4° Volley, passes et duo

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Chapitre 4.

🏐🌸🍙

— C'est cool qu'on ait le droit de sortir faire du volley même en confinement, remarqua Kotaro.

Ils venaient de rejoindre le parc à côté du lycée. Il y avait un terrain réservé au volley, avec un filet et un marquage spécifique. D'habitude, il était toujours occupé, mais Bokuto et Akaashi ne s'étonnèrent pas de le trouver vide en arrivant.

— Oui, mais d'après l'attestation, on est limités à une heure. Et on ne peut jouer qu'avec une personne du même foyer, répliqua Keiji, le ballon blanc, rouge et vert sous le bras.

Kotaro ne releva pas, trop heureux de pouvoir rejouer à nouveau pour laisser quoique ce soit entacher sa bonne humeur. Tous deux vêtus d'un survêtement et d'un tee-shirt pour faire du sport, ils commencèrent par s'échauffer avant de débuter les passes.

— Ah ! Ça m'avait manqué ! s'exclama Bokuto qui venait de smasher la balle à l'autre bout du terrain.

Keiji soupira, fatigué. Ils avaient conclu qu'ils allaient d'abord enchaîner une série de passes avant de passer aux choses sérieuses, mais comme d'habitude, Kotaro était trop impatient pour se contenter de renvoyer le ballon normalement. Le passeur abandonna vite l'idée de faire de simples passes. Il venait encore une fois de céder au caprice de Bokuto en acceptant de le laisser smasher.

Il avait beau jouer avec lui au volleyball depuis des années, il ne se lassait jamais de le voir marquer des points. Le voir s'élever en l'air, armer son bras en arrière et frapper le ballon de toutes ses forces était une vision qui avait tout de suite plue à Akaashi. Il ne pouvait s'empêcher d'être fier lorsque Kotaro parvenait à marquer grâce à ses passes. Ils formaient un excellent duo, leurs camarades leur faisait souvent la remarque.

Ce genre de réflexion aurait dû faire plaisir à Keiji. Mais il ressentait toujours un sentiment désagréable en entendant ces paroles. Une sorte de pincement au cœur. Parce qu'il ne désirait pas être uniquement son partenaire de jeu. Être son ami ne lui convenait pas non plus. Il ne savait plus quoi faire.

Il voulait se débarrasser de ses sentiments à l'égard de Bokuto. Il aurait aimé se contenter d'être son passeur et son ami. Malheureusement pour lui, son cœur en avait décidé autrement. À choisir, il aurait préféré tomber amoureux d'une jolie fille de sa classe, ça aurait été plus facile. Mais non, il avait fallu qu'il jette son dévolu sur son capitaine. Quel idiot.

Ce béguin était ridicule. Il savait que ce n'était pas réciproque, et que Bokuto ne voyait en lui rien de plus qu'un simple ami. Il ne voulait pas souffrir inutilement en espérant une déclaration qui ne viendrait jamais. Mais ça faisait des mois qu'il essayait de réprimer ses sentiments, en vain. Il avait beau tenter de se convaincre que le mieux pour lui était de détomber amoureux, qu'arrêter de fantasmer sur lui ne pouvait que lui être bénéfique, rien n'y faisait.

Être confiné avec lui était un véritable challenge. D'un côté, il était heureux de pouvoir le côtoyer tout le temps, et de l'autre, il devait lutter en permanence pour réprimer ses pulsions. Il voulait le serrer dans ses bras, lui tenir la main, l'embrasser, le toucher, le caresser. Mais il ne devait surtout pas céder. Il devait se contenir. Il ne voulait pas perdre sa relation avec Bokuto, il ne voulait pas la gâcher à cause de ses sentiments aussi futiles que douloureux.

— Keiiiji ! Arrête d'être dans tes pensées et renvoie moi la balle ! s'exclama Kotaro en agitant sa main devant ses yeux.

— Ah, oui, pardon, s'excusa-t-il en revenant à lui.

Il secoua la tête pour se reprendre et envoya la passe en hauteur. La passe était parfaite. Juste en face de son attaquant, juste à l'apogée de son saut. Bokuto frappa dans le ballon avec la même puissance qu'en match, celle qui faisait frémir même les bloqueurs les plus costauds. Il marqua une très belle diagonale. Il jubila en atterrissant au sol, ne manquant pas de se faire des éloges en proclamant qu'il était le meilleur, entre autre «hey hey hey».

— T'as vu ça Keiiiji ? C'était incroyable hein ?!

— Oui.

Bokuto lui offrit un grand sourire avant de lui redemander de lui faire une passe. Akaashi s'exécuta alors, comme toujours.

Il allait bientôt être temps de rentrer. Leur heure quotidienne pour faire de l'exercice en plein air allait bientôt être écoulée, et de toute façon, Keiji était au bout de ses forces, il avait atteint sa limite. Par contre, son capitaine était toujours en pleine forme. Keiji se demandait parfois s'il était réellement humain.

— Il va falloir y aller Kotaro.

— Une dernière ! Promis, après j'arrête !

Décidément, Bokuto était increvable. Mais il avait l'air tellement épanoui quand il jouait que Keiji ne songea même pas à refuser sa demande. Il avait bien encore assez de volonté pour lui envoyer une petite passe. Et puis, le sourire de Bokuto n'avait pas de prix.

L'attaquant s'élança un énième fois dans les airs pour frapper le ballon qui partait un peu trop vers la gauche. Mais Kotaro avait pour principe de frapper toutes les passes, même les plus difficiles. Et celles d'Akaashi étaient ses préférées, même si certaines étaient parfois ratées. Il ne l'aurait loupé pour rien au monde.

— Et tu l'as vu celle-là Keiiiji ?! s'exclama Bokuto qui venait de marquer en ligne droite.

— Oui. Ce point était magnifique.

— Je sais hey hey hey ! Je suis le meilleur après tout !

Akaashi ne put empêcher un petit sourire de venir décorer son visage. Rendre Bokuto heureux était pour lui le plus beau des cadeaux. Il avait du mal à se contenter de n'être qu'un ami pour lui, mais tant qu'il pouvait contribuer à son bonheur, ne serait-ce qu'un peu, alors il pourrait se satisfaire de cette place. Il pourrait supporter de devoir cacher ses sentiments, tant qu'il pouvait être à ses côtés et lui redonner le sourire.

Pour Bokuto, il était prêt à tout supporter. Il n'y avait que son rejet qui lui était inenvisageable.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant