2° Mad Max, spaghettis et jogging

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Chapitre 2.

🏐🌸🍙

— J'ai un lit deux places et un matelas gonflable. Mais j'ai la flemme de l'installer. Tu veux pas dormir avec moi ?

Keiji se demanda si Kotaro était conscient du risque qu'il encourait s'ils en venaient à se coucher ensemble. Encore une fois, il fit de son mieux pour contrôler ses rougeurs et son cœur qui s'affolait dans sa poitrine. Tout son corps lui criait d'accepter la proposition de son hôte, mais Akaashi savait être raisonnable. Dire oui, c'était signer son arrêt de mort; il savait qu'il ne parviendrait pas à contrôler le bas de son anatomie.

— Je préfère dormir seul.

— Comme tu voudras, répondit Bokuto qui haussa les épaules.

Il était dans les alentours de dix-neuf heures, Keiji n'allait pas tarder à entamer la cuisine. Le plus gros du ménage avait été fait: le sol était propre, les meubles dépoussiérés, les pièces aérées et les sacs poubelles jetés. Tandis que Kotaro, désormais vêtu d'un vieux tee-shirt et d'un jogging s'affairait à préparer le futur lit de son nouveau colocataire, Akaashi jetait un coup d'oeil dans les provisions. Pas grand chose dans les placards, si ce n'est quelques paquets de biscuits entamés. Le réfrigérateur n'était pas mieux: un reste de lait, du beurre, un fond de crème fraîche et des carottes qui commençaient à noircir.

Il réussit néanmoins à dénicher un paquet de spaghetti derrière une boîte de céréales Chocapic. Il n'allait pas faire un festin, mais il pourrait se débrouiller pour cuisiner quelque chose de mangeable.

— On commande un uber eats ? demanda Bokuto qui venait de saisir son portable.

— Sûrement pas, protesta Keiji. T'as déjà assez mal bouffé comme ça. Je vais faire à manger et tu vas m'aider. Tu peux faire cuire les pâtes pendant que je m'occupe des carottes ?

— Oui maman.

Le regard noir d'Akaashi suffit à lui faire abandonner l'idée de continuer à le taquiner. Fermant sa grande bouche, il rejoignit le passeur dans la cuisine et sortit une casserole du placard.

Une demi-heure plus tard, le repas était prêt, et Keiji était plutôt satisfait du résultat. Il avait râpé les carottes et les avait mélangé aux spaghettis avec le reste de crème fraîche, un peu de sel et de poivre. Tandis que Bokuto terminait de mettre les assiettes sur la petite table en bois ronde qui occupait une bonne partie de la pièce, Akaashi amenait le plat qui allait bientôt finir dans leurs estomacs.

— Mais c'est super bon ! s'exclama Bokuto qui semblait ne pas en revenir.

Le passeur le gratifia d'un sourire, pas peu fier de lui, et commença à manger. Il s'en voulait un peu de se sentir ainsi gonfler de fierté au moindre compliment de son capitaine.

— Ah, je viens de me rappeler pourquoi je ne cuisine pas beaucoup... souffla Kotaro une fois le ventre plein.

Akaashi l'interrogea du regard.

— La vaisselle...

Il eut envie de lui mettre des baffes pour le secouer un peu. Où était donc passé l'ace de l'équipe, le fier capitaine confiant et plein d'énergie qui encourageait les autres en clamant des «hey hey hey» ? Où était donc passé le joueur de volley qu'il admirait tant ? Keiji se le demandait, mais il était déterminé à le retrouver. Il était là pour ça, après tout. Il ferait tout son possible pour redonner le moral à Bokuto.

— Je lave et tu essuies, dit Akaashi en débarrassant son assiette.

Kotaro avait beau être déprimé, ce n'est pas pour autant qu'il fallait le ménager. Au contraire même, son passeur était bien décidé à le remuer un peu. Hors de question de tout faire à sa place.

Ça semblait si simple et si facile dans la bouche de Keiji que Bokuto ne songea même pas à protester. Il se saisit docilement d'un torchon, comme un enfant à qui on aurait donné un ordre et qui n'oserait pas dire non de peur de subir la colère de son père.

— On regarde un film ce soir ? demanda Kotarou, à peine eurent-ils fini de faire la vaisselle.

Akaashi n'avait rien contre l'idée. L'appartement de son hôte était composé de trois pièces: une salle de bain, une cuisine et une chambre qui faisait office de salon et de pièce à vivre. Le lit de Bokuto était donc installé en face de la télé, le matelas de Keiji à ses pieds. Pour être à l'aise, il n'aurait d'autre choix que de rejoindre son capitaine dans le lit pour s'asseoir à ses côtés. Cette pensée le fit frémir.

— Bonne idée. Je vais me changer et j'arrive, répondit-il en partant vers la salle de bain.

Kotaro se demanda un instant pourquoi il tenait tant à s'isoler alors qu'ils avaient l'habitude de se côtoyer dans les vestiaires. Il haussa les épaules, songeant qu'Akaashi devait être plus pudique qu'il n'en avait l'air.

— Tu préfères un film d'action ou un film d'horreur ? questionna Bokuto en entendant son passeur revenir.

— Action.

Il n'avait rien contre l'horreur, mais il connaissait assez son capitaine pour savoir que même un film interdit au moins de dix ans pouvait lui ficher la frousse. Et même si le fameux cliché de la fille effrayée par le film qui se blottit contre le fort et courageux garçon à ses côtés ne lui était pas désagréable, il préférait ne pas tenter le diable. Kotaro était déjà bien assez mal, il n'allait pas en rajouter une couche en le forçant à regarder un clown décapiter des enfants.

— Ouais, c'est ce que je préfère aussi. Mad Max ?

— Va pour Mad Max.

Bokuto rentra le DVD en question dans le lecteur et choppa la télécommande avant de rejoindre Keiji dans son lit. Il était tout raide, assis à l'extrémité du matelas. Son hôte n'y fit pas attention et lança le film avant de se déplacer inconsciemment vers son colocataire et de se mettre en tailleur, son genou frôlant par la même occasion la jambe d'Akaashi qui luttait pour en faire abstraction et se concentrer sur les cascades des voitures dans le désert.

C'est à partir de ce moment-là qu'il se rendit compte que ce confinement avec Bokuto allait être compliqué. Il allait devoir maîtriser ses sentiments s'il ne voulait pas tout envoyer en l'air. Mais vu comment il réagissait au moindre contact, c'était mal parti.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant