5° Lutin, chaussette et paillettes

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Chapitre 5.

🏐🌸🍙

— Kotaro, le cours en ligne va commencer.

— Déjà ?! s'exclama ce dernier en sortant en trombe de la salle de bain à moitié habillé.

Il était torse nue, les pectoraux encore suintant de l'eau de la douche. Keiji voyait bien qu'il était en train de galérer avec sa ceinture mais il se retint de faire tout commentaire. Il se contenta d'apprécier la vue en silence.

— Bon, je vois que tout le monde est quasiment arrivé, on va pouvoir commencer le cours ! Hm, Keiji et Kotaro, vous êtes ensemble ? Il y a un pseudo avec vos deux prénoms.

Akaashi enclencha son micro pour répondre à la question, tandis que Bokuto bataillait à ses côtés pour enfiler un tee-shirt qui lui collait à la peau à cause de l'humidité.

— Oui madame. J'ai emménagé chez Kotaro pour le confinement. Il est avec moi, et nous avons trouvé que c'était plus pratique de suivre un cours en ligne avec un seul ordinateur pour deux étant donné que nous nous trouvons dans la même pièce.

— Je vois. Et pourrais-je entendre la voix de Kotaro ? C'est juste pour être sûre que vous ne couvrez pas votre ami qui aurait eu la fâcheuse idée de sécher mon cours.

Ami qui venait de se rétamer par terre après avoir glissé sur la chaussette qu'il était justement en train de chercher.

— Aïe aïe aïe ! Qu'est-ce qu'elle veut la vieille ? demanda-t-il en croisant le regard insistant de son colocataire.

— Kotaro, je n'ai pas coupé le micro...

Akaashi se retint de rire pour ne pas aggraver la situation et s'attirer lui aussi les foudres de leur professeur. Il ne tint cependant pas longtemps et fut rapidement obligé de mettre sa main devant sa bouche pour cacher son hilarité.

— Vous avez de la chance, je vais faire comme si je n'avais rien entendu... Bien, je vais faire l'appel, puis nous attaquerons les exercices que je vous avais donné à faire la semaine dernière.

La mine dépitée, Bokuto rejoignit Akaashi sur le lit. Ils étaient assis contre le mur, face à l'ordinateur. Muni d'une bande dessinée en guise de support, Keiji était déjà en train de prendre des notes dans son cahier. Kotaro terminait quant à lui d'enfiler la chaussette Bob l'éponge qui lui avait fait rencontrer le sol quelques minutes plus tôt.

Il avait tellement honte de sa gaffe qu'il n'avait même plus la force d'écouter le cours ou de se lever pour prendre une feuille et un stylo. Akaashi lui jeta un coup d'oeil, et plissa les yeux en découvrant l'expression de son visage. Le regard vide, la bouche légèrement entrouverte. Pas de doute, Bokuto était dans sa phase de déprime.

Keiji soupira. Kotaro était bien parti pour glander tout le reste de l'heure. Sa concentration équivalait désormais celle d'une savonnette, son attention venait de se détourner vers un point invisible sur le mur en face de lui. Et il ne décrocherait pas de ce point tant qu'il n'aurait pas une bonne raison de le faire.

— Kotaro, si tu ne prends pas de note, c'est tant pis pour toi. Ne compte pas sur moi pour te passer les miennes.

Il n'avait pas bougé d'un pouce. Savoir qu'il aurait un trou dans sa leçon lui avait fait autant d'effet que si une coccinelle s'était posée dans ses cheveux.

— Je te rappelle que si tu n'as pas la moyenne tu devras faire des séances de rattrapage qui pourraient potentiellement te faire rater des entraînements de volley.

Akaashi continuait innocemment de prendre des notes, alors qu'il savait pertinemment que ses paroles avait touché Bokuto en plein cœur. Le volley était son point faible, et il savait parfaitement l'exploiter pour arriver à ses fins. Kotaro tourna lentement la tête vers son ami. Ah, enfin, il réagissait.

— Et si tu loupes des entraînements, ça pourrait avoir des impacts sur ton jeu. Tu ne serais peut-être plus... Le meilleur.

C'était dit. Mais Akaashi regretta tout de suite ses mots. Il y avait sans doute été un peu trop fort, ce coup-ci. Mais c'était nécessaire pour le faire revenir à lui. Une étincelle venait de se rallumer dans son regard, et Keiji n'allait pas se priver d'y mettre le feu.

— Tu crois ?!

— C'est à toi de voir. Si tu es vraiment le meilleur, alors tu devrais au moins avoir la force de rattraper le cours et de noter la suite de la correction des exercices...

— Bien sûr que je suis le meilleur ! Tu vas voir ! s'exclama-t-il en bondissant du lit, renversant au passage la peluche hibou qu'ils avaient achetés en course deux semaines auparavant.

Akaashi le ramassa et l'épousseta un peu. C'était la première fois qu'il prenait la peine de le détailler. C'est vrai qu'il lui ressemblait beaucoup. Il avait exactement la même expression que Bokuto lorsqu'il l'appelait pour lui montrer quelque chose qu'il trouvait incroyable. «Keiiiji, viens voir, y a un écureuil qui vient de grimper dans l'arbre !» ou encore «Keiiiji ! Y a un arc en ciel dehors, on essaye de trouver son pied pour piquer le trésor du lutin ?!». Il n'y avait que lui pour être encore assez naïf à son âge et croire qu'il y avait réellement un tas d'or appartenant à un farfadet au pied d'un arc en ciel. Surtout que les arc en ciel n'ont ni de commencement ni de fin.

Cependant, Akaashi avait beau se moquer gentiment de lui, il devait avouer que ça faisait également parti de son charme. C'était craquant, en un sens. Lui qui était pragmatique et terre à terre, ça faisait du bien d'avoir quelqu'un d'aussi solaire que Bokuto dans sa vie. Sa vision enfantine du monde lui faisait du bien, parfois. C'était même revigorant d'avoir quelqu'un comme ça à ses côtés. Il rendait la vie moins ordinaire, plus féerique.

— J'ai réussi à trouver une feuille ! Bon, j'ai pas trouvé d'autre crayon que ce stylo à paillette, mais ça fera l'affaire. Garde tes remarques sarcastiques Keiji, siffla Bokuto en apercevant le sourire amusé de son ami.

— J'allais simplement dire que tu étais le meilleur, mais si tu ne veux pas l'entendre...

— C'est vrai ?! Je retire ce que j'ai dit, fais moi part de toutes tes remarques !

— Trop tard.

— Quoi ?! Mais t'es méchant Keiiiji ! chouina Bokuto alors que le cours venait de se terminer.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant