Quand il ne reste que l'espoir

Réveillon

Si Drago avait pensé faire fuir Harry Potter en exhibant la marque des Ténèbres en un geste désespéré et dramatique, il s'était lourdement trompé. Loin d'être horrifié ou révulsé, le Gryffondor s'était avancé prudemment, sans le quitter des yeux, comme pour ne pas le faire fuir. Puis, il avait tendu la main et caressé lentement le bras exposé, faisant naître une traînée de chair de poule sur la peau pâle.

Honteux, Drago baissa la tête vaincu. Il savait qu'il ne pouvait pas gagner contre lui. C'était Potter après tout. Potter qui écrasait tout sur son passage, qui réalisait l'impossible et réussissait toujours à n'en faire qu'à sa tête.
Le voyant ainsi passif, le Gryffondor l'attira contre lui avec douceur, dans ses bras, nichant son visage dans son cou.

C'était une sensation étrange que d'avoir le corps du brun collé au sien, après leur petite séance de bécotage en règle. Et Drago sentait déjà ses ennuis se diluer. Plus rien n'avait d'importance autre que les bras chauds du Gryffondor autour de lui, et son souffle paisible dans son cou.
Dans une dernière tentative pour stopper cette folie, Drago se raidit et marmonna.
- On ne devrait pas !

Mais il récolta un rire malicieux.
- Je n'aime pas respecter les règles, Drago.
L'emploi de son prénom le figea, alors que son cœur accélérait brusquement. Il se rendait compte que c'était agréable cette proximité, cette confiance entre eux. Juste pour expérimenter, il murmura.
- Harry...

C'était bien plus intime que l'utilisation de son nom de famille même si c'était étrange. Il sentit le Gryffondor le serrer un peu plus, et il aurait pu se plaindre de l'étreinte un peu trop ferme, mais il se sentait en parfaite sécurité. Il abdiqua. Il était bien trop faible pour repousser le jeune homme, pour se priver de son seul soutien sincère.

Potter - Harry - s'écarta un bref instant pour attraper son visage entre ses mains et il le dévisagea avec une intensité dérangeante. Drago fut incapable d'échapper à ce regard absinthe, et il ne baissa pas les yeux, troublé. Puis, lentement, le brun s'avança et posa un léger baiser sur ses lèvres, un effleurement à peine, qui tordit l'estomac de Drago par sa douceur et l'affection manifeste qu'il recelait.
- Ce soir, c'est le Réveillon de Noël. Passe le avec moi, s'il te plaît.

Le Serpentard écarquilla les yeux.
- Mais... tes amis ?
Harry gloussa, et haussa les épaules.
- Ils comprendront. Et puis, ça leur fera une occasion de passer du temps ensemble et peut être d'ouvrir un peu les yeux.

Un peu perdu, Drago baissa les yeux, et tressaillit en voyant son bras dénudé. La marque fut un retour brutal à la réalité.
Le Gryffondor cependant, l'obligea à relever la tête vers lui, pour le fixer.
- Je te propose juste d'oublier tout ça, pour une soirée. Juste passer un bon Noël.
- Tu pourrais choisir n'importe qui d'autre. Tu peux...
Harry le fit taire d'un regard impérieux.
- C'est toi que je veux.

Troublé, Drago s'éloigna doucement sans repousser Harry. Il avait juste besoin d'un peu d'espace, pour s'éclaircir l'esprit, parce que la présence du Gryffondor le troublait. La chaleur de son corps l'intoxiquait et lui ôtait toute envie de résister.

Il soupira, et haussa les épaules.
- Je n'avais pas vraiment prévu de fêter Noël.
Il croisa le regard presque suppliant du Gryffondor, et il sourit malgré lui. Il n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait rester un tel enfant alors même que le destin du monde magique reposait sur ses épaules.
Finalement il céda.
- Comme tu veux.

Le sourire joyeux de Harry fut comme un coup de poignard en pleine poitrine, et il sentit son cœur accélérer. Ce sourire lui était destiné, rien que pour lui, et il aimait cette idée. Autant que la pensée qu'ils seraient seuls toute la soirée, pour s'offrir un réveillon au milieu du Chaos de leurs vies.
Enthousiaste, le Gryffondor, s'exclama.
- J'amènerai de quoi manger.

Drago ne put s'empêcher de rire, contaminé par la bonne humeur de son camarade. Harry se rapprocha vivement de lui et il déposa un rapide baiser sur ses lèvres, comme s'il ne pouvait pas s'en empêcher.
- Nous devrions retourner dans nos dortoirs avant que les professeurs ne se mettent à nous chercher. Et on se retrouve juste avant l'heure du repas ?
Le Serpentard hocha la tête, trop troublé pour parler.

La journée passa comme dans un rêve pour le blond. Il resta perdu dans ses pensées, et aucun de ses camarades ne le dérangea. Ils étaient probablement persuadés qu'il travaillait à la fameuse mission confiée par Voldemort, et c'était ironique puisque son esprit était entièrement tourné vers Harry Potter.

A chaque fois qu'ils se croisèrent dans la journée, leurs regards s'accrochèrent. Pourtant, autour d'eux, personne ne se posa de questions.
Pour tous leurs camarades, ce n'était qu'un aspect de plus de leurs affrontements constants. Pourtant, si quelqu'un avait eu l'idée de les observer d'un peu plus près, avec un peu plus d'attention, il était évident qu'il n'y avait pas la moindre haine dans leurs échanges. Au contraire, ils semblaient attirés l'un vers l'autre et devaient se faire violence pour ne pas se rapprocher.

Depuis qu'il était sorti de la salle sur demande, Drago ne pouvait pas se sortir de la tête l'envie de passer la main dans les cheveux de Potter, juste pour voir s'il pouvait les discipliner un peu. C'était une lubie stupide, mais en fin d'après midi, il se rendit compte avec un léger choc qu'il n'avait pas pensé un seul instant à la marque sur son bras, aux Mangemorts qui pouvaient envahir Poudlard à tout instant ou sur le fait qu'il devrait tuer Dumbledore.

Il était donc beaucoup plus détendu et à l'heure où ses camarades se dirigeaient vers la Grande Salle, il s'installa dans son lit et en ferma les rideaux. Blaise essaya de le convaincre de manger, mais il grogna, répondant d'un ton sec qu'il n'avait pas faim, retrouvant un peu de son ancienne verve.

Une fois que le dortoir fut désert, il se releva avec impatience, pressé de retrouver le Gryffondor qui avait occupé ses pensées. Les couloirs de Poudlard étaient déserts et il arriva rapidement au septième étage.

Il était déjà là. L'attendant.
En le voyant, Drago s'arrêta. Il avait cru qu'il n'y aurait personne. Qu'il ne viendrait pas finalement, qu'il se rendrait compte que c'était une mauvaise idée.

Pourtant, le brun était là, en avance, un panier à ses pieds.

Drago approcha lentement de lui, le fixant avec un peu de crainte, comme si le jeune homme allait brutalement disparaître. Ou éclater de rire et se moquer de lui.
Mais Harry le rejoignit à mi-chemin et le prit contre lui, déposant un léger baiser sur sa joue. Il sentit le souffle du brun contre son oreille, et ce dernier murmura.
- J'avais peur que tu changes d'avis.
Tout ce que Drago avait appréhendé disparut en se rendant compte que Harry avait eu autant d'inquiétudes que lui. Il se laissa alors aller contre lui, se promettant de lui offrir la meilleure soirée possible. Pour le remercier. Pour le voir sourire encore, de ce sourire qui allumait des étoiles dans l'esprit de Drago...