Décorations

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Pour la première fois de l'année, Drago avait suivi ses camarades pour se rendre à Pré-au-Lard. Il n'était pas touché par l'euphorie ambiante, regardant d'un œil presque indifférent ses camarades s'extasier devant les décorations du petit village sorcier.

Il traînait des pieds, maussade. Pour la toute première fois de sa scolarité, il n'avait pas réussi à croiser Potter. L'agaçant Gryffondor était toujours sur son chemin, lui et sa tignasse en désordre, et ses yeux verts. Et alors qu'il avait besoin de lui, le balafré disparaissait de la circulation.

La veille au soir, il avait reçu un hibou, et lorsqu'il avait déballé le petit paquet, les mains tremblantes, il avait paniqué. Profitant de son insigne de Préfet, il avait arpenté les couloirs, priant pour trouver le Gryffondor qui vagabondait régulièrement la nuit. Mais... aucune trace de Potter.

Il avait passé une nuit blanche, les yeux fixés sur le paquet maudit, alors qu'il savait parfaitement ce qu'il avait à faire. La menace était explicite, s'il n'obéissait pas, ses parents le paieraient.
Au matin, épuisé, il avait pris sa décision. Potter invisible, il allait obéir en priant que le brun le pardonne. Ou au moins qu'il ne lui en veuille pas trop...

Ainsi, il était à Pré-au-Lard, prêt à remplir sa mission. Il allait devoir user d'un impardonnable, ensorceler quelqu'un pour transmettre le paquet à Dumbledore. Peut être que s'il arrivait à voir Potter rapidement, le Gryffondor pourrait empêcher le Directeur de mourir.
Il repoussa fermement tous ses doutes et ses peurs, et il raffermit sa prise sur sa baguette dissimulée dans sa manche. Il était nerveux, bien évidemment. Ce n'était pas tous les jours qu'un courrier signé de Voldemort arrivait, avec pour ordre direct de remettre un bijou maudit à Dumbledore.

Il hésita longuement sur la personne idéale qui pourrait servir d'intermédiaire, et finalement, il se décida, espérant qu'un jour il serait excusé pour ses fautes.
Drago entra dans le pub les Trois Balais, et s'assura d'un coup d'œil circulaire qu'il n'y avait pas encore d'élèves de Poudlard. Ils étaient tous à se précipiter pour faire leurs achats de Noël, et dévaliser Zonko pour faire le plein de friandises. Ils ne viendraient boire et se réchauffer qu'après, juste avant de rentrer à l'école.

Madame Rosmerta lui tournait le dos, et essuyait un verre. Elle était seule, fort heureusement, et Drago souffla doucement soulagé. D'un geste discret, il murmura le sort interdit.
- Impero.
Aussitôt, Rosmerta se tourna vers lui le regard vague, attendant ses instructions.
- Vous allez remettre ce paquet à un élève de Poudlard. Le premier qui viendra vous parler. L'élève devra le remettre à Dumbledore et à lui-seul.

La femme hocha mécaniquement la tête, et Drago frissonna, détestant se servir d'elle comme une marionnette. Il fit glisser doucement le paquet sur le comptoir et la femme le prit, le rangeant sous le bar.
Drago hésita, puis libéra la femme du sort. Maintenant que l'ordre était implanté dans son esprit, elle obéirait. Il jeta un regard sur la salle chaleureuse encore déserte, joliment décorée et quitta les lieux, alors que Madame Rosmerta reprenait l'essuyage de ses verres avec des gestes machinaux.


Il erra quelques temps dans les rues du village, incapable de profiter de la sortie, et n'ayant pas la moindre envie de faire des achats. L'idée même de faire comme si tout allait bien le révulsait, et il finit par s'éloigner pour s'installer devant la cabane hurlante, s'asseyant près de la maison hantée. S'il rentrait trop tôt à Poudlard, il se ferait remarquer, aussi il avait décidé d'attendre que ses camarades commencent à rejoindre l'école.

Soudain, il sursauta en entendant des hurlements déchirants retentir. Il comprit immédiatement ce qui se passait, le cœur battant. Rosmerta avait donné le colis, mais visiblement la personne qui l'avait reçu n'avait pas pu résister à la tentation et avait touché le bijou qu'il contenait. En se souvenant que le collier d'opale maudit avait causé au moins dix-neuf morts, il tomba à genoux, le teint crayeux et se pencha en avant, vomissant tout ce qu'il avait dans l'estomac.
Alors que les spasmes agitaient son estomac, il sanglotait, malade d'angoisse à l'idée d'avoir causé la mort d'un de ses camarades.


Une main chaude se posa dans son dos, et il frémit, reconnaissant immédiatement le toucher de Potter. Il se laissa relever sans un mot, tête basse.
Face au silence, il leva la tête à contrecœur, persuadé qu'il aurait face à lui un regard accusateur. Mais Potter semblait inquiet, et une larme roula sur la joue de Drago.
- Je voulais te prévenir mais je ne te trouvais pas. Je...
- Chut... Malefoy tout va bien. Katie n'est pas morte. Elle ira bien.
- Katie ?
- Katie Bell. C'est elle qui a été touchée. C'était quoi d'ailleurs ?
- Un collier ensorcelé. J'avais pour ordre de le faire parvenir à Dumbledore, alors j'ai lancé l'Imperium sur Madame Rosmerta pour qu'elle le donne au premier élève de Poudlard qui passait sa porte.

Le Gryffondor soupira et hocha la tête.
- Tu n'avais pas le choix. Viens, retournons à Poudlard.

Drago inspira profondément, et se frotta les yeux, comme un petit garçon. Il ne pensait plus aux apparences, trop perturbé, trop mal pour ça. Il imagina les regards suspicieux sur lui, et une autre vague de nausée le fit se courber brutalement haletant.
La main de Potter revint sur son dos, le massant gentiment.
- Ça va Malefoy. Personne ne saura rien.

Il laissa le Gryffondor le redresser doucement, et le maintenir contre lui alors qu'ils avançaient vers Poudlard.
Peu à peu, Drago se ressaisit. Il passa une main tremblante sur son visage, effaçant les dernières traces de larmes, et s'obligea à reprendre son visage impassible. Seuls ses yeux trahissaient son état d'esprit, hantés par la culpabilité.
À regrets, il se détacha de Potter, frissonnant lorsqu'il perdit la chaleur de son corps, et il soupira, avant de le regarder dans les yeux.
- Je suis désolé. Je...
Mais Potter, terriblement sérieux, l'interrompit.
- Je sais.
- Comment tu peux prendre ça aussi bien ? Aussi calmement ?
Quelque chose passa dans les yeux verts et le Gryffondor leva la main pour dégager une mèche de cheveux de Drago, avec une douceur qui tordit les entrailles du blond. Puis, Potter soupira, laissant retomber sa main, et haussa les épaules.
- Je sais juste que tu es prisonnier de tes obligations, et crois-moi, je connais cette sensation.

Quand il ne reste que l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant