Tedsbourg

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« Entre. »

Aïdan rangeait ses affaires, face à la fenêtre de sa chambre. Elle me tournait le dos. J'obéis et fermai la porte derrière moi. Une odeur de savon flottait dans l'air.

« Aïdan... Je sais que nous n'avons pas commencé sous les meilleurs auspices mais... Tu es l'une des personnes les plus compétentes que je connaisse, je ne vois pas cette mission réussir sans toi. »

— Haha, la flatterie. »

Elle se retourna, et je n'aimais pas du tout l'expression goguenarde de son visage.

« Nous sommes tous compétents, sinon nous serions morts. Mais l'autre groupe est beaucoup plus fort que nous. Toi-même nous l'avais fait remarquer, ce fameux jour où ils-t-ont fait bouffer tes dents à l'auberge. »

Elle soupira et se retourna.

« Écoute, nous avons tous une vie. Moi aussi j'ai des gens qui comptent sur moi... Pour moi, et je dois travailler pour eux.

— Si c'est une question d'argent, cette mission nous en rapportera, c'est sûr... Et nous avons aussi gagné beaucoup avec le cœur, tu as droit à ta part...

— Ce n'est pas que ça. J'ai aussi besoin d'éclaircir certains points... C'est personnel. Et ce n'est pas à Alba ni dans la région que je trouverai mes réponses. »

Elle se retourna de nouveau et recommença à plier ses vêtements avant de les enfourner dans son sac.

« C'est ta famille ?

— Ça ne te regarde pas ! Mais oui, si ça t'intéresse tant que ça, tu n'es pas le seul à avoir des soucis de famille. »

Elle ne semblait pas disposée à en dire davantage. Je n'insistai pas.

« Je ne connais pas ces gens qui vont nous accompagner, dis-je. Oui, ils sont très forts, mais notre mission demande un peu plus que des compétences martiales. Elle demande de la bonne volonté. De la confiance...

— Pff, tu parles de ceux de notre groupe qui seraient foutus de voler le tronc des églises ?

— Justement ! C'est pour ça que j'ai besoin de l'aide de gens plus... intègres... »

Ce n'était pas tout à fait juste pour les membres du groupe, qui s'étaient toujours montrés d'une loyauté étonnante. Elle se figea. Un instant, je craignis une autre répartie cinglante, mais, les poings sur sa table, le regard lointain, elle dit simplement :

« J'ai besoin de réfléchir. »

Je déglutis. J'avançai de quelques pas vers elle et me laissai tomber sur les genoux. Tête baissée, n'osant la regarder, je dis :

« Je te le demande comme un service. Nous avons fait beaucoup de chemin ensemble. Je t'en prie, ne me laisse pas tomber maintenant. »

Je l'entendis se retourner. S'approcher. Elle posa ses mains sur mes épaules et inspira. Quand elle relâcha son souffle, je me pris à espérer. D'une petite impulsion de la main, elle m'incita à me relever.

« C'est bon. Je viens. »

Elle l'avait dit d'une voix un peu gênée. Je lui répondis d'un sourire. Avant de la serrer dans mes bras.

« Eh ! Que ça devienne pas une habitude, hein ? »

Nous avions une journée pleine pour faire nos préparatifs. Qu'emmener ? Des rations, des baumes de soin, des armes, tout le matériel nécessaire, soit. Mais encore ? J'y réfléchissais en descendant, tout en me demandant s'il valait mieux me rendre au monastère avant ou après les préparatifs. Je n'avais pas abandonné l'idée de convaincre Kurt de venir avec nous. Et puis j'avais aussi un plan à dessiner.

Secrets d'AcierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant