Jorus

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Si Aïdan avait reconnu son agresseur, ça confirmait, ce dont je ne doutais pas, que la même organisation était impliquée dans toutes les agressions, celle de Kurt et celle d'Aïdan. Et probablement des enlèvements de jeunes filles précédents. Et très probablement mes commanditaires ou des alliés à eux.

« Bon, fit Aïdan, on a donc tué Boris et Barnard est mort à la Couche de Mélise. Reste à trouver Wold. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'on cherche sa copine. »

Elle désigna Kurt du menton. Il serra les dents.

Hexen demanda :

« C'est quoi la Couche de Mélise ?

— Un bordel du coin.

— C'est vous qui avez tué Barnard ?

— Nan. J'aurais bien aimé lui rendre la monnaie de sa pièce, fit Aïdan crânement, mais il avait déjà canné depuis quelques heures.

— Comment ?

— D'une balle entre les deux yeux. On ne sait pas qui, personne n'a rien vu...

— Pratique.

— On les élimine un par un quand on s'approche un peu trop, j'ai l'impression. Enfin, on en a un, c'est déjà ça. Et puis j'aimerais bien trouver Millecombe, enfin son successeur, enchaîna Aïdan. Donc je propose qu'on emmène l'autre pochard, là et qu'on l'interroge pour savoir où se trouvent Wold ou Ania. Mais dans un coin moins fréquenté.

— J'ai des herbes qui donnent des hallucinations terrifiantes, dit Ken avec un petit rire de gorge. Avec ça, il va parler, c'est sûr.

— Il va crever...

— Mais non... Par contre, on risque la tôle, c'est interdit.

— Je pense qu'on a plus de chances d'obtenir ce que l'on veut en lui expliquant que son intérêt est de se mettre de notre côté, parce qu'on peut l'aider à lutter contre ceux qui lui font peur. »

Naïveté touchante.

« Par contre, faut décarrer d'ici.

— Attends, c'est pas Brim qui s'amène ? Brim. Brim ! »

Ken avait une bonne vue. La silhouette ramassée du nain à la démarche chaloupée émergea dans l'atmosphère enfumée par les rares lampes à huile qui constituaient malgré tout toujours l'éclairage « public ». Il retroussa la lèvre supérieure en un rictus peu engageant qui dévoila des dents jaunies, puis nous donna des nouvelles de son équipée d'un air réjoui.

« Le Balafré a quitté la Fosse juste après vous, je l'ai suivi. Il est entré dans une maison abandonnée à quelques minutes. On peut y aller en force pour l'interroger.

— Mais faut vous le dire en quelle langue que « ce type » est un sale type qui n'a rien à voir avec rien ? C'est juste un caïd qui n'a aucun lien avec l'enlèvement des filles ! dis-je.

— Toi, tais-toi, répliqua le nain. Je sais que tu nous caches des trucs.

— Mais je vous ai tout raconté ! Si vous y allez, moi je vous préviens, je ne vous suis pas !

— Bon, je comprends que vous soyez curieux, mais on devrait peut-être quand même plus s'occuper de savoir qui est ce J.T et quel est cet « endroit habituel », ça va nous donner des indices pour trouver Wold ou les autres membres de ce gang. Et pour ça, on devrait trouver un endroit calme pour interroger celui-là » dit Aïdan en désignant les yeux écarquillés de Louis.

Je louai intérieurement son intelligence.

« Ben on peut le faire sur le chemin. De toutes façons, qu'on interroge ce balafré ou pas, faut que je vous montre où il crèche, comme ça vous saurez. Et vous verrez, c'est on ne peut plus calme. Une pierre, deux coups. »

Secrets d'AcierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant