Canapé

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Drago était affalé dans la salle commune des Serpentard, prenant un canapé à lui tout seul, sourcils froncés. Une fois encore, il était plongé dans ses pensées, ignorant ses camarades autour de lui.
Ça lui arrivait de plus en plus souvent depuis que Potter lui avait offert son aide, s'isoler pour réfléchir.

Depuis toujours, il avait été habitué à ce que chaque action attende un retour. Dans son monde, jamais personne ne faisait rien gratuitement, juste par gentillesse. Et Potter débarquait et lui donnait de l'espoir sans rien vouloir en échange.

C'était déstabilisant. Mais pas vraiment étonnant après tout. Potter avait toujours été imprévisible depuis son arrivée à Poudlard.


Drago soupira et ferma un instant les yeux, se massant les tempes et essayant de vider son esprit de toutes ses pensées. Lorsqu'il se redressa, il se rendit compte que Pansy l'observait d'un air étrange. Aussi, il se leva en l'ignorant et quitta la pièce, tête haute et visage vide de tout sentiment.


Dans les couloirs, il erra un moment, un peu désœuvré. Il aurait dû se précipiter dans la salle sur demande, mais il en avait assez de s'échiner à réparer l'objet. Il n'oubliait pas les enjeux, et même s'il craignait toujours pour la vie de ses parents, il avait du mal à envisager faire entrer les Mangemorts à Poudlard.
Personne ne serait à l'abri. Pas avec des Mangemorts comme sa tante ou Greyback. Et une fois Poudlard tombée, Potter n'aurait plus aucun endroit où se retrancher. Il serait vulnérable. Exposé.


Malgré lui, ses pas l'amenèrent au septième étage, devant le tableau de Barnabas le follet qu'il avait appris à connaître par cœur, à force de faire des allers-retours devant. Cette fois pourtant, au lieu d'entrer, il s'installa sur le sol, détaillant le tableau avec morosité.

Il ne sursauta même pas quand Potter apparut soudainement à ses côtés. Il n'était pas étonné, le Gryffondor avait toujours été ainsi, à apparaître quand on ne l'attendait pas, comme s'il avait un sixième sens ou que les vieilles pierres de l'école lui chuchotaient des secrets.


Avec un soupir épuisé, il se leva, prêt à ouvrir la salle pour montrer ce qu'il avait fait au Sauveur. Mais ce dernier le retint par le poignet.
- Malefoy ? Tu vas bien ?
Drago fixa le brun, et se rendit compte qu'il était réellement sincère. Il força un bref sourire sur ses lèvres et hocha légèrement la tête.
- Aussi bien que possible. Suis-moi, je vais te montrer.

Potter mit un long moment à le relâcher, comme s'il hésitait à le croire. Puis, presque à contrecœur, la main hâlée s'ouvrit et le libéra, et Drago fit lentement les trois allers retours nécessaires jusqu'à ce que la porte apparaisse.
Par habitude, le Serpentard vérifia que le couloir était toujours désert mais Potter ricana.
- Personne Malefoy. Nous sommes seuls dans cette partie du château.

Ils entrèrent et Harry Potter regarda autour de lui avec curiosité, un léger sourire aux lèvres.
- J'utilise cette pièce depuis un moment maintenant, et je n'avais jamais vu cet aspect. Tous ces objets...

Drago ricana.
- Un jour perdus, ils sont entassés ici. Je suppose qu'au fil des années certains étudiants y ont trouvé leur bonheur. Mais en fouillant dans tout ce fatras, peut être qu'on pourrait trouver des trucs datant des fondateurs.

Le regard vert se fit fasciné, et le brun gloussa, visiblement ravi. Il se pencha et tira un objet au hasard, qui se révéla être une pièce de jeu d'échec et il l'observa un instant, les yeux brillants, avant de la reposer.
Malgré lui, Drago s'en amusa, parce que le Gryffondor était capable de s'émerveiller pour tout et n'importe quoi.

Rapidement, ils arrivèrent près de l'armoire, et Harry l'observa les sourcils froncés.
Drago plissa le nez évitant de regarder l'adolescent à ses côtés.
- J'ai pu envoyer et récupérer une pomme, et elle était intacte.
- Comment peux tu être sûr qu'elle est arrivée au bon endroit ?
- Et bien, je pense que l'empreinte des dents de ma tante était un bon indice. C'était ce qu'elle devait faire pour m'indiquer qu'elle l'avait eue en main. Plus discret qu'un... message écrit.

Les yeux verts brillèrent de haine à la mention de Bellatrix, mais il ne fit pas la moindre remarque, tournant juste autour de l'armoire avec curiosité. Puis, il hocha la tête et tendit la main vers la poignée avant de jeter un coup d'œil interrogatif vers le blond.
- Je peux ?
Drago hocha la tête.
- Tu ne risques rien.

Le Gryffondor ouvrit la porte sur les étagères vides et observa l'intérieur avec soin avant de refermer l'armoire.
- Et donc, tu vas pouvoir faire en sorte de faire passer des êtres vivants sans qu'ils ne soient... blessés ?
- C'est le but oui. Je pense qu'il me manque peu de choses encore pour y parvenir, mais...
- Mais tu n'es pas pressé.


Drago détourna le regard en hochant la tête. Potter s'écarta de l'objet avec un frissonnement instinctif et il prit la main de Drago pour l'entraîner avec lui. Bien que surpris, ce dernier ne chercha pas à se dégager.
Lorsqu'ils furent suffisamment loin, ils s'immobilisèrent mais Potter le le lâcha pas, et Drago ne fit pas la moindre remarque. Le contact avec Potter était... agréable. Rassurant.
Le brun soupira, hésitant un instant, puis il le fixa.
- Pour ce qui est des Mangemorts, tu vas faire ce qu'ils veulent de toi. Je dirais à Dumbledore que j'ai eu une vision de Voldemort alors qu'il ordonnait l'invasion de Poudlard par cet endroit, et... ton nom ne sera pas évoqué. Les élèves seront mis à l'abri, et les professeurs seront prêts à se battre. Et moi aussi.
- Pourquoi ne pas parler de moi à Dumbledore ?
- Parce que Dumbledore... Il a échoué à protéger mon parrain. Il savait ce qui se passait et il ne m'a pas informé, il a préféré m'éviter. Alors, je vais continuer à me débrouiller et à me passer de lui. Sans compter qu'il risque de vouloir de toi des informations et je refuse à ce que tu sois mis en danger inutilement.

Le Serpentard vacilla légèrement, avant de cligner des yeux, incrédule.
- Mais... Si des informations peuvent aider... Après tout, si je dois aider ça me semble...
- Non !
L'exclamation brutale du Gryffondor le fit se figer, et Potter rougit légèrement, un peu gêné. Cependant, il avait les sourcils froncés, et un air déterminé.
- Aucune information ne mérite que tu risques ta vie Malefoy ! Je t'ai promis de t'aider, pas de te mettre en danger.

Ils se fixèrent, et Drago tira à lui le Gryffondor pour l'enlacer dans une étreinte maladroite. Il n'avait pas l'habitude d'être tactile mais il pouvait faire une exception pour un diable aux yeux verts qui chamboulait sa vie.

Quand il ne reste que l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant