16° Balcon, crépuscule et rouge écarlate

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Chapitre 16.

🏐🌸🍙

— Dis Keiiiji, tu vas retourner au lycée après le déconfinement ?

Ils étaient au début du mois de juin, et la France commençait peu à peu à déconfiner. Ils avaient alors reçu un mail leur proposant de revenir au lycée une dernière semaine, histoire de voir une dernière fois leurs professeurs. Kotaro n'avait cependant aucune envie d'y remettre les pieds, à moins que ce soit dans le gymnase pour retrouver son équipe de volley. Il pourrait toujours voir ses potes en dehors du lycée, il n'avait donc pas besoin d'y aller.

Mais si Akaashi décidait de s'y rendre,  ça changeait toute la donne. Là, il était même près à y rester de huit heures à dix-huit heures si ça lui permettait d'être à ses côtés.

Ils étaient accoudés au balcon, et regardaient le soleil se coucher à l'horizon. Ils profitaient du vent léger pour se rafraîchir un peu, l'appartement de Kotaro était devenu un véritable four avec l'arrivée des grosses chaleurs. Ils avaient bien un ventilateur, mais son courant d'air superficiel ne valait pas le vent frais qui soufflait dehors.

— Hm, je ne pense pas. Ça ne servirait à rien. Et puis, je sais que j'ai déjà mon bac. Je retournerai au lycée pour la remise des diplômes, c'est tout.

Bokuto acquiesça. Tous deux savaient déjà qu'ils n'auraient pas besoin d'aller au rattrapage. Ils n'avaient pas fait de calcul pour connaître leurs mentions, mais ils se doutaient un peu du résultat. Akaashi aurait sûrement la mention bien, et Bokuto aurait peut-être la mention assez bien, avec un peu de chance.

Ce qui les inquiétait davantage, c'était les résultats de Parcoursup. Ils avaient tous deux demandé une licence en STAPS avec une spécialisation en volleyball dans l'université du coin, et ils espéraient de tout cœur qu'ils seraient acceptés. Normalement, c'était dans la poche pour tous les deux, mais ils ne pouvaient s'empêcher de stresser. 

Pourtant, ils avaient un excellent niveau: Bokuto était reconnu pour être un très bon attaquant et avait déjà été repéré par quelques entraîneurs, tandis que les talents de passeur d'Akaashi n'étaient plus à prouver depuis qu'il avait reçu plusieurs propositions pour jouer dans des équipes bien classées.

Le problème, c'est qu'il y avait beaucoup de demandes et peu de places disponibles. Alors ils croisaient les doigts.

— Je pense que je vais faire pareil, répondit Bokuto.

Il n'y a pas à dire, le ciel crépusculaire est un spectacle inégalable. Le soleil avait pratiquement disparu, mais le ciel était taché de rouge et d'orange. Il ne tarderait pas à se faire engloutir par les ténèbres. Kotaro, qui avait les coudes sur la rambarde et la tête entre ses mains, tourna son visage vers Keiji. Ses cheveux bruns coupés par ses soins se balançaient au gré du vent. Il avait le regard perdu dans le vague, mais il semblait détendu. Les derniers rayons du soleil se reflétaient sur sa peau et donnaient l'impression qu'il brillait comme une étoile.

Kotaro avait envie de l'embrasser. C'est en songeant à cela qu'il réalisa que c'était ça, le bon moment pour se déclarer. Ils étaient seuls, l'air était bon, le ciel s'était teint d'un rouge écarlate pour refléter ses sentiments amoureux. Il ne fallait pas qu'il loupe cette occasion. Alors il respira un bon coup, et se jeta à l'eau.

— Dis, Keiiiji...

— Hm ?

— Le chocolat et la sauce piquante, c'était vraiment une si mauvaise association ?

Akaashi fronça les sourcils, se demandant où il voulait en venir. Il ne comprenait pas pourquoi il lui parlait de ce fameux gâteau à la saveur ésotérique qu'ils avaient cuisiné ensemble un mois auparavant.

— Je suppose que ça dépend des goûts.

— Et... Si, si on s'associait, nous ? Tu crois que ça ferait... Une mauvaise association ?

Les joues de Keiji avaient pris la même couleur que le ciel. Son cœur s'était mis à battre plus fort, plus fort même que le vent qui soufflait. Il ne voulait pas se faire d'illusion, mais il avait vraiment l'impression que Kotaro était en train de lui faire une déclaration. Seulement, c'était trop beau pour qu'il puisse y croire. Il se dit que c'était encore une formulation un peu étrange pour qualifier leur amitié, et qu'il ne devait surtout pas s'emballer.

Oui, il devait calmer son cœur. Et arrêter de se faire de faux espoirs. Bokuto ne l'aimait pas de cette façon-là, il fallait qu'il se fasse une raison, n'est-ce pas ?

— Non. On s'entend bien, aussi bien en amitié qu'au volley. Si on nous mélangeait, ça donnerait sûrement un bon gâteau.

Il avait essayé de parler dans la langue de Bokuto.

— Et si... J'avais aussi envie qu'on s'entende bien au niveau de l'amour ?

Son cœur avait atteint ses limites, le barrage cédait, les sentiments qu'il s'était tant efforcé de contenir allaient déborder. Il voulait le prendre dans ses bras, là, maintenant. Poser ses lèvres sur les siennes, lui avouer ce qu'il ressentait. Mais il ne le ferait pas avant d'être sûr de ce que Kotaro entendait par "amour".

— Hum... Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-il.

— J'aimerais qu'on soit plus que des amis. J'aimerais qu'on forme un couple.

Les yeux d'Akaashi se mirent à briller. Constater la réciprocité de ses sentiments l'avait plus chamboulé qu'il ne l'aurait voulu. Ça faisait des mois qu'il l'aimait, des mois qu'il se contenait, des mois qu'il se taisait. Il se sentait libéré d'un énorme poids sur le cœur. Kotaro aimait Keiji. Keiji aimait Kotaro. Le chocolat et la sauce piquante était un mélange surprenant, mais pas voué à l'échec. La vie était bien faite.

— Tu ne veux pas, hein ? murmura Bokuto, la voix tremblante. Ah... Oublie ce que j'ai dit, c'est pas grave, je vais...

Il fut couper par les bras d'Akaashi qui venaient de l'enlacer par la taille. Il s'était serré contre lui et avait enfoui sa tête dans son cou. Kotaro mit du temps à réagir, mais répondit finalement à l'étreinte en enserrant Keiji à son tour.

— Ça veut dire oui ? Tu, tu veux bien sortir avec moi ?

Toujours contre l'épaule de Bokuto, Akaashi hocha la tête. Il souriait tellement qu'il avait l'impression que ses lèvres n'avaient jamais été aussi étirées. Ils restèrent longtemps ainsi, dans les bras l'un de l'autre, sous la lune et les étoiles qui avaient fini par remplacer le jour. Ce fut Keiji qui mit un terme à leur étreinte, en prenant doucement le visage de Kotaro entre ses mains pour poser délicatement ses lèvres sur les siennes, comme il l'avait tant de fois rêvé.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant