Quand il ne reste que l'espoir

Résolution

Harry avait fini par le convaincre. Il avait répondu à chacune de ses objections, calmement, comme s'il n'était pas un fichu Gryffondor impulsif mais qu'il avait longuement réfléchi à la situation. En retournant dans sa salle commune, Drago ne pouvait s'empêcher de penser que le brun savait comment l'amadouer. Il avait su le rassurer, lui faire oublier tous ses doutes sur leur avenir commun.

Et Drago l'avait cru sans la moindre hésitation. Il le savait sincère, dans chacune de ses paroles. Harry n'aimait pas le mensonge, et il le pensait incapable même de mentir à ce point.

Il avait toujours pensé le brun prévisible, dans ses actes. À se précipiter au devant du danger, à toujours vouloir sauver tout le monde. Mais il n'avait pas un seul instant imaginé que Harry irait jusqu'à parler de lui, d'eux, à ses amis.

Alors qu'il approchait de l'entrée de la maison Serpentard, il laissa échapper un bref gloussement discret dans le couloir désert, en marmonnant.
- Un fichu serpent sournois sous la peau d'un lion.
Puis, il soupira et se recomposa un visage calme et illisible avant d'entrer dans la salle commune.

Aussitôt, tous les regards se tournèrent vers lui, et en voyant Pansy au centre de ses camarades, il comprit qu'ils étaient en train de parler de lui.
Drago resta impassible, les fixant tour à tour de son regard de glace. Il ne prononça pas le moindre mot, se détournant juste comme s'il n'avait rien remarqué prenant l'expression la plus hautaine possible. Puis il se dirigea vers le dortoir dans un silence de mort.

Il nota le sourire en coin et le clin d'œil amical de Théo, et songea qu'il devrait avoir une nouvelle conversation avec son camarade si surprenant.
Alors qu'il entrait dans le dortoir des garçons, il fit une pause, et il entendit des chuchotements furieux venir de la salle commune. Apparemment, la petite réunion le concernant n'était pas tout à fait terminée.

À une époque, il aurait probablement fait demi-tour et serait intervenu, pour se défendre à l'aide de paroles acerbes ou menaçantes. Mais les choses avaient changé. Sa vie avait pris un tournant imprévu, et il avait dû s'adapter à la pire des situations.
L'air supérieur qu'il avait avant n'avait pas survécu à la marque sur son bras et à l'horreur de la mission qu'il avait à remplir.

En entrant dans son dortoir, il prit une résolution importante.

Harry lui avait promis de le protéger. Il avait fait en sorte de le garder à l'écart, pour qu'il n'ait pas à prendre de risques.
Il lui avait offert son aide sans contrepartie, sans rien exiger en retour.

Il n'avait pas vraiment pensé à protester, il n'était pas du genre courageux. Il était loin d'être comme Harry, prêt à se jeter au devant du danger. Il n'était pas non plus du style à se sacrifier pour les autres.

Il était un Serpentard après tout, il voyait son intérêt avant tout le reste. Et il se battait pour ceux qu'il aimait.
C'était pour cette raison qu'il avait accepté d'être marqué au lieu de fuir comme il l'avait envisagé. Pour sauver ses parents. Il n'avait pas les mêmes convictions que son père avait eu au sujet des sangs-purs ou de tout ce qu'il pensait devoir changer dans le monde magique. Devenir Mangemort avait été la seule solution d'éviter à sa famille d'être décimée par le fou auquel son père avait juré allégeance.
Et puis, son nom de famille était depuis si longtemps affilié aux Ténèbres, qu'il n'aurait pas été pris au sérieux s'il avait tenté de se rebeller et de choisir une autre voie. Le choix n'était pas vraiment envisageable pour les Drago Malefoy de ce monde...

Cette fois, il allait prendre part pour de bon à la guerre. Volontairement. Pour Harry. Il allait s'assurer de lui apporter un maximum d'éléments, et il ferait en sorte également de lui trouver des soutiens. Il savait parler et convaincre après tout, il avait été l'un des leader de la maison Serpentard. Et si son aura s'était légèrement ternie depuis le début de l'année, c'était uniquement parce qu'il s'était lui même placé à l'écart.
Il ne faudrait pas beaucoup de temps avant de reprendre l'ascendant sur ses camarades. Aussi perfide que puisse être Pansy, la jeune fille à la langue de vipère n'avait pas autant de pouvoir de séduction ou de conviction que lui.

La première règle que son père lui avait inculquée était de ne faire confiance à personne. Si les Serpentard se soutenaient globalement entre eux, ils n'étaient cependant pas soudés au point d'être capable de faire front commun en cas de difficultés... Des années de règne Voldemort avait réduit la maison vert et argent à un groupe sans réelle cohésion, à l'écart des autres.
Sans savoir d'où lui venait cette idée un peu folle et surtout dangereuse, Drago décida de bousculer un peu l'ordre établi.

Il allait faire confiance à Théo, en espérant que l'adolescent taciturne n'ait pas mis au point un monstrueux stratagème pour tester sa fidélité. Puis, il allait essayer de réveiller l'esprit de cohésion de sa maison, leur montrer que peut-être il y avait un autre chemin à celui que leurs parents avaient tracé pour eux.

Drago sursauta légèrement en entendant quelqu'un entrer dans le dortoir, et il sourit en voyant Théo. Un vrai sourire, et non pas un de ses rictus méprisants qu'il affichait autrefois en permanence. Son camarade s'immobilisa, légèrement confus et le blondinet ne put s'empêcher de glousser ravi de sa réaction.
- Alors ? La réunion me concernant a été intéressante ?

Théo le dévisagea longuement, si longuement que l'estomac de Drago se noua et qu'il pensa avoir fait erreur. Mais finalement, le Serpentard répondit à son sourire, même s'il était évident à son attitude qu'il se méfiait.
- Pansy semble inquiète que tu provoques des ennuis. Des ennuis qui pourraient nous retomber dessus, bien évidemment. Elle te trouve... instable en ce moment.

Drago ricana, visiblement ravi. Les yeux brillants, l'air hautement satisfait, il se pencha en avant et murmura, sur le ton de la confidence.
- Et bien... cette chère Pansy ne se doute pas à quel point elle est proche de la vérité. Même si elle n'imagine pas vraiment l'ampleur de mes projets.