Chapitre 19

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• « S'ouvrir » •

Je tirais une première bouffée quand j'entends la baie vitrée s'ouvrir derrière moi. J'ai du réveiller quelqu'un en me levant. La chaise à ma droite est tirée et je bloque mon regard sur l'horizon, attendant de voir si cette personne va prendre la parole. Et mes attentes sont entendues.

- Déjà trop angoisser pour dormir ?

Je ne le regarde pas.

- Non, trop euphorique et beaucoup trop chaud.

Il rit à mes côtés et je me contente de fixer le ciel étoilé face à nous tout en tirant une troisième taffe. Mon téléphone vibre sur la table qui est fasse à moi. Je regarde et laisse échappé un soupire quand je vois de qui vient le message : Valentin. Je dois tirer une tête de trois pieds de long pour que le chatain me demande ce qu'il se passe.

- Valentin, je cite : Bravo pour ta sélection. J'aimerais qu'on parle, tu me manques.

- Tu vas lui répondre ?

- Non. je n'en ai aucune envi.

- Pourquoi ?

- Je pense qu'il y a des choses qui ne te regarde pas Lubin.

- Je suis-

- Non, je le coupe, ne prend pas ton rôle de coach comme justification pour t'introduire dans ma vie privée.

Je l'entends rire, surement sarcastiquement, avant de s'assoir sur la chaise fasse à moi. Il ajoute qu'avant d'être mon coach, il est aussi mon ami et que donc il fait parti de cette sphère privée.

- Qu'a-t-il fait pour que même Sacha ne soit pas totalement au courant.

Je souffle et m'enfonce dans ma chaise tout en fuyant son regard. Lui est appuyé sur la table et me fixe, cherchant à desceller la moindre émotion. Mais il commence à me connaître, rien n'apparait sur mon visage ni dans mon comportement; s'il arrivait à lire en moi lorsque j'étais une adolescente, aujourd'hui il en est incapable : je me suis trop renforcer pour que ce soit possible. Il souffle et reste là, planté, à attendre une réponse à sa question.

- Notre relation et notre couple ont toujours été voués à l'échec. Déjà ados s'il y avait dû y avoir quelque chose : cette chose n'était pas faite pour durer. Involontairement, je lui ai laissé une porte entre-ouverte. Même si cette dernière s'est fermée lorsque nous nous sommes mis ensemble, il n'a jamais arrêté d'espérer je pense.

Je marque une pause et ose enfin rencontrer son regard. ce dernier est tourné vers moi, mais il ne me regarde pas; il est perdu dans le vide. Lubin m'écoute mais son cerveau turbine à plein régime.

- Après notre séparation, il m'a aidé à remonter doucement la pente et je me suis réattacher à lui. Il avait murit et je commençais vraiment à apprécier l'homme qu'il était.

- Était ?

- Oui, je souffle, était. Nous nous sommes mis ensemble après quelques mois à se côtoyer et au départ c'était magique, la suite n'a pas continuer sur le même chemin. Il est devenu extrêmement jaloux. Le moindre homme que je fréquentais, même les palefreniers ou mon patron, il ne les supportait pas. J'avais le droit à des crises de jalousie fréquente. Puis, peut être en un désir de me garder encore plus auprès de lui; il a commencé à me parler d'emménager ensembles voire même de mariage.

- La fameuse demande du trente-et-un.

- Oui, je souris doucement, Puis tu es revenu et là c'est vraiment parti en vrille. J'ai accepté à contre-cur qu'il emménage chez moi pour sauver mon couple mais c'était invivable tellement il me pistait. Et puis les photos du shoot sont sorties et il a vrillé.

Je baisse la tête essayant de retenir tous ces souvenirs mais c'est assez compliqué. Le châtain face à moi reste silencieux mais si nous étions dans un dessin animé, son cerveau fumerait. J'allais me lever mais une soudaine prise de parole me force à rester assise.

- C'est à cause de moi que vous vous êtes séparer ?

- Peut-être, je souffle totalement perdue, il a toujours eu un énorme complexe d'infériorité par rapport à toi. Il t'a toujours envié et je pense que pour lui s'il réussissait à me garder, ce serait une victoire sur toi.

- Je n'en reviens pas que mon meilleur ami puisse être comme ça. Je ne l'ai jamais vu jaloux ou même toxique comme tu me le décris.

- C'est maladif chez lui, tu ne pourras malheureusement pas changer cela, je me lève, toujours est-il que je suis mieux sans lui et célibataire.

J'allais rentrer me coucher puisque je sens enfin la fatigue s'accumuler mais une question me fige sur place.

- Est-ce qu'il a raison ? Est-ce que tu as encore des sentiments pour moi ?

Je me retourne lentement vers lui pour voir s'il est sérieux, et effectivement il l'est.

- C'est difficile de te répondre, il y a un an j'aurais répondu oui sans hésitation, mais maintenant je pense que c'est plus de l'attachement qu'on a l'un envers l'autre. J'ai grandi auprès de toi et tu as été mon premier amour, je ne peux forcément pas t'oublier; surtout vu tous les évènements auxquels tu es rattaché en tant que copain ou en tant que coach. Mais je te rassure, je n'ai plus de sentiments envers toi.

Il hoche la tête et je passe la baie vitrée en lui souhaitant bonne nuit. Il reste assis surement perdu dans ses pensées. Je mentirais si je disais que moi aussi je ne le suis pas. Reparler de Valentin m'a secoué et m'a vraiment fait prendre conscience de la personne qu'est Valentin, de son impact sur ma vie ainsi que la trace qu'il y a laissé. Je suis ce genre de personne qui est persuadé que toutes personnes laissent une trace dans notre vie; certaines prennent juste plus de place que d'autres. Je m'allonge sur mon lit mais je me rends compte que j'ai oublié mon téléphone dehors. Je soupire et me lève pour aller le chercher. Lubin n'est plus sur la terrasse et cela me déstabilise un peu puisque je ne l'ai pas vu dans le salon en passant. Je récupère mon téléphone et ferme la baie vitrée, je la verrouille et me retourne. Je percute un torse et je reconnais immédiatement ce parfum.

- Excuse-moi.

- Ne t'en fait pas.

Bordel, un frisson parcours ma colonne vertébrale quand il parle avec une voix plus rauque que tout à l'heure. Sans que je ne comprenne pourquoi il me prend dans ses bras. Je reste stoïque, angoissée par ce contact. Je n'ai jamais été très tactile sauf peut-être avec mon meilleur ami ou lui. Mais aujourd'hui, les choses ont changé et même si la relation qui unissait notre duo me manque; elle était basée sur des sentiments que je n'ai plus le droit d'avoir pour rester professionnelle. Je le repousse doucement, m'écarte de lui et remonte me coucher.

Je ne sais pas où tout cela va nous mener, mais je ne sens rien de bon se profiler à l'horizon.

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