Chapitre vingt-neuf :

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Livaï posa son téléphone à côté de lui et regarda les notes qu'il venait de prendre. Le contrat était presque finalisé mais il y avait encore quelques points à préciser sur les droits d'utilisation et de reproduction. Le problème, c'était que ce morveux ne voulait pas en entendre parler. La semaine s'était écoulée dans un tourbillon de coups de téléphone, de rendez-vous avec la propriétaire de la galerie et de nuits sans sommeil au club, mais son souci numéro un, c'était Eren.

Il voulait faire un break et prendre du recul. Une torture alors que lui n'avait qu'une envie, le serrer dans ses bras et le convaincre qu'il n'avait pas l'intention de le quitter. Ni aujourd'hui ni jamais. Il attrapa précipitamment son téléphone en l'entendant biper, avant de se rappeler que le brun n'avait toujours pas remplacé le sien. Une vraie tête de mule. Le texto était de sa cousine. Elle avait pris un billet d'avion. Son optimisme le fit sourire. Après plusieurs échanges, lui demanda ensuite si l'autre homme l'évitait toujours. Éviter était peut-être exagéré même si ce n'était pas totalement faux. Il avait travaillé toute la semaine à préparer ses photos pour l'exposition. Ils n'avaient communiqué que par mails, et encore, ils avaient été rares. Il se concentre sur l'expo. Il avait une cousine géniale. Sans oublier ses amis derrière lui. Toutes ces années à se cacher lui paraissaient stupides à présent. Quel gâchis, quel temps perdu.

Bon sang, ce gamin lui manquait trop ! Et si son plan se retournait contre lui ? Livaï connaissait le risque quand il avait accepté de prêter son visage à une campagne pour les droits des homosexuels, mais Jaeger comprendrait-il pourquoi et pour qui il avait pris ce risque ? Il l'espérait de tout cœur. Il n'avait clairement pas parcouru un si long chemin pour perdre l'homme qui l'avait porté jusqu'ici.

Eren, de son côté, ferma les yeux et poussa un long soupir. Voilà. Les photos étaient livrées. La propriétaire de la galerie n'avait pas tari d'éloges. Il avait opté pour des passe-partout gris sombre et des cadres en métal noir afin de centrer l'attention sur l'image. Il tendit la main vers son téléphone portable pour envoyer un texto à Livaï et suspendit son geste en se rappelant qu'il n'avait pas remplacé l'ancien. Il ne se sentait pas encore prêt à affronter le monde. Il appuya son front dans ses mains. Ce serait si bon de se reposer sur le noiraud, de remettre son sort entre ses mains, mais même les félicitations de la propriétaire de la galerie n'avaient pas dissipé ses incertitudes. Ses compliments lui avaient fait plaisir, bien sûr, mais le public partagerait-il son enthousiasme ? Rien n'était moins sûr. Et si ses photos ne se vendaient pas, de quoi vivrait-il ? La seule façon de le savoir, c'était de se lancer... mais prendrait-il ce risque ?

Keith avait tenu parole en n'exigeant pas qu'il termine son contrat, mais ça ne l'avait pas empêché de lui en renvoyer un autre. Il était arrivé la veille dans sa boîte mail. Ironiquement, c'était l'une des rares pièces jointes qu'il n'avait pas pu s'empêcher d'ouvrir. Il aurait dû le mettre aussitôt à la poubelle, mais... l'exposition avait lieu dans cinq jours. C'était plus qu'il ne fallait pour voir tous ses doutes resurgir et faire machine arrière.

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