Secrets d'Acier

Marek

Je me laissai glisser le long du mur auquel je m'étais adossé. On était venus à bout. Aïdan descendit de la carcasse du monstre en regardant anxieusement l'oiseau qui volait en cercles autour d'elle. Finalement, elle lui offrit son bras, où il se percha avant de baisser la tête dans un simulacre de révérence. Du bout des doigts, elle lissa quelques plumes. L'animal lova sa tête dans la main qu'elle lui tendait, puis, en quelques enjambées prudentes, gagna son épaule. Delowney, à quelques pas, courbé en deux, reprenait son souffle. Il exécuta quelques moulinets du bras droit pour en tester l'état. Il adressa un coup d'œil à Aïdan, mais s'abstint de toute réflexion sur l'animal perché sur son épaule. Tassar par contre marcha vers elle et lui asséna une tape amicale sur l'épaule.

« Sen, tu sais comment ça se présente, dans la mine ?

— Je n'y suis jamais entré, mais il y a plusieurs niveaux. Trois ou quatre, probablement.

— Ok. Est-ce que tu sais s'il y a des conduits d'aération ?

— Oui, c'est sûr. Il y a des ascenseurs, donc les machines pour les actionner, ça fait de la vapeur, de la fumée... Il faut renouveler l'air. Par contre, je ne pense pas qu'un humain puisse passer. Mais ils ont peut-être creusé d'autres sorties depuis.

— Et à tout avis, il en reste combien ?

— Combien ont été tués ?

— Dix-huit. Pas de prisonniers. Aucun ne s'est rendu.

— Il en reste une dizaine, je pense. Peut-être moins.

— Bon, je vois. Le mieux c'est d'entrer. Qui voit dans le noir ?

— Moi je vois bien dans le noir, mais pas absolu, dit Calyss.

— Moi c'est bon, fit Brim. Je vois dans le noir total. Comme tous les nains.

— À quelle distance ?

— Une vingtaine de mètres.

— Alors vous passerez devant. Tassar voit moins loin. Mais d'abord, il faut fouiller la maison. Sen et les autres, allez-y. Mes hommes et moi on vous couvre. Avec un peu de chance, on va y trouver des plans ce cette fichue mine. »

Conformément à nos attentes, nous trouvâmes des bureaux. Tout paraissait étonnamment normal. L'Ensecret se donnait énormément de mal pour que tout semble fonctionner comme d'habitude. Aucun observateur extérieur n'aurait pu, en consultant les registres, se douter du drame de Tedsbourg. Aïdan fouillait partout en sortant méthodiquement tous les tiroirs pour fourrager dedans quelques secondes avant de passer au suivant. Elle dit soudain :

« Oh, des munitions. Et puis là, tenez, voilà la carte. »

Elle étala sur une table plusieurs plans précis qui détaillaient toute l'architecture de la mine.

« Y a pas d'indications.

— Non, mais ça veut dire quoi, ces croix ?

— Aucune idée. Mais ça a été rajouté après, par-dessus le reste.

— Des éboulements ?

— Peut-être. Ou des pièges ?

— J'ai trouvé un registre avec les données de productivité. Regardez, une partie des couloirs a été condamnée parce que les filons ont été épuisés.

— Ça correspond aux croix, mais il y a plus de croix sur la carte que de couloirs épuisés dans le registre. Il date de quand ?

— La dernière entrée date d'avant l'attaque.