• « Joie » •
- Oh les amoureux, y'a Victor qui passe enfin dépêchez-vous !
On se regarde et je me détache immédiatement de Lubin pour courir voir notre dernier cavalier. Le chatain sur les talons nous arrivons pile poil à temps. Je souris à Romane qui était venue nous cherché et elle rit discrètement face à ma gêne. Je me concentre sur Victor. On voit bien qu'il est tendu mais je suis sûre qu'il saura s'en sortir. Il y aura barrage avec les Etats-Unis uniquement s'il fait plus de quatre points. Il a les épaules pour s'en sortir.
Victor signe également son sans-faute. C'est magique comme moment. La tension de la compétition s'enlève un court instant pour laisser échapper la joie. Nous sommes champions olympiques. Je saute dans les bras de Lubin et fait de même avec les autres. Les larmes coulent sur mes joues, je pleure de joie. Petite je rêvais de ce moment, maintenant je le vis. Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer. Tout le temps où nous attendons pour la remise des prix, je ne cesse de remercier tout le monde en pleurant. La scène, vu de l'extérieur, doit être comique.
Lorsque Romane arrive avec mon cheval, je la prends dans mes bras elle aussi avant de caresser mon alezan. Il m'aura emmenée tellement loin. Même s'il nous reste la manche individuelle demain, il a déjà comblé toutes mes attentes.
Les chevaux reçoivent leurs flots et lorsque nous rentrons sur la piste pour le remise des prix, c'est la bouffée d'oxygène : nous avons remplis une part de notre contrat. Je laisse mon cheval à Lubin et nous nous avançons, soudés et souriant, jusqu'au podium. La cérémonie commence et je retiens mes larmes tout le long, même quand je reçois ma médaille d'or. Lorsque nous remontons à cheval pour le tours d'honneur, je pleure de nouveau. Je suis toujours autant sensible, mais aujourd'hui c'est pire que d'habitude.
Lorsque nous sortons de piste, Vivaldi est directement entre les mains de Romane puisque nous avons nos impressions à donner aux journalistes. Les chaines étrangères sont assez barbantes, mais quand la télévision française arrive, je souffle enfin. Mon anglais a beau être bon, je reste très limitée dans mes réponses.
- Félicitation, commence le journaliste, comment vous sentez-vous ?
- Je réalise pas forcément, je ne fais que de pleurer, je ris, mais c'est magique comme sensation. Je tremble tellement l'émotion est forte.
- Plusieurs années après votre père avec l'Italie, vous êtes aussi championne olympique par équipe, qu'est-ce que cela vous fait ?
- Je réalise le chemin parcourt depuis que j'ai commencé ou même depuis mes années poneys et mon passage à cheval. Je le remercierai jamais assez de m'avoir supportée et d'avoir supporté mes crises.
- On va rapidement débriefer de votre tours après, mais avant, qu'allez-vous faire ce soir ?
- Profiter de mes proches que j'ai très peu vu même s'ils sont tous sur place, et puis ne pas me coucher trop tard pour être à fond sur l'individuelle de demain.
- Vous visez le titre ?
- J'aimerais, mais rien n'est sûr, je vise au moins un top dix.
Je débriefe rapidement mon tours avec eux et me presse d'aller retrouver mon cheval et mes amis. On range toutes les affaires et nous rejoignons le groupe dans un café du village olympique. Je les revois enfin, cela ne fait que quelques jours mais avec tout ce qui s'est passé, j'ai l'impression que cela fiat une éternité.
Je m'éclipse un moment pour appeler mon père. Lui aussi semble touché par les évènements de cette après-midi. SA voix tremble, la mienne aussi. Il ne cesse de me répéter qu'il est fière de moi, de me féliciter et de me dire qu'il m'aime. Je finis par craquer pour la énième fois de la journée. Lubin s'approche et me prend dans ses bras sans un mot tandis que je continue de parler avec mon père.
Après un bon quart d'heure il me laisse et je retourne avec les autres. Evidement le geste de Lubin n'est pas passé inaperçu et c'est avec une gêne immense que nous annonçons que nous sommes de nouveau ensemble. Un peu plus tard dans la soirée, je me retrouve comme d'habitude seule avec Sacha. Cette vielle habitude pour me permettre de parler et de tout mettre à plat n'a pas changé.
- Je suis content pour toi, pour vous. Depuis le temps qu'on attendait ça.
Je souris en baissant la tête, gênée.
- Je sais à quel point tu peux te braquer quand il s'agit de parler de toi et de ce que tu ressens, mais je ne le dirai jamais assez : il a une très bonne influence sur toi et ce, depuis toujours.
- Il n'y a pas que lui hein.
- Je sais, mais je ne pense pas que tu t'ouvres autant à moi qu'à lui.
Je me contente d'hausser les épaules, incapable de répondre.
- Comment va ton père ?
- Je ne sais pas si je peux dire bien. Son état n'est pas très stable. J'ai peur pour l'avenir. Il n'est pas vieux donc, je laisse ma phrase en suspend, désarmée face à la situation.
- Ton père est un battant, il va se battre pour s'en sortir.
- J'espère, je souffle, et toi quoi de neuf.
Il se met un sourire comme un idiot en fixant le ciel.
- Je vais être papa.
Je ne peux retenir un crie avant de lui sauter dessus pour le serrer dans mes bras.
- Je suis trop heureuse pour toi ! Depuis quand ?
- Alizée me l'a annoncée avant qu'on parte, ça fait deux mois qu'elle est enceinte.
- Tu vas être papa, répétais-je pour l'assimiler, prems pour être la marraine.
- Tu sais déjà que la place t'es réservée.
- Qui d'autre est au courant ?
- Nos parents. Je voulais te l'annoncer avant, je ne sais pas trop pourquoi.
- Parce que je suis trop importante dans ta vie.
- Alors oui, mais redescend quand même.
Quelle soirée, quelle journée. Moi qui pensait que ma vie ne pouvait pas être mieux, mais lorsque je vois mes amis évoluer en fondant une famille, je me dis que c'est maintenant qu'elle a le plus de sens.
IRREGULARBEATS
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Teen FictionTOME 2 DE VISER LES ÉTOILES En peu de temps, tout peut changer