Archie

34 7 3
                                    

Les arènes étaient l'un des derniers centres de divertissement officiel de la ville. Impressionnante vue d'en bas, leur architecture avait clairement été modifiée au cours des décennies. De nouvelles structures, ajoutées sur la base des anciennes, modifiaient selon l'angle de vue le style du bâtiment principal ainsi que celui des maisons alentour. Jon nous guida vers une des entrées dédiées au public, déserte à cette heure, puis il se glissa dans un couloir encombré de caisses et débris divers qu'il fallut dégager pour libérer le passage. Nous avançâmes jusqu'à une grille un peu rouillée, que Jon secoua plusieurs fois pour l'ouvrir, et nous arrêtâmes devant un mur en plâtre. Il céda sous la pression de la main du gob.

« La première partie du trajet sera assez sombre, dit Jon. C'est pour ça qu'on a amené des lampes. Faites-y attention. Je vais passer en premier, vous suivez en file. Après, on fera deux groupes. »

Il réfléchit un instant.

« Un avec moi... Vous, toi et vous... », fit-il en désignant Aïdan, Ken et Kurt. Et puis les autres formeront le deuxième groupe. On se séparera plus tard, aux quartiers habités. »

Nous nous engouffrâmes dans un corridor un peu plus large, où nous pouvions marcher à deux de front, guère plus. Je me retrouvai à côté de Brim, derrière Aïdan. Les regards en coin qu'elle m'avait lancés depuis que nous nous étions retrouvés ce matin m'inquiétaient un peu. Qu'avait-elle derrière la tête ? Le couloir, bien que clairement construit et non simplement creusé, s'encombrait régulièrement de débris de bois, de caisses abîmées et autres écroulements de murs derrière lesquels s'épanouissait la faune habituelle des caves. De temps en temps, un rat fuyait devant la lumière d'une lampe qui créait une barrière infranchissable entre les habitués de l'obscurité et nous.

« Jon, tu viens souvent par ici ? demanda Hexen

— Bof. Parfois. On trouve des machins intéressants en bas. C'est pas pire qu'ailleurs pour le commerce.

— Mais tu n'as pas peur de finir enseveli dans ce réseau ?

— Haha, toi avec ta grosse hache et tes épaules de troll, c'est clair que ça doit te questionner ! Mais pour les types comme moi, les petits, les qui voient bien dans le noir, les qui se fondent dans le décor, on s'en fait pas trop. Mes pieds sont légers, je fais à peine bouger la poussière. »

Des passages plus étroits nous obligeaient régulièrement à passer en file indienne. Nous débouchâmes finalement dans une petite salle à moitié creusée dans la roche naturelle, à la forte odeur de moisi et de poussière. Au sol, quelques centimètres d'eau. En face, deux galeries en Y. Dans la lumière jaune des torches, les visages de mes compagnons paraissaient taillés dans la cire, sinistres.

« Ah, c'est là qu'on se sépare ?

— Non, on part tous à gauche.

— Il y a quoi à droite ?

— On repart vers le carré. Pas très intéressant. Bon, il faut quand même que je vous explique, poursuivit Jon en avançant vers le couloir de gauche. Il y a une vie sous la ville. Ici, on trouve surtout ceux qui ne sont pas bienvenus en haut, les gangs, etc. Il faut trouver un endroit où les gens se rassemblent, pas tabasser le premier venu, il ne saurait probablement rien.

— Qu'est-ce qu'il y a comme gangs ? demanda Aïdan.

— Les mieux organisés sont les Griffons, plutôt au nord-ouest, et les Mains Noires au Sud. Si vraiment on n'a pas de chance, c'est possible qu'on assiste à des querelles entre eux. Mais on devrait pouvoir passer au travers.

— Disons que ce qui nous intéresse, c'est d'entrer en contact avec la pègre. Faudra peut-être les chercher... Notre objectif sera de trouver tavernes, auberges...

Secrets d'AcierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant