Chapitre 21

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• « Comme avant » •

Mon réveil sonne et m'arrache un râle de mécontentement. Il est bien trop tôt pour que je me lève mais avec les fortes chaleurs de ces derniers jours, il vaut mieux que je me lève tôt pour monter à la fraîche et les laisser au repos en journée.

Lubin est déjà dans la cuisine, attablé avec uniquement une tasse de café. Je le salue rapidement et m'installe face à lui pour prendre mon petit déjeuner. C'est étrange de le voir ici tous les jours puisque même quand nous étions adolescents et qu'il était apprenti; il n'était pas à la maison. J'avoue qu'il y a aussi cette espèce de tension entre nous qui ne me rend pas forcément à l'aise. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il essaie de faire mais depuis le temps qu'il le fait, il a bien du comprendre que je ne lui étais pas insensible.

Je me lève et sors. Je dois me dépêcher de me mettre à cheval pour en avoir le moins à monter ce soir. Je commence par Vivaldi puisqu'avec la préparation il passe un peu avant tout le monde. Je n'aime pas privilégier un cheval par rapport aux autres mais la je n'ai pas le choix. Nous partons en fin de semaine donc nous sommes sur la fin mais c'est aussi là que tout se joue. Le stage fédéral la semaine dernière à tout cadrer pour les jeux. Il faut maintenant faire une semaine tranquille pour aborder les prochains jours avec un cheval au top de sa forme et avec un bon mental. Apparement les cavaliers doivent faire de même, malheureusement je ne trouve pas forcement de temps pour moi. Je vis comme ça depuis plusieurs semaines je devrais pouvoir tenir encore un peu.

Une simple détente vers le bas suffira pour Vivaldi aujourd'hui, je descends et le confie à un cavalier maison tandis qu'il me donne Galatée en échange. J'allais pour monter mais deux mains me soulève et m'éloigne de la jument. Je dévisage mon coach de haut en bas et fronce les sourcils quand je vois qu'il a ses bottes et sa bombe.

- C'est moi qui monte tes monstres cette semaine, toi tu te reposes.

Je ris jaune et il m'ignore pour se mettre à cheval. Il a mis sa selle et je ne l'avais même pas remarqué.

- Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas en me privant de monter que j'irai me reposer.

- On a vu ça quand tu t'es blessée après Bordeaux, me lance-t-il avec un clin d'œil.

Je sens mon cœur s'accélérer à l'évocation de cette soirée où nous avions enlevé toutes les barrières que nous avions fixés à l'époque.

- Tu ne vas pas totalement arrêté de monter, mais tu vas te limiter à Trésor, Concorde et Vivaldi. Le reste je m'en charge.

- Et tes chevaux ?

- Ils seront en vacances.

Il a réponse à tout cet idiot. Il me sourit de toutes ses dents avant de se mettre dans le trot. Je file donc préparer mon avant dernier cheval de la journée et lorsque j'arrive le chatain par monter un autre de mes chevaux. Il me nargue et je ne vais pas rester longtemps à supporter ce petit sourire. Lorsque je me mets à cheval, mon téléphone sonne et le nom de mon ancien demi-frère apparait.

- Oui ?

- Comment tu vas Ange ?

- Très bien et toi Bastien ? Que me vaut ton appel aussi tôt ?

- Ça va, il marque une pause, je voulais prendre des nouvelles de ton père. Je n'ai pas pu venir en prendre quand les autres sont venus et jusqu'à maintenant je n'ai jamais vraiment eu le temps de me poser pour appeler.

- Il va mieux. Il souffre un peu avec la chaleur mais il a connu pire. tu pourras voir qu'il est en pleine forme la semaine prochaine !

- Oui carrément, je peux le gérer à la place d'Andréa s'il faut, il rit, comme ça il sera tranquille avec Eryne.

- Vois avec lui. Mais tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques; il va être ingérable.

Nous discutons encore un peu jusqu'à ce que je doive réellement me mettre à travailler pour descendre avant que le soleil ne tape trop. Bastien et mon père, même s'ils n'ont aucun lien de sang, on une relation assez fusionnelle. Cela c'est surtout vu quand il est sorti avec la mère du cavalier. Les deux parents ne se sont séparés qu'il y a un an pour une raison que nous ne savons pas mais ils ont su rester proche malgré la distance.

Je sais que plusieurs fois, Bastien avait plus de nouvelles de mon père que moi ou même Andréa; parce qu'il faut avouer que j'ai tendance à prendre très peu de nouvelles de mon entourage si nous ne nous voyons pas pendant un certain temps. C'est un défaut qu'on m'a longtemps repprpocher donc maintenant je tente de faire des efforts mais comme on dit : chasser le naturel et il revient au galop.

J'observe Lubin sur la petite jument et je m'émerveille une nouvelle fois sur sa monte. Je ne le dirai jamais assez : il monte trop bien pour se limiter à n'être que coach. Il s'arrête à mes côtés et me propose de partir en balade. J'accepte et il me donne rendez-vous dans vingt minutes à cheval dans la carrière. Je lui souris et file préparer Trésor. Lorsque je le rejoins, il repasse au pas et nous prenons le chemin de la forêt. Ce dernier mène à une rivière qui permettra aux chevaux de se rafraichir.

Le châtain est bien silencieux, perdu dans ses pensés. Je n'aime pas forcément cela. Le peu de fois où je l'ai vu dans cet état, il m'annonçait son départ plusieurs minutes après.

- A quoi penses-tu, braisais-je le silence.

Je sais très bien que cela me concerne, que cela nous concerne, alors je veux savoir.

- Je repensais à nos jeunes années, je ris, on dirait un vieux qui parle. Sérieusement, cette époque ne te manque pas ?

Je ne saurais dire de quoi il parle réellement lorsqu'il évoque mes années poneys. De nous, sûrement, mais sous quelle forme ?

- Explique.

- Tu sais très bien que c'est déjà assez compliqué de dire cela.

Je soupire. Nous sommes vraiment des handicapés parfois. Lubin a beau être assez franc par rapport à moi, il n'empêche qu'il reste assez réservé sur certains sujets.

- Ouais, ça me manque. Je rêverai de revenir en arrière pour profiter encore plus de mon poney.

Il baisse la tête à mes mots. Il s'attendait donc à une autre réponse.

- On s'est peut-être rencontrés un peu trop tard pour vraiment profiter de cette période.

Il me regarde soudainement mais je continue de regarder devant moi, tentant de rester impassible face à ce regard qui me sonde et qui m'angoisse un peu plus par rapport à ce que je vais lui dire.

- A moi aussi, notre duo me manque. Mais nous n'avons plus seize ans. Nous avons pris en maturité et en âge, est-ce qu'on ne s'attache pas à un idéal que nous ne pouvons avoir aujourd'hui ?

- C'est à dire ?

- Rien ne sera comme avant

IRREGULARBEATS

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