui piquer les yeux et passa la main sur son visage pour les essuyer furtivement.

« Tu m'as dit de partir, je ne t'ai pas écouté. Je voulais t'aider et, tch, je nous ai fait du mal. »

« Non. »

Eren secoua la tête.

« C'est moi. Je me suis comporté comme... »

Sa gorge se serra de nouveau, et il déglutît.

« Comment pourras-tu me pardonner ? »

Il ne parvenait pas à se pardonner lui-même.

« Je ne t'ai pas laissé le choix. »

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