Quand il ne reste que l'espoir

tarte

Drago se réveilla le premier et en ouvrant les yeux, il se rendit compte qu'il était tout contre Harry Potter, héros du monde magique. Survivant et sauveur. Son sauveur.
Son cœur accéléra alors qu'il le dévisageait, lui trouvant un visage paisible, presque enfantin, dans le sommeil.

Comment lui, le Mangemort, fils de Mangemorts, pouvait avoir la chance de tenir cet adolescent contre lui ? Il ne comprenait toujours pas pourquoi Harry lui avait tendu la main, pourquoi le Gryffondor l'aidait, et tenait à passer du temps avec lui.

Le souvenir de leurs baisers échangés le fit rougir. Jusqu'à présent, il n'avait pas eu de relation amoureuse. Avant la marque, il avait obéi à son père, qui était déterminé à choisir ses relations. S'il devait fréquenter quelqu'un ce serait pour la famille, pour apporter quelque chose.
Drago ne s'estimait pas spécialement romantique, mais il avait espéré mieux. Il avait espéré pouvoir tomber librement amoureux, pouvoir mener lui-même ses propres expériences sentimentales, avoir le choix sans avoir besoin de l'accord de son père.

Ainsi, il avait préféré tenir à l'écart toutes ces filles qui lui tournaient autour. Il n'avait regardé aucun garçon, n'envisageant même pas cette possibilité. Mais s'il devait être honnête, depuis son arrivée à Poudlard, il était focalisé sur une seule personne. Harry Potter.
Il avait été en colère d'être repoussé, puis il avait été jaloux de sa popularité, de sa façon de toujours briller, de toujours attirer l'attention malgré lui. Toutes ces années, ils ne s'étaient jamais quitté des yeux, tournant l'un autour de l'autre, cultivant mutuellement leur rivalité.
Il n'y avait rien eu de sentimental, mais leur haine réciproque les avait focalisés l'un sur l'autre.

C'était en quelque sorte logique qu'une relation aussi forte évolue. Ils auraient pu s'opposer encore, mais... Mais il était évident qu'ils ne pouvaient pas vivre loin l'un de l'autre. Drago pouvait citer plusieurs exemples durant ces années d'école, où il avait volontairement fait le tour des couloirs juste pour croiser le Gryffondor, pour avoir sa dose de Potter... Pour pouvoir le faire réagir, voir ses yeux s'enflammer et le voir exploser de colère.

Doucement, il retraça les traits du visage détendu devant lui un peu perdu. Il n'était pas vraiment prêt à de grandes déclarations romantiques, surtout qu'il n'était pas vraiment certain de savoir ce qu'il ressentait exactement. Cependant, il était certain d'une chose : son destin était lié à celui de ce garçon hors normes.

Les paupières face à lui battirent et s'ouvrirent sur les yeux verts si familiers. Ils échangèrent un sourire, comme s'il était naturel pour eux de se réveiller dans les bras de l'autre.

Avec un sourire malicieux, Drago déposa un rapide bisou sur nez d'un Harry rougissant et lui adressa un regard complice.
- Je suppose que tu avais prévu un petit déjeuner de Noël ?

Harry se releva à regrets, quittant les bras de Drago, et hocha la tête.
- Tarte à la mélasse. Mais je peux trouver autre chose si tu...
- J'adore ça moi aussi. Et j'ai remarqué que c'était ton dessert préféré.

Harry rougit un peu plus et gloussa, visiblement ravi. Il fouilla dans son panier, et Drago suspecta que l'objet avait reçu un sortilège d'agrandissement pour contenir autant de choses. Son petit Gryffondor borné avait la ruse d'un Serpentard, puisqu'il semblait avoir tout prévu dès le départ...

Il prit la part de tarte avec un plaisir évident et ses yeux brillèrent en voyant que Harry avait également pensé à apporter le jus de citrouille qu'il appréciait tant.
Les deux adolescents ne mirent pas longtemps à dévorer leur petit déjeuner un peu spécial, avant de soupirer de contentement, repus et détendus.

Drago soupira. Le moment de grâce était sur le point de s'achever, ils allaient devoir retourner à la réalité. La terrible réalité où ils devraient continuer de cacher leur rapprochement, à jouer les ennemis. La réalité où il allait devoir faire entrer un groupe de Mangemorts dans l'école, et mettre en danger le garçon qui emplissait son cœur.
La réalité où il allait devoir tuer un homme.
La gorge un peu serrée, voulant gagner du temps, il demanda.
- Et maintenant ?

Il aurait du se méfier du Gryffondor. Harry lui adressa un petit sourire et se retourna pour fouiller de nouveau son panier. Lorsqu'il se retourna, il tenait un paquet cadeau, joliment emballé, pourvu d'un nœud vert et argent - clin d'œil à sa maison.

Drago resta bouche bée, son regard allant de Harry au paquet, ne comprenant pas. Une lueur pleine d'incertitudes passa dans le regard vert, et le Gryffondor lui tendit le paquet, avec un petit sourire hésitant.
L'adolescent hoqueta et reçut le paquet, sentant les larmes prêtes à déborder, l'émotion lui serrant la gorge. Il battit des paupières, et murmura la première chose qui lui passait par la tête.
- Je n'ai rien pour toi.

Harry gloussa et le fixa tendrement, ses yeux exprimant tout ce qu'ils ne disaient pas ni l'un ni l'autre.
- Tu m'as offert une magnifique soirée, Drago. Une nuit sans cauchemar, à me sentir... bien.
Le brun avait rougi à ses derniers mots, mais il n'avait pas quitté le blond des yeux.

Drago posa le paquet à ses côtés avec précautions, comme si c'était un trésor inestimable. Puis, il attira Harry à lui pour l'enlacer fermement.
- Idiot. Mais je ne pourrais jamais te remercier pour tout ce que tu fais, Harry.

Rapidement, cependant, il relâcha le Gryffondor pour reprendre son cadeau, retrouvant son âme d'enfant qu'il pensait avoir perdue. Les yeux brillants et les joues rougies par l'excitation, il commença à défaire le paquet, sans se rendre compte du regard brûlant de Harry sur lui.

Il découvrit un épais livre, à la couverture épaisse délicatement ornée. Il déchiffra le titre et leva un regard interrogateur vers son camarade.
Harry, visiblement peu sûr de lui, lui offrit un petit sourire.
- Les sonnets de Shakespeare. C'est un livre moldu, mais j'ai pensé que... que ça pourrait te plaire. J'ai vu que tu aimais la poésie, c'est... c'est ce que tu empruntes à la bibliothèque alors...

Le cœur empli d'un sentiment inconnu, le réchauffant agréablement, Drago posa le livre et en caressa doucement la couverture avant de se pencher pour faire taire Harry d'un baiser.
- C'est un cadeau magnifique. J'ai hâte de le lire.

Drago ne mentait pas. Qu'importait l'auteur, moldu ou sorcier. Harry avait remarqué qu'il aimait la poésie, et il lui avait offert quelque chose en adéquation avec ses goûts. C'était la preuve qu'il le connaissait bien, et qu'il tenait à lui.
A ses yeux, ce présent avait bien plus de valeur que n'importe quoi d'autre.

Dans leur bulle, les deux garçons repoussèrent le moment de se séparer. En ce matin de Noël, alors qu'ils découvraient leurs premiers émois, ils avaient oublié tout ce qui était hors de la salle sur demande.

Ils vivaient leur propre miracle de Noël.