Chapitre huit :

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Le jeune Eren vérifia ses mails sur son téléphone portable. Il l'avait déjà fait avant de partir mais c'était une simple façon de meubler l'attente.

« Encore du café ? »

La serveuse se tenait debout devant sa table, sa cafetière fumante à la main. Elle avait une traînée de confiture rouge sur son tablier, une mèche de cheveux rousse s'échappait de son chignon décoiffé et son rouge à lèvres s'était effacé mais elle affichait un sourire plutôt imperturbable.

« Volontiers, merci. »

Le brin poussa sa tasse vers elle. Elle montra la banquette toujours vide, juste en face de lui.

« Vous attendez toujours pour commander ? »

« Oui. Il ne devrait plus tarder. »

Le box se trouvait dans un coin de la salle, loin des fenêtres et du passage. Il était arrivé tôt exprès pour avoir cette table. Le carillon de la porte tinta. Il leva les yeux puis les ramena sur son téléphone en voyant entrer deux femmes chargées de sacs de courses. Il était presque dix heures, Livaï n'était donc pas encore en retard, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il allait venir. Serait-ce si grave s'il ne venait pas ? Probablement pas. Ce petit rendez-vous allait à l'encontre de toutes ses règles de toute façon. Ce n'était pas une simple incursion dans le domaine du privé, c'était carrément un obus tiré dans un territoire où il ne pénétrait jamais avec un client, ni avec qui que ce soit d'ailleurs.

Il versa une dosette de lait dans le café cent fois réchauffé de la cafétéria. Le liquide, toujours trop chaud, lui ébouillanta la langue. Il reposa rapidement sa tasse pour boire une gorgée d'eau.

« Salut. »

Il s'étouffa et renversa le verre sur la table. Il recracha et tâtonna pour attraper une serviette, une main devant le visage, les yeux larmoyants.

« Merde. »

Le noiraud lui tapa dans le dos et tira maladroitement plusieurs serviettes du distributeur en métal fixé juste contre le mur près d'eux.

« Tiens. » dit-il en continuant à tapoter son dos.

Eren réussit enfin à respirer, toussa, inspira et toussa avant de prendre une grande bouffée d'air.

« Désolé... » croassa-t-il.

Un désastre, une fois encore. S'il s'était agi d'un rendez-vous payant, le client aurait déjà appelé l'agence pour demander qu'on le rembourse. Il sentait la grande main de Livaï dans son dos. Sa chaleur traversait son haut jusqu'à sa peau. Il leva les yeux. Le visage inquiet de ce dernier était si proche du sien qu'il faillit se tendre vers lui et l'embrasser sur les lèvres en signe de bienvenue.

Comme des amoureux... ou pour lui dire merci... mais ce client particulier sauterait probablement au plafond s'il faisait une chose pareille. Il s'éclaircit ensuite la gorge puis sourit spontanément.

« Ça va, maintenant. Merci. »

« Tch. »

Livaï cessa brusquement de lui tapoter le dos et se redressa. Il regarda autour de lui puis se glissa sur la banquette, face à lui, entièrement cramoisi.

Sous ton emprise... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant